Eglises d'Asie

Les Journées mondiales de la jeunesse ont eu un impact local important malgré le nombre réduit de visas accordés par le Canada

Publié le 18/03/2010




On avait escompté que la représentation vietnamienne aux Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui se sont déroulées à Toronto du 22 au 28 juillet 2002, serait plus importante que les années passées. Une information publiée dans l’organe officiel de l’épiscopat, le bulletin Hiêp Thông (‘Communion’) n° 12 (1) avait annoncé qu’elle serait composée de quatre évêques, quinze prêtres et 40 jeunes. Le Bureau des Affaires religieuses du gouvernement, lors d’une rencontre avec le bureau permanent de la Conférence épiscopale, au mois de juin avait donné son accord pour que l’Eglise vietnamienne participe pleinement à cette manifestation de la jeunesse catholique dans le monde. En fin de compte, c’est une délégation comprenant seize jeunes laïcs seulement qui s’est rendue au Canada. La déception suscitée chez les catholiques par ce nombre réduit a été à peine atténuée par la présence, auprès du petit groupe de jeunes, de huit prêtres et de deux évêques, Mgr Nguyên Van Sang, évêque de Thai Binh et responsable de la Commission des laïcs, et Mgr Bui van Dôc, évêque de My Tho et responsable de la Commission de la doctrine chrétienne. Le nombre de participants était en recul par rapport aux journées de l’an 2000 à Rome où la délégation vietnamienne comprenait 22 jeunes. Pourtant cette année-là, le gouvernement vietnamien avait, au dernier moment, réduit considérablement une première liste qui prévoyait la participation de 26 représentants (2). Cependant les difficultés qui ont provoqué, cette année, la diminution du nombre des membres de la délégation n’étaient pas du même ordre. Elles ne tenaient pas à des tracasseries ayant pour origine l’administration intérieure du pays.

En effet, de très nombreux jeunes qui avaient décidé de se rendre au Canada au prix de nombreux sacrifices se sont vus refuser le visa d’entrée au Canada par les autorités de ce pays. C’était la première fois que l’archidiocèse avait déployé autant d’efforts pour mobiliser la jeunesse de la ville. Pendant de nombreux mois, la commission de la pastorale des jeunes de Hô Chi Minh-Ville avait mené une préparation intense sur l’événement de Toronto. Dans les milieux catholiques, l’insatisfaction a été telle que le P. Nguyên Van Hiên, responsable de la pastorale des jeunes et principal artisan de l’organisation du départ à Toronto, s’est senti obligé d’envoyer au gouvernement canadien une lettre dans laquelle il reproche à ce dernier une politique d’immigration qualifiée de discriminatoire. Une copie de la lettre a été envoyée aux organisateurs canadiens ainsi qu’au responsable de l’ensemble de la participation vietnamienne (du Vietnam et de la diaspora) aux JMJ, le P. Joseph Trân Tâp. Le P. Hiên qui devait participer à la délégation et avait personnellement reçu un visa des autorités canadiennes a décidé de ne pas l’utiliser et de rester au Vietnam pour exprimer son indignation devant le refus injuste opposé à tant de jeunes catholiques vietnamiens.

Huynh Phuong Dung, la responsable laïque du groupe de seize catholiques, a cependant fait preuve de beaucoup d’optimisme. Elle a exprimé sa joie de voir les jeunes Vietnamiens participer pour la deuxième fois à ce grand rassemblement mondial, exprimant ainsi leur communion avec le pape et les jeunes de tous les pays dans une même foi. Elle a même souhaité que, lors du prochain rassemblement, les représentants officiels de l’Eglise, eux-mêmes, négocient avec l’ambassade concernée l’obtention des visas.

De toute façon, sur le plan local, du moins à Hô Chi Minh-Ville, la célébration de ces Journées mondiales de la jeunesse a été une grande réussite. Dans chaque doyenné, les comités de jeunes avaient mis sur place un programme d’activités auxquelles ont été invité les jeunes du quartier. Les paroisses ont organisé pour eux des rencontres de prières, des débats et des séances culturelles sur le thème : “Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde.” Durant les trois mois qui ont précédé les JMJ, la paroisse de Tan Phu Hoa a organisé toutes les semaines des rencontres de jeunes qui ont permis à ceux-ci d’être en communion avec la jeunesse du monde entier. Selon le P. Hiên, cette animation locale est sans doute le plus grand bienfait que l’Eglise du Vietnam ait retiré de ce grand rassemblement où elle n’était que modestement représentée.