Eglises d'Asie

Moluques : la tension restant vive dans l’archipel, l’évêque catholique d’Amboine s’interroge sur les raisons de la persistance des violences

Publié le 18/03/2010




Après le regain de violences meurtrières du début du mois de septembre (1), la tension est demeurée vive ces derniers jours aux Moluques. Le 18 septembre, des jeunes de deux villages voisins de l’île de Haruku se sont affrontés, laissant deux morts et deux blessés graves sur le terrain. Le même jour, un jeune a été tué à Amboine, chef-lieu de la province. Quelques jours auparavant, à l’extrême nord de la province des Moluques septentrionales, sur l’île de Morotai, une personne avait été tuée lors des attaques consécutives de trois villages par des hommes en armes. Selon le Centre de crise du diocèse catholique d’Amboine, malgré ces morts et le nombre d’habitations et de lieux de culte (cinq églises) incendiés ces deux dernières semaines, l’atmosphère ne s’est pas dégradée outre mesure à Amboine. Quelques jours auparavant, le 14 septembre, Mgr Mandagi, évêque catholique d’Amboine, avait donné une conférence de presse au sujet du regain de violence et des élections à venir pour désigner le prochain gouverneur de la province des Moluques.

Selon le Centre de crise du diocèse d’Amboine, Mgr Mandagi s’est, en premier lieu, interrogé sur les motivations des personnes qui perpétuent les actes de violence de façon à entretenir les tensions interreligieuses. Une de leurs motivations peut être financière dans la mesure où le conflit des Moluques crée des distorsions dans le fonctionnement de l’économie dont bénéficient certains. Il se pourrait aussi que, par le biais des tensions, certains au sein de l’appareil gouvernemental local cherchent à prouver leur utilité ou à obtenir une promotion. Dans un tel contexte, a demandé Mgr Mandagi, tant que le calme n’a pas été durablement rétabli, les élections pour le choix du prochain gouverneur, prévues pour novembre prochain, doivent être repoussées et un gouverneur par intérim mis en place.

Reprenant un argument développé par Da’i Bachtiar, commandant suprême de la police au niveau national, lors de son récent passage à Amboine, l’évêque catholique n’a pas exclu la possibilité que le conflit des Moluques soit orchestré de l’extérieur de la province. Il serait à mettre en lien avec les conflits qui éclatent ici et là à travers le pays. Les ficelles en seraient tirées par un réseau terroriste national, voire international, dont l’objectif serait de prouver que l’Indonésie est un pays peu sûr, doté d’un pouvoir faible, incapable de protéger ses citoyens et doté de forces de l’ordre incapables. Ce ou ces réseaux chercheraient à démontrer que l’avenir de l’Indonésie passe par le renversement du présent gouvernement et son remplacement par eux-mêmes. Mgr Mandagi s’est toutefois gardé de donner un nom à ces éventuels réseaux.

En conclusion, Mgr Mandagi a répété sa conviction que les deux communautés moluquoises, chrétienne et musulmane, ne sont pas prêtes à se laisser embarquer à nouveau dans des conflits manipulés par d’autres. Au contraire, la seule chose que les Moluquois souhaitent, c’est la paix et la sécurité. Ils savent d’expérience que la violence ne résout rien et, a encore déclaré l’évêque d’Amboine, ils ont développé leur sens moral et leur piété.