Eglises d'Asie

A Célèbes, les Eglises chrétiennes ont pris le relais des pouvoirs publics pour venir en aide aux réfugiés qui ont fui les violences intercommunautaires de Poso et des Moluques

Publié le 18/03/2010




A la fin de l’an dernier, les autorités de la province de Célèbes-Nord ont cessé, faute de moyens, de venir en aide aux réfugiés, nombreux dans la province, qui ont fui les violences intercommunautaires de ces dernières années aux Moluques ou à Poso, dans la province de Célèbes-Centre. Depuis cette date, ce sont les Eglises chrétiennes qui ont pris le relais. « Aussi longtemps qu’il y aura des réfugiés dans la province, l’Eglise continuera de leur accorder le maximum d’attention », a déclaré le 15 juillet dernier à l’agence Ucanews (1) le révérend Vecky Kansil, de l’Eglise évangélique du Messie de Minahasa, précisant que son Eglise avait distribué le mois précédent du riz, don de la Corée du Sud, à raison de 20 kg par famille. Pour sa part, le P. Joannes van Paasen, de l’église catholique Saint Laurentius à Lotta, localité proche de Pineleng, précise que sa paroisse vient en aide aux réfugiés, « quelle que soit leur appartenance religieuse depuis deux ans.

Johnny Runtu, responsable du Bureau d’aide sociale de la province de Célèbes-Nord, et catholique lui-même, les autorités locales sont « extrêmement reconnaissantes envers les Eglises catholique et protestante pour l’aide apportées aux réfugiés ». En dépit de l’ordre donné au début du mois de juin dernier par le ministre des Affaires sociales, Jusuf Kalla, à toutes les personnes déplacées à travers le pays de regagner leurs lieux d’origine, il reste environ 35 000 réfugiés dans la province, répartis dans des camps à Manado, Bitung, Minahasa, Bolaang, Mongondow et Sangir Talaud. Seulement 5 000 personnes ont choisi de retourner dans la région de Poso ou aux Moluques, précise Johnny Runtu.

Les réfugiés qui ne veulent pas repartir chez eux prennent cette décision car ils ne savent pas où aller, leurs biens et leurs logements ayant été le plus souvent confisqués ou détruits. Nelly Petongan, originaire de Ternate, aux Moluques septentrionales, déclare qu’elle retournera chez elle si les autorités lui donnent un pécule pour recommencer sa vie. « Il est impensable de revenir les mains vides », témoigne cette femme, mère de deux enfants. Pour Denny Tuuk, un autre réfugié, lui et sa femme, bien qu’ils parviennent à peine à joindre les deux bouts, ont choisi de ne pas rentrer chez eux car ils estiment que les conditions de sécurité ne sont pas réunies chez eux, aux Moluques.

Pour tenter de répondre à ce besoin de sécurité, les autorités provinciales de Célèbes-Nord ont envoyé une équipe d’évaluation au début du mois de juin aux Moluques septentrionales. « Depuis la signature des accords de Malino (2les conditions de vie sont satisfaisantes ont conclu les envoyés. Depuis, deux bombes ont explosé dans le district de Tobelo, aux Moluques septentrionales, et, le 7 août, des heurts entre villageois ont fait un mort et provoqué la destruction de plusieurs habitations. Les habitants du village musulman de Gorua s’en sont pris aux chrétiens du village de Wari, en dépit des tentatives des troupes de marine de séparer les deux parties. Deux jours auparavant, dans la région de Poso, de violents heurts ont fait plusieurs morts et disparus, deux lieux de culte chrétiens ont été incendiés ainsi qu’une trentaine de maisons (3).