Eglises d'Asie

Gujarat : les chrétiens sont accusés d’être à l’origine du refus opposé par la Commission électorale à une proposition d’élections anticipées

Publié le 18/03/2010




Le gouvernement du Gujarat entre les mains du parti nationaliste hindou, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) depuis mars 1998 a décrété la dissolution de l’Assemblée législative le 19 juillet dernier neuf mois avant le terme normal de la législature. Il avait en même temps demandé à la Commission électorale fédérale d’organiser de nouvelles élections anticipées avant le mois d’octobre. La proposition de l’Etat du Gujarat était approuvée et soutenue par la coalition menée par le BJP qui détient le pouvoir central à Delhi. Selon les partis d’opposition et divers médias, le BJP, en rapprochant ainsi la date des élections, comptait tirer un avantage électoral du climat passionné et divisé qui règne aujourd’hui encore dans l’Etat après les troubles qui de mars à mai dernier ont ensanglanté la région.

Or, le 16 août dernier, la Commission électorale fédérale, dans un document circonstancié de 40 pages, a fait connaître sa décision sur ce sujet. Elle s’oppose formellement à la tenue d’élections législatives au Gujarat avant le mois d’octobre, comme cela lui avait été demandé et précise que de futures élections ne pourront avoir lieu que lorsque la situation dans l’Etat sera redevenue normale.

L’attitude de la Commission électorale a surpris et choqué le BJP et provoqué la colère des diverses associations hindouistes extrémistes. Le parti au pouvoir a aussitôt qualifié la décision de la Commission électorale d’inconstitutionnelle et confuse. Le gouvernement fédéral a, dès le 18 août, déposé une plainte contre la Commission auprès de la Cour suprême. Pendant ce temps, les groupes hindouistes et leurs publications ont concentré leurs attaques sur le responsable principal de la Commission électorale, James Michael Lyngdoh, un chrétien presbytérien de l’Etat de Meghalaya, dénonçant les sentiments religieux qui ont influencé sa décision. C’est ainsi que Harry Desai, journaliste au Sandesh (‘Message’), un journal de langue gujarati (1), l’a accusé de connivence avec les forces étrangères qui veulent empêcher le peuple gujarati d’exercer ses droits électoraux légitimes. Un dirigeant du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) affirme que Lyngdoh a cherché ainsi à se venger des violences subies par les chrétiens de l’Etat il y quelque trois ans.

Cependant, la grande presse a généralement pris le parti de la Commission électorale. Le Statesman du 18 juin affirme que son président a non seulement contrôlé l’initiative du gouvernement du Gujarat décidé à “se tailler une nouvelle législature à partir du sang versé mais il a aussi créé un précédent d’une très grande signification. Lyngdoh, conclut le journal, s’est acquis le respect de la population en résistant aux pressions politiques.