Eglises d'Asie

“Ne faites pas de liens entre l’attentat de Bali et les religions demandent les principaux responsables religieux du pays

Publié le 18/03/2010




Le 14 octobre dernier, au surlendemain de l’attentat qui a coûté la vie à plus de 190 personnes et fait près de 300 blessés, Indonésiens et touristes étrangers, dans l’île de Bali, les principaux responsables religieux du pays ont tenu une conférence de presse commune à Djakarta. Des responsables des religions musulmane, catholique, protestante, bouddhiste et hindoue y ont pris part. Leur message commun a été de déclarer que l’attentat commis à Bali est une tragédie humaine et un acte contre l’humanité mais que les autorités indonésiennes doivent se garder d’établir un lien entre cet acte et une religion en particulier.

“Aucune religion ne peut justifier un acte aussi horrible, une telle action contre l’humanité a notamment déclaré Hasyim Muzadi, de la Nahdlatul Ulama, la plus importante des organisations musulmanes de masse du pays, avec entre 25 et 30 millions de membres. Ce responsable a rajouté que lorsque et au cas où les autorités découvrent qui a commandité et commis l’attentat, les responsables du pays doivent prendre garde à établir un lien entre cette action terroriste et une religion en particulier. “Lier cette action contre l’humanité à une religion ne fera que rendre les Indonésiens soupçonneux les uns envers les autres a-t-il précisé, appelant les autorités du pays à se fonder sur des faits et non sur d’éventuelles analyses pour découvrir les responsables de l’attentat.

Par ailleurs, le cardinal Julius Darmaatmadja, archevêque de Djakarta et président de la Conférence épiscopale indonésienne, a tenu à témoigner sa gratitude au personnel hospitalier à Bali qui a travaillé sans relâche depuis samedi 12 octobre au soir pour recueillir les dépouilles des morts et soigner les blessés. “Nous apprécions leur travail si difficile et espérons qu’ils pourront empêcher que des blessés succombent à leurs blessures. Il ne doit plus y avoir de nouveaux morts”, a déclaré le cardinal. Par un communiqué publié le 13 octobre, la Conférence des évêques catholiques du pays a appelé “tous les catholiques à garder le calme et à ne pas se laisser gagner par l’esprit de division ou de haine” que “des informations sans fondement ou irresponsables” pourraient provoquer.

En Indonésie et dans la presse internationale, les spéculations sont allées bon train pour tenter de déterminer, en l’absence de revendication, les responsables de l’attentat. Différents groupes indonésiens comme le Jemaah Islamiyah ou leaders musulmans comme Abou Bakar Ba’asir, une des figures centrales de l’islam radical indonésien depuis quelques décennies, ont retenu l’attention (1). Des parallèles ont été dressés avec la vague d’attentats anti-chrétiens qui avait endeuillé la veille de Noël en l’an 2000 (18 morts et plus d’une centaine de blessés) (2). Mais rien de concret et de factuel n’était encore apparu à l’heure où nous mettons sous presse. Certains observateurs soulignaient seulement que l’ampleur de l’attentat de Bali, par le nombre des victimes et l’intention supposée – anti-occidentale -, laissait penser que l’Indonésie avait affaire là à une action qui dépassait ce qu’elle avait connu ces dernières années.