Eglises d'Asie

Les évêques vietnamiens réunis à Hanoi s’adressent à l’Assemblée nationale pour dénoncer les persécutions subies par les catholiques des minorités ethniques

Publié le 18/03/2010




Accomplissant une démarche sans précédent depuis la fondation de la Conférence épiscopale en 1980, les évêques du Vietnam viennent de s’adresser directement à l’Assemblée nationale du pays pour lui faire part de leurs très graves inquiétudes concernant le type de développement suivi aujourd’hui par le pays et la violation des droits civiques des catholiques appartenant aux minorités ethniques vivant à Kontum sur les Hauts Plateaux du Centre Vietnam et dans la province de Son La, au Nord-Vietnam. Selon une déclaration du P. Antoine Nguyên Ngoc Son, secrétaire de la Conférence épiscopale, rapportée par l’Agence UCAN, c’est au cours de la réunion annuelle des évêques qui s’est déroulée à Hanoi du 7 au 12 octobre dernier que le président de la Conférence, Mgr Paul Nguyên Van Hoa, a rencontré un représentant de l’Assemblée nationale vietnamienne pour lui présenter les vues des évêques sur la situation des catholiques “montagnards” et lui confier une lettre destinée aux députés vietnamiens.

Lors de sa déclaration datée du 16 octobre, le P. Son s’est refusé à dévoiler le contenu exact de la lettre des évêques. Il a cependant affirmé que lors de sa rencontre avec un membre de l’Assemblée nationale, Mgr Hoa avait exprimé la préoccupation des évêques devant les persécutions et les arrestations touchant les catholiques des ethnies minoritaires. Selon une autre source, le rapport rédigé par les évêques contient des références à de nombreux cas concrets de persécution de catholiques du centre et du Nord Vietnam.

Des informations recues les jours précédents avaient déjà mentionné que les évêques avaient fait part à M. Lê Quang Vinh, directeur du Bureau des Affaires religieuses, venu les rencontrer le 9 octobre, lors de leur réunion à Hanoi, de certains cas de persécution subie par les catholiques de régions isolées, mentionnant, par exemple, que “des fonctionnaires gouvernementaux étaient entrés dans les maisons des fidèles où ils ont détruit des autels et des statues, confisqué des livres, des chapelets. Ils ont forcé les fidèles à signer des textes écrits où ils s’engageaient à abandonner la religion, à cesser de suivre l’instruction religieuse et de propager l’évangile” (1).

Cette rencontre avec le responsable des Affaires religieuses a d’ailleurs été le seul contact des évêques vietnamiens avec les autorités gouvernementales pendant leur séjour à Hanoi. Cela a paru d’autant plus étonnant aux observateurs que lors des réunions annuelles précédentes, les évêques n’avaient pratiquement jamais manqué d’aller rendre visite en délégation aux plus hauts dirigeants du pays, comme le Premier ministre, le Président du Conseil d’Etat, le président du Front patriotique. Il est à remarquer aussi que la démarche des évêques a coïncidé avec la visite maintenant annuelle d’une délégation du Saint-Siège venue au Vietnam, du 10 au 16 octobre, pour négocier avec les autorités gouvernementales à propos de divers problèmes de l’Eglise du Vietnam, en particulier des nominations épiscopales (2).