Eglises d'Asie

A la suite de l’intervention de l’Eglise catholique, la présidente refuse d’avaliser l’installation de 2 000 machines à sous à travers le pays

Publié le 18/03/2010




La présidente a mis fin à un plan du gouvernement qui prévoyait l’installation de plus de 2 000 machines à sous à travers le pays. “Ce n’est pas une question de légalité mais de rectitude morale a déclaré la présidente Gloria Macapagal-Arroyo le 14 août, au cours d’une cérémonie publique à Manille où elle a “ordonné” à la Société philippine des jeux d’abandonner son projet d’installation de machines à sous dans onze galeries marchandes. Cette annonce est tombée le lendemain d’une intervention de Mgr Oscar Cruz, archevêque de Lingayen-Dagupan, et de la Commission anti-jeux de son diocèse. Le communiqué publié par l’archevêque et le directeur de la commission, Edmund Mendoza, soulignait en effet que les jeux de hasard dévaluaient le prix du travail aux yeux des citoyens et les poussaient à une recherche de l’argent facile et du plaisir. “Ce n’est pas sur de telles valeurs que peut se bâtir une République solide”, pouvait-on lire dans ce communiqué.

La Société philippine des jeux affirme, quant à elle, dans son propre communiqué, que son projet était destiné à améliorer les ressources du gouvernement et à “aider la majorité des Philippins démunis qui dépendent de nous à vivre mieux”. Le quotidien Philippine Daily Inquirer a rapporté, le 12 août dernier, qu’un maire, dont le nom n’était pas mentionné, a affirmé que les jeux de hasard finançaient l’aide sociale. Pourtant, le communiqué de la Société des jeux disait avoir conscience du “coût social” que représentaient les jeux de hasard et soulignait que les galeries marchandes étaient situées loin des écoles, que les entrées seraient contrôlées et que seuls les adultes seraient admis.

Mgr Cruz n’en a pas moins déclaré que, dans son diocèse, la lutte contre les jeux d’argent continuait. “Les grands barrons” qui dominent cette industrie disposent de suffisamment de fonds, a affirmé l’archevêque, pour acheter le gouvernement, la police, l’armée, les médias et les employés des ONG. “Ils espèrent même acheter la collaboration ou le silence des prêtres et des religieuses avec des dons aux églises et aux écoles a-t-il ajouté. Dans une lettre circulaire lue à toutes les messes, les 10 et 11 août, l’archevêque a attiré l’attention des prêtres, des religieuses et de toutes les organisations religieuses quant à sa propre conviction morale et son attitude pastorale sur la question des jeux de hasard. “Le jeu est un vol. Le ‘jueteng’ est un vol”, a-t-il écrit, évoquant ce jeu de hasard très populaire aux Philippines. “Des gens de caractère douteux” sont également payés pour propager sur son compte des propos diffamatoires, a-t-il encore prévenu.

Enfin, dans une mise en garde voilée à l’adresse de l’administration Arroyo, l’archevêque de Lingayen-Dagupan a rappelé que le précédent gouvernement s’était compromis dans des affaires de jeu et que le président Estrada avait été déposé par un soulèvement populaire. Ce dernier a en effet été démissionné par le Congrès après qu’un opérateur de jueteng ait affirmé lui avoir remis la part des bénéfices qui lui revenait dans une affaire de paris clandestins.