Eglises d'Asie

Après huit mois passés dans les prisons chinoises, un missionnaire protestant sud-coréen ouvrant en faveur des réfugiés nord-coréens est expulsé de Chine populaire

Publié le 18/03/2010




Le 22 août dernier, à Changchun (province de Jilin), Chun Ki-won, missionnaire protestant sud-coréen, âgé de 46 ans et bien connu en Corée du Sud pour l’aide que lui et Doorihana, le réseau auquel il appartient, apportent aux Nord-Coréens désireux de gagner la Corée du Sud via la Chine populaire, a été placé par les autorités chinoises dans un avion à destination de Séoul. Son expulsion met un terme à une odyssée commencée en décembre dernier lorsque le missionnaire sud-coréen avait été arrêté par la police chinoise dans la région autonome de la Mongolie intérieure, à proximité de la frontière entre la Chine et la Mongolie.

Au moment de son arrestation, Chun Ki-won tentait de faire passer en Mongolie un groupe de douze Nord-Coréens rencontrés à proximité du versant chinois de la frontière entre la Chine populaire et la Corée du Nord. Du côté mongol, des membres affiliés à l’organisation sud-coréenne de Chun Ki-won attendaient le groupe afin de les mener à Oulan-Bator et de faciliter leur passage en Corée du Sud. Le groupe de réfugiés nord-coréens était censé effectuer les trois derniers kilomètres les séparant de la frontière par eux-mêmes, à l’aide d’une carte, mais, au cour de l’hiver, le blizzard leur a fait perdre leur chemin. Tombant sur la hutte d’un berger mongol, ils y ont trouvé refuge mais leur hôte, pour toucher la prime offerte par la police à tous ceux qui dénoncent d’éventuels fuyards, les a livrés aux autorités chinoises. Peu après, un chauffeur de taxi a fait de même avec Chun, le remettant à la Sécurité publique. Selon différentes dénominations chrétiennes et ONG sud-coréennes, l’arrestation par la police chinoise de Sud-Coréens actifs en Chine pour faciliter la fuite des réfugiés nord-coréens n’est pas rare. Depuis quelques mois, les prisons chinoises compteraient ainsi une centaine de ces militants sud-coréens (1).

Dans le cas de Chun, sa détention a duré huit mois. Le 5 août dernier, un tribunal de la région autonome de Mongolie intérieure a ordonné sa remise en liberté tout en le condamnant à verser une amende de 50 000 yuans (6 040 euros) et en décrétant son expulsion de Chine. Avant son envol pour la Corée du Sud, Chun a déclaré qu’il continuerait “à aider ces gens (les réfugiés nord-coréens) partout où [il serait] ajoutant qu’il avait trouvé sa mission le jour où il a vu des femmes nord-coréennes réfugiées en Chine séparées de force de leur maris et de leurs enfants et vendues pour de l’argent à des trafiquants d’êtres humains. Dans l’immédiat, a encore déclaré Chun à l’issue de sa libération, “mon objectif est d’obtenir des nouvelles sur le sort des douze Nord-Coréens que j’ai tenté d’aider et d’empêcher leur rapatriement vers la Corée du Nord où ils risquent la prison, voire même la mort.”

Selon la presse sud-coréenne, le nombre des réfugiés nord-coréens en Chine qui fuient la famine et le régime sévissant dans leur pays va croissant. Après que plusieurs dizaines de ces réfugiés aient trouvé asile dans les enceintes diplomatiques de différents pays représentés en Chine, les autorités chinoises ont accentué la campagne qu’elles mènent à la frontière à la Corée du Nord et qui visent à capturer les Nord-Coréens qui se trouvent en Chine pour les expulser vers leur pays. Aucune estimation fiable n’est disponible quant au nombre de ces réfugiés. Les seuls chiffres sûrs sont ceux qui indiquent combien parviennent jusqu’en Corée du Sud. Avant 1994, ils étaient moins d’une dizaine par an. En 1999, ce chiffre est passé à 148, puis à 312 en 2000 et à 583 l’an dernier. Cette année, entre janvier et août, leur nombre s’élevait à plus de 480.