Eglises d'Asie

Des syndicalistes représentant le personnel gréviste de quatre hôpitaux catholiques sont partis au Vatican où ils souhaitent demander la médiation du pape dans un conflit vieux de plusieurs mois

Publié le 18/03/2010




Selon le Syndicat coréen des employés médicaux et du secteur de la santé, une délégation de neuf syndicalistes a quitté la Corée le 21 octobre dernier pour se rendre au Vatican, où elle compte demander l’aide du pape pour résoudre un conflit vieux de plusieurs mois entre une partie du personnel et la direction de quatre hôpitaux catholiques du pays. Lee Joo-ho, directeur des affaires internationales du syndicat, a déclaré que « la délégation organisera un sit-in de protestation au Vatican si une entrevue avec le pape n’est pas obtenue avant Noël (2002) ».

La délégation syndicale comprend des représentants des personnels syndiqués de trois hôpitaux catholiques gérés par le Centre médical catholique, de l’archidiocèse de Séoul, et de l’hôpital catholique de Mokpo, géré par l’archidiocèse de Kwangju. La grève qui paralyse en partie ces hôpitaux a démarré le 23 mai dernier lorsque les syndicats ont demandé une amélioration des salaires et des conditions de travail dans un total de 130 hôpitaux à travers le pays. Depuis cette date, le conflit perdure dans six hôpitaux – les quatre établissements catholiques mentionnés (celui de Mokpo, celui de Sainte Marie à Kangnam, celui de Sainte Marie à Yeouido et celui de la Sainte Famille à Bucheon) ainsi que deux autres qui n’appartiennent pas à l’Eglise catholique. Conformément à la législation sud-coréenne, une médiation gouvernementale a été organisée entre la direction des hôpitaux et les grévistes mais elle a échoué. Après un raid de la police, le 11 septembre dernier, pour déloger des grévistes de l’hôpital Sainte Marie à Kangnam, la situation s’est encore dégradée (1). Environ 200 syndiqués ont mis en place un sit-in de protestation devant la cathédrale Myongdong, à Séoul. Ils demandent à l’archevêque du diocèse, Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, de s’impliquer dans le règlement du conflit mais n’ont pas, à ce jour, obtenu de réponse à leur requête.

Selon Lee Joo-ho, l’envoi d’une délégation à Rome répond à la nécessité d’« informer le Saint-Siège et l’opinion internationale des mesures oppressives prises par l’administration des hôpitaux catholiques contre leur personnel syndiqué ». Les délégués ont pour tâche de demander au pape de presser les évêques coréens de restaurer le dialogue avec les syndicats. Ils veulent également obtenir du Saint Père l’envoi d’une mission d’enquête afin de constater les « réalités » auxquelles font face le personnel syndiqué des établissements de santé. Ils dénoncent en particulier la décision prise le 17 septembre dernier par l’archidiocèse de Kwangju de fermer l’hôpital de Mokpo afin de se débarrasser de ses syndicats.

Commentant l’envoi de la délégation au Vatican, le P. Paul Lee Chang-young, sous-secrétaire de la Conférence des évêques catholiques sud-coréens, a déclaré le 25 octobre dernier qu’il ne pensait pas que les syndicalistes parviendront à rencontrer le pape car c’était là « un problème relevant de l’Eglise locale » ; il a estimé que le pape ne réagira éventuellement pas auprès de la délégation mais auprès des évêques coréens. Dès le 6 octobre dernier, le bureau de communication de l’archidiocèse de Séoul avait fait paraître un argumentaire en trois pages expliquant que la grève pourrait facilement être terminée si les syndicats acceptaient la solution préconisée par la médiation gouvernementale. Distribué dans chaque paroisse avec le bulletin hebdomadaire de l’archidiocèse et lu en chaire, l’argumentaire affirmait également que les grévistes ne protestaient pas contre la violation de leurs droits mais cherchaient leur seul intérêt, au mépris du bien commun, raison d’être des hôpitaux gérés par l’Eglise.