Eglises d'Asie

Petite par le nombre, l’Eglise catholique à Brunei poursuit sa croissance

Publié le 18/03/2010




Dans le petit Etat de Brunei, autrefois rattaché à l’Empire britannique et pleinement indépendant depuis 1984, l’Eglise catholique poursuit lentement mais sûrement sa croissance. En 1991, l’Eglise avait traversé une grave crise lorsque les autorités avaient refusé l’extension des permis de résidence de deux missionnaires et d’une religieuse catholiques (1). Dans les années 1990, les dirigeants de l’Etat, dont la richesse en pétrodollars ne suffisait plus à garantir la stabilité du pays, ont forgé le concept de “Monarchie malaise musulmane”, mettant l’accent sur la race malaise, majoritaire dans le sultanat, la religion musulmane et la monarchie absolue et laissant craindre une évolution du sultanat vers une application plus stricte de la loi islamique (2). Aujourd’hui, selon Mgr Cornelius Sim, qui a longtemps été le seul prêtre catholique du pays et qui dirige l’Eglise locale depuis la création de la préfecture apostolique de Brunei en 1998 (3), la situation s’améliore mais les progrès sont lents.

Dans un entretien accordé à l’agence Ucanews le 28 août dernier, Mgr Sim a déclaré que la création de la préfecture apostolique avait été vécue, ces quatre dernières années, avec “toute l’excitation et les douleurs qui sont celles de la vie d’une nouvelle circonscription ecclésiale”. Avant sa création en 1998, la préfecture apostolique de Brunei était rattachée au diocèse de Miri, situé dans l’Etat malaisien voisin de Sarawak. Désormais, a expliqué Mgr Sim, chacune des trois paroisses de la préfecture dispose d’un curé à demeure, que ce soit à Bandar Seri Begawan, capitale du sultanat, à Seria ou à Kuala Belait. Aux côtés de Mgr Sim, citoyen de Brunei et ancien vicaire général de Miri, ouvrent les PP. Ivan Fang et Paul Shie. Tous trois sont originaires de Brunei. Ordonné en 1985, le P. Fang appartient à la société missionnaire de Mill Hill ; ses supérieurs l’ont envoyé dans son pays d’origine en 1992 mais pourraient éventuellement le nommer ailleurs. Le P. Paul Shie a quant à lui été ordonné en 1999.

Selon Mgr Sim, deux séminaristes originaires de Brunei poursuivent actuellement leurs études. L’un, Robert Leong, étudie aux Etats-Unis où, en janvier prochain, il sera ordonné diacre. “Nous espérons qu’il sera ordonné prêtre en août 2003 a précisé Mgr Sim. L’autre, Arin Sugit, est en deuxième année de philosophie au grand séminaire de Singapour et, après quatre années de théologie, devrait être ordonné en 2007. En l’absence de religieux non prêtres ou de religieuses (la dernière est décédée en 1997), Mgr Sim a exprimé sa difficulté à faire la promotion des vocations religieuses. Le 10 août dernier, Sour Philomena Yapp, de la paroisse de Bandar Seri Begawan, a bien prononcé des voux perpétuels en tant que Franciscaine missionnaire de Marie mais la cérémonie s’est déroulée à Singapour et elle partira aux Etats-Unis car il n’y a pas d’autres religieuses à Brunei pour vivre avec elle en communauté.

Malgré cette pénurie évidente de personnel, Mgr Sim s’est réjoui de la croissance numérique de la population catholique du sultanat. 13 000 en 1991, les catholiques sont aujourd’hui environ 20 000. Mais cette augmentation est principalement à mettre au compte de l’immigration, venue des Philippines, de Malaisie ou du reste de l’Asie. Ces dernières dix années, de nombreuses familles catholiques de Brunei ont émigré aux Etats-Unis ou au Canada et, a encore estimé Mgr Sim, les catholiques locaux, d’ascendance chinoise pour la plus grande part, sont au nombre de 3 000.

Dans un pays dont l’islam est la religion officielle et joue un rôle central dans la vie des Malais (représentant 68 % des 330 000 habitants du sultanat), l’Eglise est appelée, a déclaré Mgr Sim, “à jouer un rôle en vivant ouvertement les valeurs évangéliques tout en maintenant de bonnes relations et un dialogue avec les personnes ayant une appartenance culturelle et religieuse différente”.