Eglises d'Asie – Vietnam
Le trafic de femmes et d’enfants se multiplie sous des formes en apparence légale
Publié le 18/03/2010
Nguyên Manh Tê, sous-directeur de la Police judiciaire, dans son exposé au colloque, a parlé de dizaines de milliers de femmes et d’enfants des provinces de Lang Son, Quang Ninh, Ha Giang, Hai Phong, Thanh Hoa, qui, abusés par des intermédiaire, sont conduits en Chine continentale. Les femmes sont proposées, moyennant rétribution, comme épouses, employées domestiques, ou encore comme hôtesse de bars et d’hôtels. Les enfants sont placés dans des maisons où ils sont forcés à travailler. De l’année 1999 au mois d’août 2002, 244 cas de trafic inter-frontalier de femmes ou d’enfants ont été découverts au Nord-Vietnam. Dans les provinces de Hanoi et de Ninh Binh, dans certains cas, ce sont des centaines d’enfants qui ont été conduits à l’étranger. Par ailleurs, depuis quelques années, le nombre annuel de jeunes filles émigrant à Taiwan pour s’y marier avec des ressortissants du pays s’élève à quelques dizaines de milliers. Nombreuses sont celles qui ne contractent que de faux mariages et se trouvent ensuite engagées sur le chemin de la prostitution.
Le même conférencier a également mis en cause les nouvelles procédures juridiques de l’adoption mises en oeuvre récemment par le gouvernement. Elles on été utilisées par des organismes et des individus étrangers qui se sont mis en rapport avec des intermédiaires du pays pour récupérer des enfants, à travers ces procédures légales et en retirer du gain. Des centaines d’enfants sont ainsi partis pour des pays étrangers comme les Etats-Unis, l’Angleterre, la France, le Canada, la Suisse, la Belgique. La majorité des enfants sont des nouveaux nés abandonnés par leurs parents à l’hôpital, ou encore nés dans des familles dépourvues n’ayant pas la capacité de les élever.
Durant le colloque, une victime de ce trafic, Dang Thi Ngoan de la province de Nam Dinh a raconté son histoire. En 1987, répudiée par son mari, elle s’était enfuie à Hanoi où elle avait trouvé un travail de plongeuse. Une offre avantageuse lui fut faite alors de se rendre en Chine dans une province limitrophe du Vietnam. C’est la police de cette province qui la sauva et l’aida à revenir chez elle. De retour au Vietnam, elle apprit que sa fille avait cédé à la même tentation qu’elle.
Les participants du colloque ont proposé au gouvernement toute une panoplie de mesures susceptibles de freiner sinon de mettre un terme à ces divers trafics. Certaines visent en premier lieu à soulager la pauvreté des familles les plus enclines à se laisser tenter par des ressources faciles, en procurant des emplois à leurs membres et en favorisant les études scolaires et la formation professionnelle de leurs enfants. Il a été également proposé de faire adopter par l’Assemblée nationale des amendements aggravant les punitions prévues pour ce type de crimes. Actuellement, l’article 119 concernant la traite des femmes stipule que ce crime est puni d’une peine pouvant s’élever jusqu’à 20 ans de prison. La peine maximum prévue par l’article 120 pour la traite des enfants, leur substitution ou leur enlèvement est la prison à perpétuité.