Eglises d'Asie

Tamil Nadu : l’annonce de la conversion de 250 paysans à l’Eglise adventiste du septième jour est mal accueillie par l’opinion publique

Publié le 18/03/2010




Au cours d’un rassemblement qui s’est tenu au Tamil Nadu, du 22 au 24 août dans des conditions qui restent à déterminer, 250 paysans de basses castes se sont engagés publiquement à adhérer au christianisme et ont été baptisés par des Adventistes du septième jour. Cet événement a provoqué une vague de critiques et de protestations de la part de groupes hindouistes, de certains organes de la presse nationale et locale indienne, mais aussi de diverses confessions chrétiennes du pays. Il a, en effet, été reproché à la dénomination protestante à l’origine de ces conversions d’avoir profité de la pauvreté et du dénuement des paysans en question pour les attirer au sein de sa communauté grâce à des contreparties pécuniaires. L’accusation a été rejetée par les responsables du groupe adventiste qui affirment n’avoir pas outrepassé les droits octroyés par la constitution indienne, leur permettant de professer, de pratiquer et de propager leur religion.

La presse nationale anglophone a rapporté l’événement la plupart du temps d’une façon critique. Un quotidien à grand tirage, Express, parle de conversions de masse dans le Tamil Nadu, tandis que The Hindu, généralement très neutre, condamne sans ambages les Adventistes du septième jour pour avoir attiré de pauvres paysans dans leur secte par la promesse d’avantages matériels. Les journaux en langue locale, les stations régionales de radio et de télévision ont également commenté sans indulgence le baptême de dalits par une équipe de pasteurs de la Conférence adventiste du sud de l’Etat du Tamil Nadu. Dès le 28 août, à Madurai, le Hindu Munnani (‘Front hindou’) (1) organisait une manifestation de protestation. Les participants portaient des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : “Arrêt aux conversions ! “Bandits d’Occident Des affiches avaient été placardées en ville, avec des inscriptions demandant une punition pour ceux qui sont impliqués dans des “conversions forcées”.

Répondant aux questions de l’agence Ucanews, le pasteur Asir Abraham, organisateur du rassemblement contesté par les médias, a affirmé que la presse avait présenté au public une version déformée du rassemblement en question dont l’objectif principal était d’introduire des jeunes à la foi chrétienne. En effet, le dernier jour du rassemblement, les organisateurs ont invité les catéchumènes à prononcer publiquement leur engagement à la vie chrétienne fondée sur la foi au deuxième avènement du Christ et sur leur détermination à observer les Dix commandements. Avant leur baptême, les nouveaux chrétiens se sont engagés à verser un dixième de leurs revenus pour subvenir aux ouvres de leur Eglise.

Le pasteur a rapporté qu’à la suite des reportages de presse, des enquêteurs envoyés par l’Etat et par le gouvernement fédéral étaient venus les interroger pour connaître l’identité des participants au rassemblement, le nombre d’hindous qui y étaient présents, les cadeaux qui avaient été offerts. Il a affirmé qu’en cette occasion, l’Eglise adventiste s’était contentée de secourir les pauvres. Aucune action répréhensible n’avait été commise, a-t-il déclaré, tout en soulignant que chaque Indien a la liberté absolue de pratiquer et de professer la religion de son choix.

Dans les déclarations et prises de positions rendues publiques à propos de ces conversions, les autres Eglises chrétiennes ont pour la plupart apprécié sévèrement le comportement de l’Eglise adventiste du septième jour. L’archevêque catholique de Madurai, Mgr Marianus Arokiasamy, bien qu’il ait été sommé par trois pasteurs adventistes de faire connaître toute la vérité en ce domaine, a ensuite déclaré à l’agence Ucanews que le Christ n’avait pas voulu que la conversion ait lieu de cette manière. Il s’est désolé de voir “un segment d’une Eglise non organisée essayer de convertir les gens sans une compréhension réelle de la vraie nature de la conversion”. Dyanchand Carr, principal du Collège théologique protestant du Tamil Nadu, a déclaré que des conversions obtenues grâce à des avantages matériels ne pouvaient que conduire à des tensions sociales. Le P. Vijayarajan, professeur d’économie à l’université Kamaraj de Madurai, a analysé les conditions économiques des conversions. Il a suggéré que c’était l’actuelle stagnation économique et une sécheresse sans précédent dans les 22 districts de l’Etat qui avaient poussé les dalits vers ceux qui avaient fait miroiter à leurs yeux certains avantages matériels.