Eglises d'Asie

Jharkhand : un archevêque catholique et une religieuse hindoue se reconnaissent mutuellement comme frère et sour

Publié le 18/03/2010




Selon l’archevêque de Ranchi, Mgr Telesphore Toppo, un nouveau chapitre de l’histoire du dialogue interreligieux dans l’Etat du Jharkhand a été entamé, le 22 août dernier, au cours de la “fête des frères et sours” lorsqu’une religieuse hindoue l’a accepté comme son “frère”. Pour cela, la brahmakumari (‘fille du Seigneur Brahmâ’) lui a noué au poignet un ruban coloré. Il est de tradition que, pendant la fête du Rakshabandan (‘Promesse de protection’), les femmes indiennes aient recours à cette coutume à l’égard d’un de leurs frères sollicitant ainsi sa protection et ses bénédictions.

L’archevêque a expliqué que, voilà une quinzaine d’années, la sour Nirmala, supérieure locale de la Congrégation des “filles du Seigneur Brahmâ”, lui avait demandé de devenir le patron de la communauté locale de cette congrégation hindoue. A l’époque, il avait refusé, ne connaissant pas encore assez le mode de vie de la communauté. Cependant, la religieuse ne s’était pas découragée ; elle a renouvelé sa demande et finalement est arrivée à ses fins. Mgr Toppo a présenté la récente célébration comme une journée de “grande joie” car désormais les deux communautés partageraient les mêmes sentiments, marcheraient ensemble et seraient une source d’inspiration pour de nombreux frères et sours. L’archevêque s’est dit très impressionné par la ferveur religieuse de la congrégation lorsqu’il l’a visitée pour la première fois, le 22 août, à l’occasion de la fête. Membre du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Mgr Toppo s’est réjoui à l’annonce de l’intention manifestée par la congrégation hindoue de lier amitié avec les chrétiens et de partager avec eux leurs valeurs spirituelles. La sour Nirmala a confié de son côté que son geste signifiait en dernier ressort que désormais elle considérait les prêtres et les religieuses catholiques comme ses frères et sours. “Nous sommes tous les fils et les filles d’un même Père, que nous appelons Dieu a-t-elle déclaré.

La Congrégation des filles du Seigneur Brahmâ a été fondée en 1937 par Dada Lekha Raj, un marchand de diamants, pour travailler, grâce à la méditation et à l’éducation morale et spirituelle, à la venue de l’âge de la vérité, une époque évoquée par les anciennes traditions hindoues. Bien que d’inspiration hindoue, les membres de cette branche religieuse ne croient pas aux diverses incarnations des divinités hindoues. Pour elles, il n’y a qu’un seul Dieu, le Père Shiva, créateur et protecteur de l’univers. La congrégation comporte des communautés masculines et féminines qui ont été fondées au nombre de 6 000 dans 86 pays. La fondation de la communauté de Ranchi remonte à 35 ans.

Quatre jour après la fête, le 26 août, une rencontre a été organisée au séminaire de Ranchi, entre un responsable de la communauté mère de la congrégation des brahmakumari, située à Mount Abu, dans l’ouest de l’Inde, et un groupe de chrétiens comprenant l’archevêque, des prêtres, des religieuses et des séminaristes du diocèse. Le responsable hindou a remercié l’archevêque d’avoir accepté les sours de sa congrégation comme ses propres sours. Il a déclaré que, désormais, étaient ouvertes les portes du partage mutuel des expériences spirituelles vécues par chacun.