Eglises d'Asie – Corée du sud
Après la mort accidentelle de deux jeunes filles sud-coréennes au cours d’un exercice de l’armée américaine, des catholiques demandent justice
Publié le 18/03/2010
L’incident s’est produit le 13 juin dernier lorsqu’un véhicule blindé en manouvre à Yangju, au nord de Séoul, au détour d’un étroit chemin a renversé deux écolières âgées de 14 ans, Shin Hyo-sun et Shim Mi-son, les tuant sur le coup. Le 19 août, la messe des funérailles était présidée par le P. Andrew An Ho-suck, président de la Commission ‘Justice et paix’ de l’archidiocèse de Kwangju et le P. Bartholomew Moon Jung-hyon a évoqué en chaire et dans les termes suivants la présence des troupes américaines : « L’armée américaine en Corée porte atteinte à notre souveraineté nationale et y commet nombre de crimes, mais nous ne pouvons rien faire sinon contempler l’accord injuste qu’est le SOFA. »
L’émotion suscitée par la mort des deux jeunes filles ainsi que par la récente mort par électrocution d’un ouvrier sud-coréen travaillant pour une base américaine ont relancé le débat dans le pays au sujet de la révision du SOFA, un débat auquel les évêques catholiques ont participé l’an dernier déjà (1). Le 10 juillet, et cela pour la première fois, le ministère de la Justice a demandé aux forces armées américaines de Corée (USFK) de renoncer à leur droit de juger les deux soldats impliqués dans l’accident du 13 juin. Mais, le 7 août, l’USFK a rejeté la demande, l’ambassade américaine à Séoul publiant par ailleurs un communiqué critiquant les médias sud-coréens pour avoir déformé la position des Etats-Unis sur cette affaire et rappelant que les Etats-Unis avaient exprimé leur peine et leur regret pour ce « tragique accident ». Le communiqué ajoutait que le statut des forces américaines en Corée n’était pas exorbitant et que l’armée sud-coréenne disposait aussi de l’entière juridiction sur ses soldats lorsque ceux-ci étaient postés à l’étranger.
La présence en Corée du Sud de l’armée américaine, héritage de la guerre de Corée (1950-1953), se monte à 37 000 hommes répartis en 90 bases. Le débat sur l’opportunité de cette présence est récurrent depuis de nombreuses années et risque fort d’être relancé par la publication, le 3 septembre dernier, d’un rapport de l’Organisation internationale des migrations qui indique que, depuis le milieu des années 1990, au moins 5 000 ressortissantes philippines et russes ont été introduites dans le pays comme prostituées dans l’industrie du sexe au service des soldats américains.