Eglises d'Asie

Citant en exemple la querelle relative au port du “foulard islamique” dans les écoles, le Premier ministre déplore l'”inflexibilité” grandissante d’une partie de la communauté musulmane

Publié le 18/03/2010




Le 18 août dernier, prenant la parole lors d’une manifestation organisée à l’occasion de la fête nationale de Singapour, le Premier ministre Goh Chok Tong s’est déclaré soucieux de l’évolution de nombreux musulmans à travers le monde, tentés par l’extrémisme, et a ajouté que, selon lui, “des musulmans singapouriens également se montrent plus inflexibles dans la pratique de leur religion”. Pour appuyer son propos, le responsable de l’exécutif singapourien a cité comme exemple l’épisode du port du tudung (“le foulard islamique”) réclamé par plusieurs parents de jeunes filles scolarisées dans les établissements d’enseignement public de la cité-Etat (1). Justifiant une nouvelle fois la position de son administration en déclarant que l’interdiction du foulard dans les écoles, vieille de plusieurs décennies, était faite pour encourager les élèves à se mélanger en dépit de leurs appartenances religieuses et pour promouvoir l’harmonie entre les communautés, le Premier ministre a appelé les musulmans de Singapour à prendre position publiquement contre des évolutions qui menacent “l’harmonie de notre société multiraciale et plurireligieuse” et à “s’élever contre ceux qui prônent l’intolérance et l’extrémisme”.

Réagissant aux propos du Premier ministre, Mohhamad Latiff, un militant musulman local, a déclaré que, pour la plupart des musulmans de Singapour (qui représentent un peu moins de 15 % de la population de la cité-Etat), le tudung était certes un signe d’appartenance communautaire mais représentait avant tout une marque de piété et non d’extrémisme. Quelques semaines avant le discours du Premier ministre, le 12 juillet dernier, un groupe de quinze hommes politiques musulmans malais, membres de l’opposition et réunis dans une “Assemblée des droits des Malais”, ont annoncé qu’ils avaient pour objectif de faire pression sur le gouvernement afin que celui-ci revienne sur l’interdiction du port du foulard à l’école. Le groupe n’a pas précisé quelles actions il prévoyait d’entreprendre mais a déclaré qu’il souhaitait adopter une approche moins frontale que les parents des trois jeunes filles qui ont fait la une de l’actualité singapourienne en février dernier.

Les parents des trois jeunes filles estiment que l’interdiction du tudung est inconstitutionnelle. Tandis que leurs enfants ne vont plus à l’école et suivent un enseignement dispensé à domicile par leurs mères, leurs parents attendent une autorisation des autorités singapouriennes pour leur permettre d’être défendus devant un tribunal de la cité par un avocat venu de la Malaisie voisine.