Eglises d'Asie – Inde
Chhattisgarh : une religieuse catholique condamnée à six mois de prison au nom de la loi sur les conversions
Publié le 18/03/2010
La sour ursuline Bridhi Ekka, première personne condamnée pour infraction à cette loi, avait omis, selon le tribunal, de signaler aux autorités du district, comme le stipule une disposition de la loi, les conversions effectuées par elle. Elle a été condamnée à une peine d’emprisonnement de six mois qu’elle a commencé à purger immédiatement après le procès. Cependant, après une semaine derrière les barreaux, elle a pu être libérée sous caution.
Le tribunal avait précisé que la religieuse ne pouvait échapper à cette condamnation dès lors qu’elle était en infraction avec l’article de la loi imposant aux missionnaires de rendre compte aux autorités civiles des conversions survenues sous leur influence. L’Etat de Chhattisgarh, détaché du Madhya Pradesh en 2000, a continué d’appliquer la loi sur les conversions en vigueur dans l’Etat dont il est issu. Cette loi, adoptée en 1988 et intitulée “Loi sur la liberté religieuse interdit les conversions obtenues de force ou par promesse de subsides financiers et exige que chaque conversion volontaire soit enregistrée auprès du magistrat du district dans les sept jours qui suivent.
C’est en 1988 qu’en compagnie du prêtre belge, le P. Louis Bergé, la sour Bridhi Ekka avait été accusée d’être à l’origine de la conversion illégale de 94 personnes, membres d’une ethnie minoritaire d’un village voisin d’Ambikapur. A l’issue du premier procès en 1996, les deux missionnaires furent condamnés à six mois de prison et à une amende de 500 roupies. Les deux accusés firent alors appel auprès de la Haute Cour. Celle-ci vient de prononcer le verdict qui ne concerne que la religieuse, le prêtre belge étant entre temps décédé, en l’an 2000, à l’âge de 83 ans.
Les plus hauts responsables du diocèse ont fait remarquer que les conversions incriminées n’avaient pas été obtenues en usant de contrainte. Quelques chrétiens de l’ethnie Oraon, convertis en 1988 par la religieuse, sont venus témoigner au tribunal et ont affirmé que, lors de leur conversion, ils n’avaient subi aucune pression. L’arrestation de la religieuse a beaucoup chagriné les membres de la congréga-tion des ursulines. Cependant, leur supérieure a déclaré espérer qu’un plus grand bien adviendrait des difficultés présentes. De même, l’évêque du diocèse, Mgr Minj, lors d’une visite à la religieuse emprisonnée, lui a assuré que toute l’Eglise était avec elle, car ses souffrances actuelles s’inscrivaient à l’intérieur du dessein de Dieu. Le P. Henry D’Souza, secrétaire de la Commission sociale de la Conférence épiscopale, s’est déclaré choqué de constater que la première victime de cette loi controversée est une religieuse : “C’est un dangereux précédent s’est-il exclamé.
Dès le lendemain du procès, treize directeurs d’écoles catholiques du district ont fermé leur établissement et sont venus exprimer leurs protestations devant la porte de la prison de la religieuse. Ils ont également critiqué la sentence du tribunal dans les médias locaux. Le 3 août, ils ont été appelés à comparaître devant le même tribunal qui a condamné la religieuse, accusés de s’être publiquement opposés à une décision de justice.
Dans le nouvel Etat de Chhattisgarh, environ 30 % des 20 millions d’habitants appartiennent à diverses ethnies minoritaires. Les catholiques, dans leur majorité des migrants venus des Etats du sud et de l’ouest, sont au nombre d’environ 320 000. Près de 440 prêtres et religieuses travaillent au sein des ethnies minoritaires, dans des ouvres éducatives ou des établissements de santé.