Eglises d'Asie

Dans le centre du pays, une école catholique pour filles a été attaquée par des membres de la guérilla maoïste, moins d’un mois après une attaque similaire contre l’école de garçons voisine

Publié le 18/03/2010




Le 5 octobre dernier, un groupe appartenant à la guérilla maoïste a attaqué l’école pour filles Sainte Marie, tenue par les religieuses hospitalières de Marie et située à quelques kilomètres à l’écart de la ville de Gorkha, localité du centre-ouest du pays. Au nombre d’une douzaine, les assaillants sont entrés à la nuit tombée dans l’école, menaçant le garde de faction d’une arme à feu. Frappant aux portes à l’intérieur de l’établissement, ils se sont fait ouvrir les bureaux et y ont mis le feu. Ils n’ont toutefois pas forcé la porte de la chapelle où s’étaient réfugiées des sours, ni celle du dortoir où une douzaine de jeunes filles, terrorisées, s’étaient enfermées en compagnie de quelques religieuses. Selon Sour Mary Scholastica, l’une des six religieuses à s’occuper de l’école, l’attaque est très similaire à celle subie il y a moins d’un mois par l’école pour garçons Saint Joseph, distante de trois kilomètres de l’école Sainte Marie, à ceci près que cette fois-ci les rebelles se sont contentés de provoquer des dégâts matériels, sans battre personne (1).

Etonnée par le fait que les rebelles n’avaient rien emporté avec eux et ne s’en étaient pas pris physiquement aux religieuses, Sour Scholastica s’est demandé si les personnes qu’ils cherchaient n’étaient pas les prêtres et les séminaristes de l’école Saint Joseph. Peu avant la tombée de la nuit, en effet, selon le témoignage du gardien de l’école, des individus « à la mine sombre » étaient venus rôder aux abords des bâtiments, demandant si les « Pères » étaient là. Selon le P. Joseph Thaler, de la société des Maryknoll, qui travaille à Katmandou et vient célébrer la messe de temps à autre chez les religieuses, et de l’avis d’autres prêtres et religieuses du pays, l’attaque de l’école Sainte Marie serait une réponse des maoïstes à la réouverture de l’école Saint Joseph. Les rebelles, qui font campagne pour que les écoles ferment, n’auraient pas apprécié que les responsables de Saint Joseph rouvrent leurs portes quelques jours seulement après avoir été attaqués. Sour Mary Rufina, directrice de l’école Sainte Marie, se pose la question de la réouverture ou non de son établissement. Pour l’heure, l’école sera fermée du fait de Dashain, période de vacances dans tout le royaume népalais. Ensuite, « nous ne savons pas si nous pourrons rouvrir comme prévu, dans un peu moins d’un mois », dit-elle.

Pour Ram Joshi, dont les deux filles étudient à Sainte Marie, le courage des prêtres et des religieuses est exemplaire. Pour dispenser une éducation qui va de la maternelle au premier cycle du secondaire, personne d’autre qu’eux n’aurait osé rester après les attaques subies, affirme-t-il, ajoutant : « Eux sont engagés auprès de nous et de nos enfants. Nous nous en souviendrons toujours tout comme nous nous engageons à lutter ensemble pour que l’école reste ouverte. »