Eglises d'Asie

Quarante ans après Vatican II, des responsables catholiques laïcs de toute l’Asie réunis en colloque estiment que l’enseignement du Concile reste encore à faire

Publié le 18/03/2010




A Bangkok, en Thaïlande, une quarantaine de responsables catholiques laïcs venus de douze pays d’Asie se sont réunis pour participer des 8 au 11 octobre dernier à un colloque dont le thème était : “Vatican II dans le contexte de la mondialisation”. Quarante ans après l’ouverture de ce concile qui a marqué l’histoire de l’Eglise et qui reste dans les mémoires comme un vaste aggiornamento, ces responsables asiatiques ont estimé que beaucoup sinon tout restait à faire dans le domaine de la participation des laïcs à la vie de l’Eglise en Asie.

Durant une des sessions plénières du colloque, le 9 octobre, les participants ont cité le rôle des évêques, des écoles catholiques, des instituts de formation théologique pour laïcs dans la dissémination des documents issus du concile Vatican II et de l’enseignement de l’Eglise à destination des laïcs. Ils ont aussi ajouté que les évêques, les prêtres et les séminaristes devaient apprendre à passer “d’une Eglise enseignante à une Eglise écoutante”. Selon les termes d’un des participants, Balla Arlaiah, coordinateur pour l’Asie du Mouvement international de la jeunesse agricole et rurale catholique, “le clergé n’aide pas, les clercs restent silencieux, ils sont inquiets de perdre leur position dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles ils n’impliquent pas véritablement les laïcs dans leur action”.

Pour Balla Arlaiah, qui travaille avec des enfants des rues et des personnes marginalisées en Inde, comme pour d’autres participants à ce colloque, la question n’est pas de convoquer un Vatican III ni même d’élaborer “un plan d’action”, ainsi qu’il avait été, dans un premier temps, proposé de le faire au début de la rencontre. Pour les jeunes catholiques d’aujourd’hui en Asie, Vatican II ne signifie pas grand-chose et, a demandé Balla Arlaiah, “nous devons faire circuler des milliers d’exemplaires des documents issus de Vatican II”, traduits dans les langues locales et pas uniquement utilisés dans leur version anglaise. Mina Ramirez, responsable de l’Institut social asiatique, basé à Manille, aux Philippines, l’urgence est d’abord de lire et de faire connaître ces documents.

Plusieurs participants ont souligné le travail réalisé par la FABC (Fédération des conférences épiscopales d’Asie) dans cette direction. Le P. Nipote Thienviharn, du Centre asiatique pour le progrès des peuples, a ainsi souligné que la FABC avait contribué “à injecter une spiritualité dans les mouvements de laïcs”. D’autres ont exprimé le souhait de se voir mieux soutenus par la hiérarchie de l’Eglise. Selon Basil Fernando, de la Commission asiatique pour les droits de l’homme, trop souvent les défenseurs catholiques des droits de l’homme, qu’ils soient laïcs, prêtres ou religieux, travaillent de leur propre initiative, sans le soutien de leurs évêques. Or, a estimé ce responsable, prenant en exemple le travail de défense des droits et de la dignité des peuples aborigènes, d’excellents résultats pourraient être obtenus si ces initiatives étaient efficacement relayées par l’Eglise en tant qu’institution.

Pour Rungtip Imrungruang, de la branche asiatique du Mouvement international des étudiants chrétiens, le travail qu’elle et ses pairs mènent en Thaïlande gagnerait à être soutenu plus formellement par la hiérarchie de l’Eglise de Thaïlande qui, trop souvent, considère les militants des droits de l’homme comme des “fauteurs de troubles Or, le gouvernement thaïlandais “est très sensible aux commentaires émis à l’étranger” sur son compte et sur la Thaïlande. L’Eglise, a-t-elle encore souligné, pourrait mettre en ouvre des pressions constructives en usant de son influence pour, par exemple, faire connaître les problèmes environnementaux dont pâtissent en premier lieu les pauvres.