Eglises d'Asie

Hauts Plateaux : depuis 1975, les conversions se sont multipliées dans l’ethnie minoritaire des Jarais

Publié le 18/03/2010




Selon des informations données à l’agence Ucanews par les religieux rédemptoristes travaillant au sein de l’ethnie jarai, l’une des nombreuses ethnies des Hauts Plateaux du Centre Vietnam, plus de 10 % des membres de cette population sont aujourd’hui devenus chrétiens, après trente ans d’évangélisation, de multiples épreuves et une tension politique constante. La communauté catholique jarai est actuellement constituée d’environ 30 000 fidèles pour une population estimée à 270 000. Les catéchumènes se préparant au baptême sont au nombre de 5 000. Le P. Joseph Tran Sy Tin, chargé d’un des centres missionnaires de la région, a souligné combien la progression a été fulgurante. Dans les années 1960, il n’y avait encore que quelques Jarais baptisés à côté de quelques chrétiens d’origine vietnamienne. L’évangélisation de la région est aujourd’hui confiée aux religieux rédemptoristes qui rayonnent à partir de trois centres missionnaires, Pleikly, Pleichoet et Cheoreo-Torui, dans la province de Gia Lai.

Le premier prêtre envoyé dans cette région par l’évêque du lieu, Mgr Paul Seitz, au service de la population jarai, fut un prêtre français, le P. Jacques Dournes. Parti vivre auprès de cette ethnie dans les années 1950, il a raconté les premiers temps de cette expérience dans un livre célèbre, Dieu aime les païens (1). Selon le récit du P. Tin, c’est en octobre 1969 que l’évêque de Kontum transporta quatre religieux rédemptoristes à Pleiky. Arrivé sur les lieux, il leur lut un passage de l’Evangile, pria avec eux, les bénit et s’en retourna à Kontum, les laissant en pleine forêt. Le P. Tin qui était alors diacre et faisait partie de ce premier groupe se souvient qu’au début, aucun des habitants du coin n’osa les recevoir chez lui et qu’on leur indiqua, pour passer la nuit, un local déjà habité par des chèvres. Plus tard, alors que le P. Tin essayait de s’initier à la langue et à la culture jarai auprès d’un enfant, celui-ci le trouva trop stupide pour lui confier les mots de sa langue maternelle.

Avant le changement de régime de 1975, les missionnaires rédemptoristes furent capturés par des membres du Front de libération et amenés dans la jungle où l’un d’entre eux mourut. Lorsqu’à la fin du mois d’avril 1975, le pays fut unifié sous le pouvoir communiste, les missionnaires se divisèrent en petits groupes et s’en allèrent vers les régions habitées par les Jarais. Le P. Tin se rappelle avoir, à cette époque, péché, chassé, cultivé la terre avec les Jarais. Lors des cérémonies des funérailles, il a même frappé le gong. Continuant les travaux de traduction du P. Jacques Dournes, le groupe de missionnaires rédemptoristes a réalisé une version jarai annotée du Nouveau Testament, un livre, dit le P. Tin, qui est devenu un compagnon de route des Jarais. C’est en 1988, année où furent canonisés les 117 martyrs du Vietnam, que les conversions des Jarais au catholicisme se sont multipliées. Ce qui exigea un travail considérable des religieux rédemptoristes en matière de catéchèse. Les futurs chrétiens devaient, en effet, entreprendre un approfondissement de la foi qui pouvait durer entre trois et cinq ans.

Actuellement, les Jarais catholiques se rassemblent toutes les semaines en groupes d’âges pour chanter ensemble et porter témoignage de ce que le Seigneur a accompli pour eux. Au cours de ces réunions, on peut entendre les témoignages les plus divers. Siu Biu, âgé de 90 ans, originaire de Pleikly, y remercie le Seigneur pour avoir retrouvé, avec son baptême, un père et une mère perdus depuis longtemps. Siu Kle, du village de Pleidjrek, avoue à ses compagnons avoir été alcoolique. Mais, depuis sa conversion au catholicisme, il est devenu un père de famille responsable et, souvent, accomplit des périples de cent kilomètres pour partager la Parole de Dieu avec ses compatriotes. Un étudiant raconte aux participants de ces réunions qu’un de ces maîtres lui a conseillé de se déclarer sans religion sur le curriculum d’inscription à l’université pour faciliter son admission. Il préférerait se nourrir de feuilles d’arbre et de racines plutôt que de renier Jésus, Son Seigneur, a-t-il déclaré.