Eglises d'Asie – Corée du sud
La direction de deux hôpitaux catholiques est critiquée pour avoir autorisé la police à intervenir contre des personnels de santé en grève
Publié le 18/03/2010
Dans un communiqué daté du 12 septembre, la Confédération coréenne des syndicats (KCTU) a demandé à l’Eglise de confirmer si la police avait été « réellement autorisée » à venir expulser un certain nombre d’employés hors de la chapelle de l’Hôpital St Mary où ils s’étaient réfugiés. Elle a demandé comment il était possible que les administrateurs de l’hôpital aient pu organiser une rencontre avec les grévistes le 11 septembre dans l’après-midi alors qu’ils avaient autorisé une intervention de police le matin même. La rencontre avait été organisée avec la médiation de l’archidiocèse de Séoul, souligne le communiqué. Le 14 septembre, 1 500 membres du KCTU défilaient pour protester.
Deux jours plus tôt, des groupes de catholiques sociaux avaient dénoncé « l’attitude non ecclésiale » de la direction des hôpitaux catholiques, citant « le principe de la priorité du travail sur le capital » mis en avant par le pape Jean-Paul II dans son encyclique Laborem exercens (‘Sur le travail de l’homme’). Ces groupes comprenaient les Centres catholiques de pastorale ouvrière, le Comité ‘Justice et environnement’ de la Conférence des supérieurs majeurs des instituts masculins et les Associations de vie apostolique. L’Union des associations féminines coréennes (KWAU) avait elle aussi dénoncé cette intervention policière en déclarant « cette action répréhensible comme pourrait l’être celle d’un régime militaire d’un autre âge et anti-démocratique ».
D’après un communiqué de presse de l’Agence de police métropolitaine de Séoul, l’intervention était « inévitable » parce que la grève, « illégale » et prolongée, était préjudiciable aux malades, à leurs familles et à l’ensemble des citoyens. Le P. Mattias Choi Young-shik, directeur du Centre catholique médical (CMC), a expliqué dans un communiqué daté du 13 septembre que la police avait dispersé les employés parce que « le gouvernement ne pouvait autoriser la prolongation indéfinie d’une situation illégale ». Le CMC, qui gère huit hôpitaux catholiques, avait essayé plusieurs fois de résoudre cette grève par le dialogue et sans l’aide de l’Etat, a écrit le P. Choi. Les négociations devenaient de plus en plus difficiles, a-t-il ajouté, à cause des « exigences illégales » du syndicat. Un responsable ecclésiastique a précisé qu’il s’agissait pour les grévistes d’obtenir le paiement des journées non travaillées.
Le KCTU, un des deux principaux groupes syndicaux du pays, a déclaré quant à lui que le fait pour les administrateurs catholiques de résoudre le problème par la force policière signifiait l’abandon du dialogue et une atteinte au principe de réconciliation et de tolérance cher à l’Eglise. « Ce qui a conduit à cette situation, ajoute le KCTU dans son communiqué, c’est que pour l’Eglise le syndicalisme est l’incarnation même du diable. »
D’après le droit du travail sud-coréen, une grève devient illégale lorsqu’elle est menée au sein d’hôpitaux ou d’autres lieux considérés essentiels pour la santé publique si elle est entreprise après une certaine période obligatoire de réflexion. Durant cette période de quinze jours, il est prévu qu’une agence gouvernementale intervienne pour arbitrer et trouver un compromis entre la direction et les grévistes.