Eglises d'Asie – Vietnam
Le cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân, président du Conseil pontifical ‘Justice et paix’, ancien archevêque de Saigon, est décédé à l’âge de 74 ans
Publié le 18/03/2010
Né le 17 avril 1928, à Phu Cam, une très ancienne paroisse de Huê, le cardinal était l’aîné d’une famille de huit enfants et le neveu du premier président de la République du SudVietnam. Après des études au petit puis au grand séminaire de sa ville d’origine, il fut ordonné prêtre en juin 1953. Il poursuivit des études de droit canon à Rome où il se forma à un certain nombre de courants spirituels et apostoliques qui se faisaient jour en Europe à cette époque. A son retour dans son diocèse, il travailla un temps à la formation des prêtres, puis le 24 juin 1967, fut nommé évêque du diocèse côtier de Nha Trang.
En 1975, une semaine avant que Saigon ne tombe entre les mains des forces communistes, il est nommé par le SaintSiège archevêque coadjuteur du diocèse de cette ville. Sa nomination est refusée par le nouveau pouvoir, qui le 15 août 1975, le convoque au palais de l’indépendance et le ramène manu militari dans son diocèse où il est placé en résidence surveillée dans la petite paroisse de Cây Vong. Ce fut le début d’un long internement qui dura treize ans, au cours duquel il a connu, en 1976, le cachot de la prison de Phu Khanh, puis le camps de rééducation de Vinh Phu au Nord Vietnam, la résidence surveillée dans la petite chrétienté de Giang Xa, et enfin les locaux de la Sûreté de Hanoi. Lorsque son internement prend fin le 21 novembre 1988, il n’a pas le droit de rejoindre son poste d’archevêque coadjuteur à Hô Chi MinhVille et est assigné à résidence dans les bâtiments de l’archevêché de Hanoi. Lors d’un séjour à Rome en septembre 1991, il apprend que le gouvernement ne souhaite pas son retour au pays.
Le 11 août 1993, pour assurer l’administration du diocèse de Hô Chi MinhVille dont l’archevêque était âgé et malade, le Saint Siège nommait un administrateur apostolique. Pensant qu’il s’agissait d’un stratagème destiné à garder vacant le poste de coadjuteur au profit de Mgr FrançoisXavier Nguyên Van Thuân, le gouvernement s’est violemment opposé à cette décision. C’est en 1994 que le SaintSiège a renoncé à maintenir Mgr Thuân à son poste de coadjuteur de Hô Chi MinhVille et l’a nommé à la viceprésidence de ‘Justice et paix’, tout en faisant savoir par la bouche de Mgr Celli que « le SaintSiège tenait la mesure prise contre lui par le gouvernement vietnamien comme une injustice manifeste ». Le 24 juin 1998, le SaintSiège annonçait sa nomination comme président du Conseil pontifical ‘Justice et paix’ en remplacement du cardinal Roger Etchegaray qui en assurait la présidence depuis 1984.
Pour le carême de l’année 2000, Mgr François Xavier Nguyên Van Thuân fut chargé d’assurer la prédication des exercices spirituels du carême du pape et des membres de la curie. La raison de ce choix a été soulignée par le pape dans une lettre de remerciement où il révélait qu’il a souhaité qu’au cours du grand Jubilé une place particulière soit donnée « au témoignage des personnes qui ont souffert en raison de leur foi… ». Second sur la liste des 37 cardinaux annoncés par le pape Jean-Paul II, le 21 janvier 2001, Mgr François Xavier Nguyên Van Thuân était le quatrième cardinal, par ordre chronologique, de l’histoire de l’Eglise du Vietnam.
Mgr FrançoisXavier Nguyên Van Thuân a témoigné de son expérience spirituelle dans une série de livres dont le thème commun est l’espérance. Le premier d’entre eux, traduit en de nombreuses langues, est intitulé Sur le chemin de l’espérance. Le dernier où sont consignées ses conférences du carême 2000 a pour titre Témoins de l’espérance.