Eglises d'Asie

Les évêques vietnamiens assemblés à Hanoi ont exprimé leurs doléances au directeur du Bureau des Affaires religieuses venu leur rendre visite

Publié le 18/03/2010




Des informations partielles ont été communiquées au sujet de la 23ème réunion annuelle de la Conférence épiscopale du Vietnam qui avait débuté dans l’après-midi du 7 octobre et s’est achevée le 11 octobre dans les locaux de l’archevêché de Hanoi. Un cardinal, un archevêque, vingt-cinq évêques et deux prêtres administrateurs apostoliques ont participé à cette assemblée. Il est probable que certains évêques venus en Europe à l’occasion des récentes funérailles du cardinal François Xavier Nguyên Van Thuân n’ont pu regagner leur pays à temps pour y participer.

Lors des premiers jours, l’assemblée des évêques, comme c’est la coutume, a écouté les rapports sur les activités de chaque diocèse, ainsi que le compte-rendu des travaux des diverses commissions épiscopales. Ces dernières sont aujourd’hui au nombre de neuf et bénéficient désormais de l’approbation du Bureau des Affaires religieuses, une approbation qu’elles n’avaient pas encore reçue à la dernière réunion de la Conférence épiscopale et qui a été annoncée au bureau permanent à sa dernière réunion, le 4 septembre dernier.

Le 9 octobre, les évêques ont reçu la visite du Bureau des Affaires religieuses du gouvernement. Son directeur, M. Lê Quang Vinh, a commencé par exposer à l’assemblée les progrès accomplis par la nation ainsi que par l’Eglise au cours de l’année écoulée. Selon une source vietnamienne, la rencontre a pris ensuite un caractère plus “interactif”. Aux questions des évêques, le responsable de la politique religieuse gouvernementale a fourni des réponses dont certaines ne manquent pas d’intérêt. Il lui a été demandé si, désormais, l’Eglise allait bénéficier de la possibilité de s’engager dans les domaines des ouvres sociales, de l’éducation ou de la santé. “Cela est possible, a répondu M. Vinh, à condition que soient remplies les conditions exigées par la loi.” D’autres demandes ont concerné le fonctionnement des séminaires et les limitations dont ils souffrent actuellement. Le gouvernement est prêt à augmenter le nombre des séminaristes, mais le recrutement continuera de n’avoir lieu que tous les deux ans. Lorsque les séminaristes auront terminé leurs formation et que viendra le temps de leur ordination, il suffira désormais de présenter aux autorités la liste des candidats à l’ordination. Il ne sera plus nécessaire d’examiner à nouveau leur curriculum vitae, déjà présenté aux autorités au moment de leur entrée au séminaire. Pour la nomination des prêtres dans les paroisses ou leur déplacement, il ne sera besoin que d’en présenter la liste à l’approbation du Comité populaire provincial. Enfin, informé de la rumeur selon laquelle les jeunes gens désirant entrer au séminaire sont obligés de verser de l’argent à la police, le directeur des Affaires religieuses a affirmé que l’Etat et le Parti étaient déterminés à éliminer la concussion surtout quand elle était subie par des candidats à l’état ecclésiastique.

On a également appris qu’au cours de cette rencontre des évêques avec le responsable des Affaires religieuses, il a été question de plaintes présentées au pouvoir central concernant les déficiences de certains cadres locaux, sans qu’il soit précisé si ces doléances ont été exposées à ce moment-là, ou simplement rapportées ce jour-là par le directeur des Affaires religieuses. Toujours est-il que ce dernier a dit aux évêques qu’il en avait pris note et s’efforcerait d’y répondre de son mieux. Les reproches adressés aux cadres régionaux ont été nombreux. Ceux-ci ont l’habitude de laisser traîner les affaires d’une année sur l’autre sans les régler. Leur injustice, leur esprit de discrimination, leur égoïsme ont été évoqués. Dans certains endroits, particulièrement dans les régions isolées et reculées, des fonctionnaires gouvernementaux sont entrés dans les maisons des fidèles où ils ont détruit des autels et des statues, confisqué des livres et des chapelets. Ils ont forcé les fidèles à signer des textes écrits où ils s’engageaient à abandonner la religion, à cesser de suivre l’instruction religieuse et d’annoncer l’Evangile. Dans le diocèse de Kontum, la population se désole de n’avoir ni églises ni de prêtres. Des preuves, des témoignages, des documents ont été présentés à l’appui, avec les dates et les noms des intéressés.

A l’occasion de cette réunion, une nouvelle lettre pastorale commune qui a pour thème la sanctification de la famille a été envoyée à l’ensemble de l’Eglise du Vietnam. Elle souligne en premier lieu les valeurs traditionnelles qui structurent la vie familiale au Vietnam, la piété filiale, la fidélité, la concorde, l’intégration de l’ensemble familial à la société où elle est insérée. Ces valeurs sont aujourd’hui menacées par un certain nombre de phénomènes propres au monde moderne, l’industrialisation, l’urbanisation, les migrations intérieures, le développement des moyens de communication sociale. Dans le corps de la lettre, les évêques vietnamiens ont rappelé la conception chrétienne du mariage et de la famille, puis ont annoncé pour l’année à venir une grande mobilisation de l’Eglise du Vietnam autour des thèmes du mariage et de la famille.