Eglises d'Asie – Inde
Tamil Nadu : sous la pression de l’opinion publique, le gouvernement interdit une tradition séculaire hindoue pour son inhumanité
Publié le 18/03/2010
Au cours de la cérémonie en question, les enfants sont préalablement rendus inconscients grâce à une drogue locale. Puis leurs têtes sont enduites de safran et de cendre avant d’être enveloppées dans un tissu jaune. Les employés du temple s’assurent alors de la perte de connaissance des enfants. Les petites victimes sont ensuite enfouies dans des tombes peu profondes. Environ une minute après la pseudo inhumation, les prêtres du temple vont ouvrir les tombes et en retirent les enfants inconscients qui sont ensuite rendus à leurs parents. Selon un habitant du village, les parents dont les enfants ne sont pas inconscients au moment de l’“ensevelissement” sont condamnés à payer une amende de 1 000 roupies (20 euros). Au total, cette année, ce sont 105 filles pré-pubères qui ont été soumises à ce rite très particulier.
Express, qui, dans son éditorial du 27 août dernier, a commenté très sévèrement cet événement, a fait remarquer que l’“enterrement symbolique” d’enfants de sexe féminin était significatif de l’état dans lequel étaient tenues les filles dans un Etat où leur proportion par rapport aux garçons n’a cessé de décliner au cours de ces dernières années. Le journal soulignait aussi les dangers d’une religiosité aveugle à laquelle un ministre était venu apporter un patronage officiel. Il pressait le gouvernement de faire preuve de célérité pour donner une solution aux problèmes de ce type, concernant la condition féminine. L’archevêque de Madurai, Mgr Marianus Arokiasamy, s’est déclaré peiné de savoir que, lors des faits, une grande foule était présente parmi laquelle un ministre. L’historien S. Kalan Dainathan a qualifié “cet horrible rituel” d’acte de cruauté à l’égard d’enfants sans défense, expression de l’obscurantisme de parents superstitieux.
Dans le village où s’est déroulée la cérémonie, il semble que l’on soit peu conscient du caractère inhumain du rite pratiqué qui ne semble pas poser trop de problèmes à la population. Le chef du village, S. Kaliraj, a fait remarquer qu’au cours de ces cérémonies qui ont lieu tous les cinq ou sept ans aucun incident désagréable ne s’est jamais produit. La fois précédente, en 1996, la fête avait été honorée de la présence du doyen de l’Assemblée législative de l’Etat. Un autre habitant a déclaré n’avoir rien remarqué de nouveau au cours de la récente fête des fosses sinon le nombre croissant de participants. Auparavant, le nombre d’enfants inhumés ne dépassait pas la trentaine. Ils étaient, cette année, plus de cent.