Eglises d'Asie – Inde
Gujarat : de nouvelles élections législatives prévues pour le mois de décembre sont bien accueillies par la hiérarchie catholique de l’Etat
Publié le 18/03/2010
Voilà quelque temps qu’une bataille juridique s’était engagée entre la Commission des élections, qui est un organe fédéral indépendant et les dirigeants du Bharatiya Janata Party (Parti du Peuple indien, BJP), parti qui gouverne le Gujarat et conduit la coalition détenant le pouvoir fédéral. Après les émeutes qui, de mars à mai 2002, ont ensanglanté l’Etat, tuant plus de 1 000 personnes, en majorité musulmanes, le parti au pouvoir avait dissous l’Assemblée, le 19 juin, neuf mois avant le terme normal de son mandat et réclamé des élections anticipées, afin, selon ses détracteurs, de pouvoir tirer un avantage électoral du climat passionné et divisé qui règne aujourd’hui encore dans la région. La demande avait été rejetée par la Commission fédérale des élections composée de trois membres. Ceux-ci avaient mis en avant le fait que l’Etat n’avaient pas encore réglé le problème des nombreuses familles déplacées et dispersées après les événements. Beaucoup de musulmans n’étaient pas encore rentrés chez eux par crainte de leurs voisins hindous.
Un conflit oral avait alors opposé les dirigeants BJP et la Commission. Le ministre-président démissionnaire, Narendra Modi, avait affirmé que le refus de la Commission était le fruit d’un complot chrétien. Le chef de la Commission, James Michael Lyngdoh, avait même été accusé de connivence avec les pouvoirs occidentaux. Le gouvernement du Gujarat avait porté le litige devant la Cour suprême qui s’était déclarée incompétente, jugeant le domaine des élections du seul ressort de la Commission des élections, le Parlement n’ayant pas le droit de s’opposer à ses décisions.
La nouvelle décision de la Commission a été prise après que la situation résidentielle de l’électorat de l’Etat fut éclaircie. 170 000 des 224 000 électeurs du Gujarat dont on avait perdu la trace ont été à nouveau localisés. La date des élections a visiblement satisfait les évêques de l’Etat. Mgr Grégory Karotemprel, évêque de Rajkot, a déclaré que la nouvelle date était parfaite car, désormais, la population était prête à faire son choix. La campagne électorale s’est trouvée ainsi lancée, une campagne à laquelle les fidèles ont été chaudement encouragés à participer par la hiérarchie locale. Mgr Godfrey de Rosario, évêque de Baroda, les a averti qu’il s’agissait d’une bataille pour la survie. Mgr Stanislaus Fernandes, ordinaire de la ville d’Ahmedabad, la plus touchée lors des récents troubles, a rappelé aux chrétiens de la ville qu’ils étaient plus concernés que quiconque. Cependant, il leur a demandé de se méfier de la passion et de se montrer prudents lors de leur vote.
L’attitude de la hiérarchie catholique à propos du prochain scrutin a été confortée par la position prise par l’Association Lok Sangarsh Samiti (Comité de lutte du peuple), un groupe composé d’un certain nombre d’anciens militants de l’indépendance de l’Inde. Il a appelé la population à voter contre le BJP et à ne pas laisser cette formation revenir au pouvoir. “Il n’y a pas d’autre choix possible a dit son animateur, Indukumar Jani. Un autre membre du Comité qui s’est illustré, il y a cinquante ans, dans la lutte pour l’indépendance, a souligné que ces élections étaient d’une importance capitale, compte tenu des menaces qui pèsent aujourd’hui sur les libertés civiles et sur la Constitution.