Eglises d'Asie

L’Eglise catholique cherche à faire pression pour obtenir la révision de la loi autorisant l’avortement

Publié le 18/03/2010




La Commission épiscopale pour la pastorale de la santé de la Conférence des évêques catholiques taiwanaise a lancé une campagne de signatures pour demander la révision de la loi de 1984 qui autorise l’avortement dans l’île. La campagne s’est achevée le 30 septembre et vise non l’interdiction de l’avortement – les responsables de l’Eglise sont sans illusion sur ce point – mais l’introduction d’un amendement à la “Loi sur la santé génétique” demandant que soit rendu obligatoire un entretien préalable avec un psychosociologue pour les candidates à l’avortement.

La loi de 1984 autorise l’avortement si, entre autres conditions, la grossesse met en danger la santé mentale de la mère ou celle de la vie de la famille ou si elle avait été involontaire. Depuis 1984, on estime le nombre des avortements pratiqués chaque année à Taiwan entre 300 000 et 500 000 (1). Les médias locaux soulignent le fait que 95 % de ces avortements sont juridiquement “illégaux” mais tout de même autorisés parce que les patientes prétendent que leur santé mentale ou leur vie familiale sont en danger.

D’après le Centre d’éthique de la vie de l’université catholique de Fu Jen, coordinateur de la campagne, au mois d’août, 4 170 lettres de pétition ont été envoyées à différentes organisations et églises catholiques ou protestantes. A la date du 10 septembre, une centaine de réponses étaient déjà parvenues au centre : “Nous espérons que cette campagne incitera le ministère de la Santé à réviser cette loi sur la santé génétique”, a déclaré Hsiao Hui-ying, de Fu Jen.

Prenant note du fait qu’il est peu probable d’abolir la loi dans un proche avenir, la pétition précise que le premier objectif de cette campagne est d’obtenir l’interdiction des avortements lorsque la mère et le fotus sont en parfaite santé et que la grossesse n’est pas involontaire. Elle demande aussi qu’un entretien avec une psychosociologue soit rendu obligatoire ainsi qu’une période d’attente afin qu’un avortement ne soit pas décidé uniquement par ignorance ou par peur. La campagne vise également à stopper le “cercle vicieux” formé par le couple liberté sexuelle – avortement. Elle a été programmée au moment où le ministère de la Santé rédigeait un rapport sur les effets de la loi en vue de l’étendre à la protection des femmes et des enfants.

Cette campagne a été lancée pour appliquer une résolution de ‘Justice et paix’ décidée au congrès tenu en 2001 par l’Eglise à Taiwan sur le thème “Nouveau millénaire – Nouvelle évangélisation”. Le cardinal Paul Shan Kuo-hsi, évêque de Kaohsiung, président de la Conférence épiscopale taiwanaise, a par ailleurs lancé un appel aux autres religions, le 14 août dernier, au cours d’une rencontre avec le moine bouddhiste Sheng Yen. Ce moine, qui dirige la Dharma Drum Mountain Foundation, a répondu positivement, déclarant que, pour les bouddhistes, “si la vie d’une fourmi est précieuse, d’autant plus l’est la vie d’un fotus (humain)”.