Eglises d'Asie – Inde
Orissa : protestations contre une campagne de “reconversion” à l’hindouisme entreprise par des militants hindouistes auprès de chrétiens des minorités ethniques
Publié le 18/03/2010
Voici deux ans que le VHP a lancé une grande entreprise destinée à “faire revenir à la source hindoue” des chrétiens des minorités ethniques du district de Sundargarh. Cette campagne est étroitement associée à la mise en ouvre d’un vaste programme d’assistance médicale et sociale aux populations de la région. Selon Achyutanand Kar, le travail social des militants de l’organisation hindouiste dans les villages les plus reculés du district, travail qui autrefois était la spécialité exclusive des Eglises chrétiennes, aurait débouché sur des résultats très positifs. Toujours selon lui, les bureaux du groupe hindouiste auraient reçu de nombreuses demandes écrites de familles, autrefois forcées par les missionnaires chrétiens de se tourner vers le christianisme et de se convertir, aujourd’hui désireuses de revenir aux sources hindoues. Depuis le début de l’année, 2 000 anciens convertis au christianisme auraient participé à des cérémonies collectives marquant leur nouvelle adhésion à l’hindouisme. Le nombre total de “retours à l’hindouisme” au cours des deux années précédentes, dans ce district de Sundargarh, serait de 5 000 personnes, appartenant, dans leur majorité aux minorités ethniques.
L’annonce dans la presse (1) de ce mouvement de reconversions en masse a suscité les soupçons de diverses instances chrétiennes. Le Conseil général des chrétiens de l’Inde (GCIC) a, en particulier, vivement protesté et a souligné le caractère particulièrement impropre du terme “reconversion” utilisé par les initiateurs hindouistes de ce mouvement : en premier lieu parce que le christianisme est une façon de vivre selon la foi au Christ et surtout parce que, en fait, avant leur conversion au christianisme, les membres des ethnies locales n’adhéraient en rien à l’hindouisme mais aux religions traditionnelles de la région. Il a aussi demandé qu’il soit procédé à une enquête concernant les fonds utilisés pour le financement d’un tel mouvement. Sajan George, responsable national du GCIC, a fait remarquer dans un communiqué que ces conversions étaient en contravention avec les dispositions de la loi régissant la liberté religieuse dans l’Orissa. En effet, lors de la récente cérémonie, pas plus que les autres fois, le prêtre présidant la cérémonie n’a notifié ces conversions au préfet du district si bien que l’administration n’a pu, comme le prescrit la loi, vérifier qu’aucune contrainte n’avait été exercée contre les participants des cérémonies de conversion. Par ailleurs, le mouvement destiné à détourner du christianisme les populations minoritaires a bénéficié de l’appui financier de l’administration de l’Etat et de la connivence de certains membres du parlement local.
Le communiqué du GCIC révèle également l’existence de “camps de conversion” dont les ressources proviennent de fonds publics détournés grâce à la complaisance de diverses personnalités politiques de la majorité fédérale. Ces camps permettraient de créer un climat de terreur propice au retournement des chrétiens de la région.
En conclusion, le GCIC se déclare choqué de voir le VHP et des organisation similaires essayer de détruire la communauté chrétienne en paralysant leur marche vers le progrès et la prospérité et en les soumettant à une campagne d’intoxication pour les maintenir dans la pauvreté et l’ignorance (2).