Eglises d'Asie

En Corée du Sud, la création d’une nouvelle zone économique spéciale en Corée du Nord fait naître l’espoir d’un possible futur travail missionnaire

Publié le 18/03/2010




L’Eglise catholique de Corée du Sud entrevoit la possibilité d’un travail missionnaire en Corée du Nord à la lumière de l’annonce faite par les autorités communistes de l’ouverture prochaine d’une nouvelle zone économique spéciale, a déclaré un responsable de l’Eglise catholique sud-coréenne. Les autorités nord-coréennes, en effet, ont désigné, le 21 septembre dernier, Shinuiju, la deuxième ville la plus importante du pays, à la frontière chinoise, comme zone spéciale autonome, qui sera dotée d’un régime législatif, judiciaire, administratif et économique spécial.

Le P. John Kim Jong-su, secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques de Corée du Sud, estime que dans un tel contexte “de zone administrative spéciale, des activités religieuses devraient être possibles ». Dans une interview du 25 septembre, diffusée par la Société de radio-télévision Pyonghwa (‘Paix’), de l’archidiocèse de Séoul, le P. Kim a déclaré que les évêques décideront au cours de leur session du 14-18 octobre s’il est possible d’envoyer des prêtres catholiques à Shinuiju. Il précisé que Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, examinera de près comment établir l’Eglise à Shinuiju. Il est, en effet, non seulement évêque de Séoul mais aussi administrateur apostolique du diocèse de Pyongyang, en Corée du Nord. A ce jour, officiellement, aucun prêtre catholique n’exerce de ministère en Corée du Nord mais des dizaines de prêtres de l’archidiocèse de Séoul sont prêts à partir travailler au Nord quand les autorités leur en auront donné l’autorisation (1). Le P. Kim a aussi souligné que l’Eglise sud-coréenne entendait travailler étroitement avec le Vatican au projet éventuel de construction d’une église à Shinuiju et à l’envoi de prêtres. Il pense que des missionnaires catholiques étrangers parlant parfaitement la langue coréenne pourraient y entrer facilement avant d’être suivis plus tard par des prêtres sud-coréens.

Les missionnaires de la Société de Maryknoll disent également être optimistes quant à l’implantation d’une nouvelle mission en Corée du Nord. Le P. Carl Costa a déclaré le 26 septembre que sa société envisageait la possibilité d’un “retour” à Shinuiju, les missionnaires américains ayant été à l’ouvre dans le nord de la péninsule coréenne à partir des années 1920. “Si le travail missionnaire est autorisé dans cette zone spéciale, nous espérons y retourner en coopération avec la Conférence des évêques sud-coréens”, a déclaré le P. Costa, assistant du supérieur régional de la Société de Maryknoll en Corée. Quoique la Corée du Nord ne soit pas encore ouverte aux missionnaires étrangers, les missionnaires de Maryknoll, ces dernières années, ont déjà pu y pénétrer en tant que personnel de santé ou de services sociaux.

D’après l’Association (nord-coréennes) des catholiques romains de Corée, la Corée du Nord ne compte pas plus de 3 000 catholiques mais, depuis la guerre de Corée (1950-1953), ne dispose d’aucun prêtre, religieuse, religieux ou séminariste. L’église de Changchung à Pyongyang, la capitale nord-coréenne, est la seule église en activité de ce pays communiste.

Deux jours après l’annonce par les autorités nord-coréennes de la création de cette nouvelle zone spéciale, un homme d’affaire chinois, Yang Bin, de nationalité néerlandaise, a été désigné comme son premier gouverneur. Selon les médias, la zone serait modelée sur Hongkong et disposera de sa propre Loi fondamentale, ses résidents ne subissant pas de discrimination en fonction de leur nationalité, opinion politique ou religion. Lors d’une conférence de presse à Pyongyang, le 24 septembre dernier, Yang a déclaré vouloir administrer la zone “sur le modèle d’un capitalisme complet”, avec un Conseil législatif composé pour moitié d’étrangers et un système judiciaire à l’occidentale. Quelques jours plus tard, l’enthousiasme initialement soulevé par la création de la zone spéciale a été cependant quelque peu douché par l’annonce par les autorités chinoises de la mise en place d’un contrôle fiscal approfondi des affaires de Yang Bin. Selon certains observateurs, Pékin témoignerait ainsi d’un certain agacement à ne pas avoir été associé de plus près à l’initiative nord-coréenne.