Eglises d'Asie

Timor occidental : l’évêque catholique d’Atambua souhaite une solution rapide au problème posé par la présence de réfugiés est-timorais dans la province

Publié le 18/03/2010




Une réinstallation rapide et convenable des réfugiés du Timor-Oriental dispersés dans les forêts protégées du Timor occidental devrait pouvoir éviter de nouveaux déboisements et de nouveaux conflits, a déclaré le 29 août dernier Mgr Antonius Pain Ratu, évêque catholique d’Atambua au cours d’une rencontre avec Anna Gomez, ambassadrice du Portugal en Indonésie. L’évêque catholique était venu à Djakarta plaider sa cause et attirer l’attention de la communauté internationale sur la situation créée dans son diocèse par la présence d’environ 40 000 réfugiés est-timorais. Depuis que l’aide internationale a cessé il y a deux ans après que des membres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés eurent été tués au cours d’une attaque à Atambua (1), les réfugiés, a expliqué Mgr Pain Ratu, n’ont eu le choix pour trouver de quoi se nourrir que de défricher la forêt afin de cultiver la terre. 5 000 hectares de forêt ont été ainsi brûlés et défrichés.

Mgr Pain Ratu a précisé qu’il comprenait les raisons pour lesquelles les réfugiés ont déboisé et cultivé du maïs, du riz et des tubercules mais, a-t-il ajouté, ce faisant, ils ont pris des terres aux populations aborigènes locales pour qui la forêt est le domaine ancestral. Le risque de conflit est réel, a-t-il souligné. L’évêque a également détaillé les conséquences du déboisement. Par exemple, une source qui était située au sud d’Atambua, dans une zone de forêts protégées, s’est tarie du fait de la déforestation. « Le résultat, c’est que mes séminaristes qui vivent près de la forêt manquent d’eau », constate l’évêque. Agé de 73 ans, il avoue être particulièrement triste de ce déboisement qui l’oblige à interrompre un projet pastoral mis en ouvre au début de son épiscopat, en 1982 : un projet de protection des forêts existantes et de reboisement des terres non arables.

Le diocèse d’Atambua, au Timor occidental, englobe les districts à prédominance catholique de Belu et du Centre-Nord, en bordure du Timor-Oriental et de son enclave, Oecussi. Environ 60 % des 5 177 km du diocèse sont des terres accidentées, pierreuses et non cultivables. « Tous ensemble, avec les gens, nous avons pu réaliser ce projet, continue l’évêque. La forêt a été préservée et on ne manquait pas d’eau. Maintenant, tout a été compromis par les brûlis. » Les gens souffrent de la sécheresse pendant la saison sèche, des inondations et de l’érosion du sol pendant la saison des pluies. Mais, ajoute l’évêque, il entend bien malgré tout mobiliser les gens et continuer le reboisement. Il a aussi critiqué les autorités locales qui n’ont pu empêcher les réfugiés de détruire la forêt : « Ils auraient dû réaliser que la forêt est très importante, qu’il fallait s’efforcer de la sauvegarder et reboiser les terres en friches ».

Pour Marsel Bere, responsable du district de Belu, ses services n’ont certes pas empêché les destructions mais « nous avons fermé les yeux parce que les réfugiés devaient vivre Il a toutefois promis que ses services allaient intensifier le reboisement des terres stériles dans les prochaines années. Pour Antonio Mendez, un représentant des réfugiés, les Est-Timorais ont défriché la forêt parce que le gouvernement ne leur avait pas donné de terres à cultiver. D’après les autorités du district de Belu, 40 000 réfugiés est-timorais vivent dans la province du Nusa Tenggara Est (Timor occidental). Parmi eux, 9 300 familles, soit 27 738 personnes, demeurent dans le district de Belu.

Le Timor-Oriental a été colonie portugaise du XVIe siècle jusqu’en 1975, date du départ des Portugais. Occupé puis annexé par l’Indonésie, il a été ensuite le théâtre de luttes sanglantes, la population est-timoraise n’acceptant pas l’occupation indonésienne. En 1999, des centaines de milliers d’Est-Timorais ont été déplacés et plusieurs centaines tués par les troupes indonésiennes et les milices pro-indonésiennes jusqu’à ce que les Nations Unies prennent en main l’administration du territoire. Le Timor-Oriental est devenu indépendant en mai dernier.