Eglises d'Asie – Japon
Organisé par un missionnaire catholique, un programme ‘Voyage-découverte’ aide de jeunes Japonais à élargir leur vision du monde
Publié le 18/03/2010
Pendant les deux semaines que dure chacun de ces voyages, les jeunes privilégient les quartiers populaires et les échanges d’idées avec les gens. “Nous ne faisons pas qu’un aller-retour commente le prêtre français qui a constaté depuis longtemps que beaucoup de jeunes Japonais entretiennent des préjugés sur les autres pays d’Asie : “Mais quand ils peuvent s’y rendre, ils constatent que des affinités existent avec les gens rencontrés et eux. Les étudiants apprennent ainsi à voir, non seulement les autres pays, mais le Japon lui-même avec d’autres yeux”.
Mais, ce qui est encore plus important, assure-t-il, c’est qu’ils en viennent à découvrir comment les autres perçoivent le Japon. Avant le départ, le prêtre invite généralement un spécialiste à venir donner aux étudiants un aperçu culturel, économique, politique et social de la situation du pays qu’ils vont visiter. Pour Masakuni Hoshino, un étudiant en théologie de deuxième année, animateur du dernier voyage, un voyage-découverte est bien plus intéressant qu’un “voyage touristique”. Ce que j’ai vu au Cambodge, a-t-il dit, ce sont “les cicatrices laissées par les massacres” commis par les Khmers rouges : “J’ai vu les victimes de mes propres yeux. J’ai entendu la voix des Cambodgiens eux-mêmes”. Il voudrait devenir enseignant dans l’avenir : “Pour ainsi pouvoir partager mes expériences avec mes étudiants”.
Moyuko Okada, une autre participante, a confirmé que son ‘voyage-découverte’ au Vietnam avait changé, pour elle, beaucoup de choses : “J’ai appris qu’il y avait beaucoup de souffrances dans le monde”. Elle a donc décidé de devenir journaliste “pour que les gens sachent que des gens souffrent tous les jours”. Elle a dit aussi avoir appris à échanger idées et problèmes en discutant avec les autres étudiants. La plupart des participants ne sont pas catholiques. “Je n’ai pas de religion a avoué l’un d’eux : “Au départ, je ne pensais pas que le voyage se passerait comme ça. En cours de route, j’ai compris que les catholiques n’étaient pas si différents de moi. Ils ne sont pas aussi stricts que je me l’imaginais”.
Le P. Chegaray tient à souligner que la plupart des participants privilégiaient par la suite des emplois à connotation sociale. “Les fruits ne seront visibles qu’à long terme, dit-il. Dans les années 1980, la plupart n’avaient pas encore de vraie situation mais ont commencé à travailler pour des ONG et les enfants des pays étrangers en difficulté » (1Il admet que le manque de suivi est une faiblesse des programmes qu’il organise mais précise que, grâce à Internet, le partage des expériences, des plans et des activités des uns et des autres reste un point positif. Un voyage au Tibet se prépare pour l’an prochain. Les étudiants devraient apporter du Japon trois cloches destinées à une église en réfection au nord de l’Himalaya.