Eglises d'Asie

Selon un rapport d’une organisation de défense des droits de l’homme, la répression religieuse continue et s’intensifie sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam

Publié le 18/03/2010




Un court rapport diffusé le 20 septembre dernier par l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch fait état d’une aggravation de la répression exercée par les autorités vietnamiennes sur la population chrétienne des Hauts plateaux du Centre Vietnam, un rapport qui vient contredire une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères recueillie par la presse internationale, le 12 septembre dernier : “Il n’y a pas eu de manifestations sur les Hauts Plateaux ; il n’y a pas eu d’arrestations !”

Selon l’organisation humanitaire américaine, au moins trente Montagnards ont été arrêtés sur les Hauts Plateaux depuis le mois de juin. Parmi eux se trouvent des dirigeants des Eglises protestantes, des militants pour les droits à la terre de la population autochtone, et des individus suspectés de servir de guides aux candidats à l’exil au Cambodge. Par ailleurs, des dizaines de Montagnards seraient entrés en clandestinité sans que l’on connaisse leur domicile exact. En fait, depuis les troubles de février-mars au cours desquels des milliers de Montagnards ont manifesté pacifiquement pour la restitution des terrains confisqués et pour la liberté religieuse (1), la répression n’a guère cessé. Des milliers de policiers et de militaires ont été envoyés quadriller les Hauts Plateaux, forçant un millier de Montagnards à prendre le chemin de l’exode au Cambodge.

Le rapport de Human Rights Watch spécifie qu’une première campagne policière s’est déroulée au mois de juin au cours de laquelle au moins onze personnes ont été arrêtées. Neuf d’entre elles l’ont été dans la province de Dak Lak et ont été envoyées à la prison provinciale de Buôn Ma Thuôt. Deux autres Montagnards ont été appréhendés dans le district de Cu Se de la province de Gia Lai et emprisonnés à Pleiku. Cette première vague d’arrestations a été suivie en août d’une seconde offensive accompagnée de l’arrestation d’une vingtaine de militants montagnards, trois dans le district Dak Doa de Gia Lai, dix-huit autres dans la province Dak Lak pour lesquels il est impossible de donner des coordonnées précises. A la même époque la presse officielle évoquait la possibilité de nouvelles manifestations protestataires sur les Hauts Plateaux. Cependant les motifs précis des arrestations, les accusations portées contre les intéressés, le lieu précis de leur détention n’ont pas été portés à la connaissance du grand public.

Dans le même temps, la volonté de contrôle et de répression des autorités se manifestait sous la forme de la présence permanente de policiers supplémentaires en de nombreux village des provinces de Gia Lai et de Dak Lak. Durant le mois d’août, en de nombreux districts de ces provinces, dix ou trente agents de police ont été envoyés dans chaque village, logeant souvent dans les maisons de dirigeants d’Eglise ou de militants des droits sur la terre, pour s’efforcer d’isoler ces derniers du reste de la population.

Par ailleurs, les autorités continuent d’empêcher la tenue de rassemblements religieux au nom de la sécurité et pressent les Montagnards d’exprimer leur fidélité au régime en promettant d’abandonner la politique et l’exercice de la religion. Les pasteurs protestants et les militants laïques chrétiens sont placés sous une surveillance toute particulière et ne peuvent se déplacer sans une permission écrite préalable. D’une façon générale, sont interdits les rassemblements de population à l’occasion de mariages, de funérailles et d’autres cérémonies religieuses.

Le rapport de Human Rights Watch mentionne ensuite une série d’incidents survenus tout au long de cette année et témoignant de la volonté de répression du pouvoir en place. En avril, dans le district de Krong Pac de la province de Dak Lak, un dirigeant d’Eglise a été, au cours d’un interrogatoire, sommé de prononcer la dissolution de son Eglise et menacé d’être arrêté s’il continuait à organiser des offices religieux. Dans ce même district, au mois de mai, 273 livres religieux et bibles appartenant à une Eglise domestique ont été confisqués sous le prétexte qu’ils enseignaient la résistance au gouvernement de la République socialiste du Vietnam. On signale également des confiscations de terre.