Eglises d'Asie – Vietnam
Selon le département d’Etat américain, le Vietnam fait partie des six pays d’Asie où le contrôle étatique sur la religion est le plus lourd
Publié le 18/03/2010
En plus de ces considérations d’ordre général, le rapport grouille de faits généralement empruntés à des rapports déjà connus. On peut y trouver un historique des diverses atteintes à la liberté religieuses dans le cadre de chacune des grandes religions, replacées préalablement dans leur contexte historique et sociologique. Le rapport s’étend davantage et accumule les détails sur la vague de répression religieuse subie par les communautés protestantes des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam depuis les troubles de février-mars 2001.
Il est vraisemblable que le Vietnam n’aurait pas fait partie de la liste noire du département d’Etat si, une semaine auparavant, la Commission américaine pour la liberté religieuse dans le monde n’avait publié un rapport particulièrement accablant pour le Vietnam, demandant aux autorités gouvernementales d’ajouter ce pays à la liste de ceux où la situation de la liberté religieuse est préoccupante, une liste qui comporte désormais 12 pays. Dans son rapport destiné au gouvernement des Etats-Unis, la Commission affirmait que la répression du gouvernement s’exerce sur toutes les religions. Etaient particulièrement mentionnés l’emprisonnement de religieux dissidents, la persécution du clergé, des dirigeants et des adeptes de religions non reconnues par l’Etat. Ce rapport était en partie le résultat d’un voyage d’enquête sur place mené par une délégation de la Commission du 20 au 28 février 2002. Son chef, M. Firuz Kazemzadeh avait, par la suite, expliqué qu’il avait pu rencontrer certains religieux dissidents d’une façon non officielle, grâce à des rendez-vous pris en secret. Il lui avait été interdit de rencontrer les religieux en prison ou en résidence surveillée (2). A l’issue de ce premier rapport, Mme Phan Thuy Thanh, porte-parole des Affaires étrangères vietnamiennes, avait réagi avec vigueur mettant en doute l’objectivité des membres de la Commission.
La réaction du pouvoir vietnamien a été aussi vive lors de la parution du rapport annuel du département d’Etat sur la liberté dans le monde, le 8 octobre dernier. « La chose qu’il faut critiquer, a dit Mme Thanh, le jour même, c’est que les Etats-Unis avancent certaines remarques totalement aberrantes sur la situation religieuse au Vietnam en se basant sur des informations manquant d’objectivité. » La représentante du gouvernement vietnamien s’est interrogée sur cette attitude d’autant plus difficile à comprendre que, par ailleurs, « la partie américaine a dû reconnaître les développements positifs de la situation religieuse au Vietnam » et que les deux pays continuent de maintenir le dialogue dans plusieurs domaines (3).