Eglises d'Asie

Des médecins indiens ont contesté l’authentification par le Saint-Siège d’une guérison miraculeuse obtenue grâce à l’intercession de Mère Teresa

Publié le 18/03/2010




Mardi 2 octobre, les religieuses Missionnaires de la Charité de Calcutta apprenaient de Rome qu’après examen par une commission médicale composée de médecins croyants et non croyants et confirmation par une commission de théologiens que la Congrégation de la cause des saints, sous la présidence du cardinal Jose Saraiva Martins, avait formellement authentifié comme un miracle la guérison de Monika Besra, membre d’une ethnie minoritaire, âgée de trente ans, mère de cinq enfants, vivant à Pattiram à l’ouest du Bengale. Sur le chemin de la béatification de Mère Teresa, cette authentification d’un miracle obtenu grâce à son intercession était la dernière étape avant un décret pontifical de béatification qui devrait être signé en décembre 2002 et des cérémonies de béatification qui pourraient avoir lieu au printemps prochain.

Cette guérison miraculeuse a récemment été racontée par l’intéressée, dans un entretien avec l’hebdomadaire Famiglia Cristiana, n° 41, paru le 10 octobre sous le tire de “Il miracolo di Madre Teresa” (1). Soignée pour une méningite tuberculeuse, maladie fréquente dans la région où elle habite, et une tumeur ovarienne cancéreuse, elle avait été transportée presque mourante, le 5 septembre 1998, dans la chapelle de la clinique. Elle a alors vu une lumière venant d’une photo de Mère Teresa, s’est sentie plus légère tout en continuant de ressentir des élancements à l’abdomen. Dans la soirée, les religieuses sont venues prier autour de la malade et ont placé sur son ventre une “médaille miraculeuse” de la Vierge ayant touché le corps de Mère Teresa après sa mort. C’est au réveil, dans la matinée du 6 septembre, que Monika s’est aperçue de la disparition de la douleur et de la tumeur. “Mon ventre est devenu de plus en plus petit a-t-elle déclaré dans sa déposition pour le procès de béatification de Mère Teresa. Puis, en l’espace de quelques jours, l’ancienne malade avait retrouvé ses forces et était devenue capable de retourner travailler aux champs.

Le 8 octobre 2002, alors que la nouvelle de l’authentification du miracle par le Vatican avait été diffusée par la presse de l’Etat, plusieurs déclarations de personnalités locales ont donné naissance à une controverse concernant les faits qualifiés de miraculeux pour le procès de béatification de mère Teresa. Ce jour-là, l’agence de presse, The Press Trust of India, rapportait les propos du docteur Manju Murshed déclarant que la miraculée qui avait déjà été admise en deux hôpitaux avait été soignée pendant tout le mois de juin 1998 dans son hôpital de Balurghat. C’est alors que, grâce à une échographie, le gynécologue de l’hôpital avait détecté une tumeur à l’ovaire, une tumeur dont il a constaté l’absence neuf mois plus tard. Selon le docteur Murshed, la guérison de Monika Besra n’a été possible que grâce un traitement prolongé et, malgré tout le respect qu’il ressentait pour Mère Teresa, il se devait de placer le traitement médical avant le miracle. L’ancien ministre de la Santé de l’Etat, en fonction à l’époque de la guérison, a affirmé également à France-Presse (2) que l’ancienne malade a été débarrassée de sa tumeur grâce à des médicaments très puissants et par un traitement de plusieurs jours à l’hôpital de Balurghat. Ces mêmes allégations étaient reprises dans un journal de Calcutta, The Statesman, par Prabir Gosh, un membre de l’Association rationaliste de l’Inde, qui a déclaré que prouver la sainteté de Mère Teresa par cette guérison est un procédé malhonnête.

Le dossier sur lequel se sont penchés les membres de la Congrégation pour la cause des saints pour authentifier la guérison miraculeuse de Monika Besra est pourtant particulièrement volumineux puisqu’il comporte des milliers de pages. En plus de la déposition de la principale intéressée, il renferme de très nombreux témoignages, en particulier ceux de médecins indiens, le professeur Rudra Nath Bhattacharya et le docteur Mohan Chan Seal qui ont constaté cette guérison soudaine et inexplicable alors que, selon eux, la maladie était en phase terminale. D’après des sources romaines, lors de la réunion ordinaire de la Congrégation de la cause des saints, le mardi 1er octobre 2002, les participants ont été unanimes pour conclure au miracle, comme l’avaient déjà fait avant eux la commission médicale et la commission théologique.