Eglises d'Asie

Selon un sondage, les Philippins se prononcent en faveur de l’exclusion des prêtres pédophiles et estiment que la grande majorité de leurs prêtres catholiques respectent le vou de célibat

Publié le 18/03/2010




Un institut de sondage indépendant, Social Weather Stations, a réalisé un sondage auprès des Philippins, catholiques et non catholiques, du 13 mai au 3 juin derniers au sujet du clergé catholique et des questions sexuelles. L’institut a remis les conclusions de son étude à l’épiscopat du pays en juillet dernier, au moment même où les évêques philippins réagissaient à la révélation d’écarts de conduite en matière sexuelle de la part de certains prêtres par la rédaction d’un projet de charte, destinée à éviter que de tels phénomènes se reproduisent (1). Au début du mois de septembre dernier, les résultats du sondage ont été rendus publics et la presse locale s’en est fait largement l’écho. Deux éléments principaux ressortent du sondage.

Au sujet des prêtres pédophiles, les Philippins veulent que les coupables soient châtiés immédiatement. 91 % des 1 200 personnes interrogées estiment qu’un prêtre reconnu coupable d’un seul incident impliquant une inconduite sexuelle avec un enfant ou un mineur “doit être immédiatement retiré” du ministère sacerdotal. Seuls 9,2 % des sondés déclarent qu’un prêtre reconnu coupable d’un incident à caractère pédophile doit poursuivre son ministère sacerdotal pourvu que son évêque estime que le prêtre “ne répétera plus son péché A propos de la fréquence des actes de pédophilie de la part du clergé, 90 % des sondés répondent que là où ils résident, les prêtres “n’ont jamais” commis de tels actes ; 0,9 % disent que de tels actes “se produisent souvent” et environ 9 % répondent “plutôt rarement”.

Au sujet des relations sexuelles que des prêtres peuvent entretenir avec des personnes majeures, 2 % des sondés disent que, dans leur quartier ou lieu de résidence, le clergé “a souvent des maîtresses”, 10 % disent que ce phénomène est “rare” tandis que 88 % affirment que leurs prêtres n’ont jamais de maîtresses.

Pour Mgr Gaudencio Rosales, archevêque de Lipa et président de la Commission épiscopale pour le clergé, le sondage n’est pas choquant en ce qui concerne les relations sexuelles des prêtres avec des personnes majeures car il “reflète la vérité” de ce qu’il constate autour de lui. Au sujet de la pédophilie de certains prêtres, Mgr Rosales estime que le phénomène est aussi rare que le rapporte le sondage. Si les sondés se montrent aussi stricts envers ces prêtres Un faux pas et c’est la porte ! c’est peut-être parce que “leurs attentes sont très importantes : les Philippins considèrent leurs prêtres comme des “modèles” et leur témoignent un respect mêlé de crainte”. Pour eux, un membre du clergé ne peut se montrer coupable d’inconduite sexuelle, ajoute-t-il.

Selon le P. Aloysius Cartagenas, recteur du grand séminaire San Carlos à Cebu, les abus sexuels commis par des prêtres continueront tant que l’Eglise ne fera pas participer des laïcs au processus de sélection et de formation de ses prêtres. Il estime en effet que Dieu parle à travers son peuple et que les fidèles devraient jouer un rôle de discernement dans le choix de ceux qui seront appelés à les diriger spirituellement. Avec la participation des laïcs, ajoute le P. Cartagenas, le prêtre ou l’évêque ne pourrait plus se considérer comme “un petit roi”, maître de son domaine pastoral, et “exprimer ses pouvoirs en se livrant à des abus sexuels et en adoptant un style de vie fait d’esbroufe”. A l’heure actuelle, le candidat au sacerdoce, muni d’une lettre de recommandation de son curé, doit se présenter devant une commission d’admission, exprimer ses aspirations et ses motivations et subir des tests psychologiques et intellectuels. Mais, déplore le P. Cartagenas, ce système n’est pas “fiable”.