Eglises d'Asie – Inde
Jharkhand : des responsables chrétiens répliquent vigoureusement aux allégations calomnieuses de l’extrême droite hindoue
Publié le 18/03/2010
Cette critique des activités de l’Eglise a été accompagnée d’une série de suggestions censées mettre un terme à l’influence chrétienne au sein des populations autochtones. Certaines concernent les aides financières dont, selon les orateurs, les institutions chrétiennes bénéficient largement. Il a été demandé aux autorités locales de procéder à un audit portant sur les comptes des très nombreuses ONG opérant dans l’Etat. Par ailleurs, l’Etat devrait mettre un terme au financement des divers établissements éducatifs gérés par les Eglises chrétiennes, en particulier par l’Eglise catholique qui en anime plus de 80 %, et réserver les fonds pour les institutions travaillant au bien-être des populations minoritaires et des basses castes. Les dirigeants de l’association hindoue, réitérant une vieille revendication, ont également demandé que les nouveaux convertis au christianisme soient exclus du bénéfice des emplois prioritaires et avantages spéciaux réservés aux membres des basses castes et des ethnies minoritaires. Enfin, les responsables du VHP ont recommandé aux législateurs de placer “la conversion religieuse” parmi les crimes relevant du Code pénal.
Les diatribes, pourtant habituelles du groupe hindou d’extrême droite, ont provoqué une levée de bouclier et des réactions vigoureuses des dirigeants des Eglises chrétiennes. L’archevêque catholique de Ranchi, Mgr Telesphore P. Toppo, a rejeté sans nuance les griefs exposés pendant la réunion du VHP : “Ces gens n’ont aucun droit de parler de nous, les membres des minorités ethniques, que nous soyons chrétiens ou non-chrétiens a-t-il déclaré. A son avis, les propositions présentées aux autorités par les responsables du VHP sont les éléments d’un projet visant à empêcher la conversion au christianisme des minorités ethniques. Il a souligné le caractère ignoble des accusations portées contre le christianisme en regard des bienfaits apportés à la population locale par les pionniers de l’évangélisation chrétienne : “Les hindous étaient absents, a-t-il fait remarquer, il y a 150 ans, lorsque nos ancêtres souffraient d’une grande détresse et désespéraient de pouvoir survivre.” Ce sont les missionnaires européens qui, à cette époque, leur ont redonné l’espoir avec le message du Christ.
De son côté, Mgr Z.J. Terom, évêque de l’Eglise (protestante) de l’Inde du Nord, a relevé le caractère profondément politique de l’offensive de l’extrême droite hindoue. Celle-ci, en dénonçant les chrétiens comme des agents de l’étranger, vise à diviser les populations ethniques en deux camps, chrétiens et non-chrétiens, une division qui pourrait contribuer à la victoire de ses alliés politiques. L’évêque a constaté que cette division n’existe pas dans la réalité des faits : “Chrétiens ou non-chrétiens, nous vivons ensemble dans l’amour et la coopération. Nous n’avons jamais formé deux partis distincts.” Cette même volonté de division s’exprime dans la tentative d’écarter les chrétiens du bénéfice des avantages réservés aux basses castes et aux ethnies minoritaires. A ce sujet, le pasteur John Toppo, de l’Assemblée de l’Eglise de Dieu, s’est ainsi exprimé : “Si nous perdons notre appartenance à notre ethnie, nous perdons tout. Nous devons marcher ensemble… !” Le P. Augustine Kerketta, enfin, a souligné que les deux seules religions pratiquées au sein des minorités ethniques étaient le christianisme et la religion ancestrale. En fait, l’hindouisme n’a été introduit dans cette région que très récemment, lorsque, a-t-il dit, des éléments fanatiques se sont introduits dans le Jharkhand.