Eglises d'Asie

Jammu-et-Cachemire : des partis modérés ont conclu une alliance de gouvernement qui bénéficie du soutien des milieux chrétiens et de la majorité musulmane

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat de Jammu-et-Cachemire, après la sévère défaite subie par le parti pro-indien, la Conférence nationale (NC), lors des récentes élections législatives, dont le dernier scrutin a eu lieu le 8 octobre dernier (1), une nouvelle coalition politique s’est mise en place, susceptible de former un nouveau gouvernement. Après seize jours de négociations, le 26 octobre, le Parti du Congrès et le Parti démocratique du peuple, qui a reçu une grande partie des votes musulmans, se sont alliés. A eux deux, ils avaient obtenu 36 sièges contre 30 pour l’ancien parti au pouvoir. Avec quelques partis régionaux et indépendants, ils ont formé une alliance majoritaire et ont conclu un accord portant sur un programme commun minimum. Dès qu’il a été connu, il semble avoir satisfait les autorités religieuses chrétiennes dont les premières réactions se sont montrées favorables. “Nous sommes heureux d’avoir un nouveau gouvernement, a dit Mgr Peter Celestine Elampassery, évêque du diocèse catholique de Jammu-Srinagar, et chacun espère que la situation redeviendra ce qu’elle était il y a treize ans.”

Le programme gouvernemental commun, élaboré par la coalition, prévoit de restaurer l’autorité de la loi dans l’Etat et “de guérir les blessures physiques, psychologiques et affectives infligées par la violence depuis 1989 Depuis cette date en effet, la lutte pour l’indépendance de l’Etat menée par des guérilleros musulmans contre les forces armées indiennes a mis à feu et à sang cette ancienne région touristique située aux contreforts de l’Himalaya. L’Inde accuse le Pakistan de soutenir cette rébellion. Mais celui-ci, qui contrôle une partie du Cachemire, accuse l’Inde d’user de la force pour réprimer le droit du Cachemire à l’autodétermination. La Conférence nationale, parti pro-indien qui a gouverné le pays pendant vingt ans jusqu’aux dernières élections, a acquis une réputation de corruption et de népotisme, réputation qui lui a fait perdre 27 sièges aux dernières élections. Le nouveau ministre-président, Mufti Mohammed Sayyed, a promis de ne pas réitérer les erreurs de ses prédécesseurs et de délaisser toute ambition personnelle pour régler les problèmes du Cachemire.

Le programme de la nouvelle coalition encourage les actuels rebelles à abandonner les armes. Il prévoit également à leur intention un programme de réhabilitation. Des enquêtes vont être menées sur les violations des droits de l’homme et les massacres commis par les forces de sécurité. Mohammed Sayyef, dans une conférence de presse, le 28 octobre dernier, a promis que les cas de tous les prisonniers politiques seraient soumis à un nouvel examen. “Le nouveau gouvernement, a-t-il dit, a l’intention de tendre la main aussi bien aux familles des rebelles qu’à celles de leurs victimes.” Il est également dans les intentions des nouveaux gouvernants de suspendre l’application de la loi de prévention du terrorisme, un texte adopté par le gouvernement fédéral il y a quelques mois, en dépit des protestations des organismes des droits de l’homme craignant qu’il soit fait un mauvais usage de cette disposition législative. Il est prévu aussi que le Groupe des opérations spéciales, accusé de multiples violations des droits de l’homme, redevienne une unité ordinaire de la police.

Le P. Joseph Koovackal, vicaire général du diocèse de Jammu-Srinagar, dans un entretien avec l’agence Ucanews, a rapporté que la population attendait avec impatience que le nouveau gouvernement la débarrasse des tensions actuelles. Pour cela, la coalition ne doit pas se disloquer avant six ans, durée qui est celle du mandat du gouvernement, sous peine de voir la situation se dégrader. Selon le contrat passé entre les partis coalisés, l’actuel ministre-président, Mufti Mohammed Sayyed, sera relayé dans trois ans par un dirigeant du Parti du Congrès. Selon les observateurs, le nouveau gouvernement bénéficie aujourd’hui du large soutien de la population de la vallée du Cachemire qui estime qu’il est le seul qui puisse l’aider à sortir de la présente crise.