Eglises d'Asie

Le directeur des Affaires religieuses fait l’apologie de la politique religieuse du gouvernement mais reconnaît les fautes de certains cadres locaux

Publié le 18/03/2010




Chaque rapport annuel sur la liberté religieuse dans le monde publié par le département d’Etat américain reçoit habituellement une brève réponse des autorités vietnamiennes. C’est généralement le porte-parole du ministère des Affaires étrangères qui en est chargé lors d’une conférence de presse. Il se contente souvent d’affirmer l’existence de la liberté religieuse au Vietnam et de démentir les faits précis incriminés dans le rapport. Il n’en a pas été de même pour le rapport annuel publié par le département d’Etat le 26 octobre dernier (1). La réponse a pris la forme d’une interview accordée par Lê Quang Vinh, le plus haut responsable de la politique religieuse du pays, au journal de l’armée populaire, Quân dôi nhân dân (2). Contrairement à l’habitude, le rapport américain a fait l’objet d’une critique systématique, point par point.

Le directeur des Affaires religieuses a pris en compte avec un soin plus particulier les accusations formulées contre le comportement des autorités vietnamiennes en milieu montagnard par beaucoup d’instances nationales et internationales. La dénonciation la plus récente à ce sujet est celle de l’épiscopat vietnamien qui a transmis un rapport à l’Assemblée nationale, lors de sa plus récente assemblée plénière (3). Preuves à l’appui, ils ont accusé les cadres religieux locaux d’exercer des pressions insupportables sur les catholiques montagnards des Hauts-Plateaux du Centre et de la province de Son La, allant jusqu’à les forcer à renoncer à leur religion. On peut remarquer que le directeur des Affaires religieuses aborde le sujet à deux endroits différents de son interview, et de façon fort différente. La première fois, il reconnaît que, dans certaines régions montagneuses et reculées, quelques cadres ont violé la politique religieuse en vigueur. Ce sont, dit-il, des erreurs dues au manque de conscience, à une connaissance insuffisante des directives, ou aux méthodes erronées utilisées. Mais, conclut-il une première fois, ces erreurs ont été réparées “immédiatement selon l’arrêté gouvernemental 26/1999/ND-CP qui “interdit toute discrimination liée à la croyance ou à la religion” (4). M. Vinh est revenu une seconde fois un peu plus loin sur le même sujet. Cette fois, il repousse les accusations selon lesquelles les activités de propagation de la religion seraient entravées dans les régions des Hauts-Plateaux du Centre et dans le nord-ouest du pays. “Il n’a jamais été question d’empêcher de propager la religion dans ces régions-là affirme-t-il. Il accuse le protestantisme dit “Vang Chu” chez les H’mongs du nord-ouest et le christianisme Dega sur les Hauts-Plateaux d’être en réalité des mouvements politiques. Le premier voulant créer un royaume h’mong, le second cherchant à faire naître un Etat indépendant. S’il y a des actions policières, conclut alors le responsable des Affaires religieuses, c’est parce qu’il y a atteinte à la sécurité politique et à l’ordre social. Dans ce cas-là, l’Etat ne fait que défendre l’indépendance et la souveraineté nationale.

Trois critères sont à considérer, remarque le directeur des Affaires religieuses, lorsqu’on veut juger de la situation de la liberté religieuse : la formation du clergé, la diffusion des textes religieux canoniques, la construction des édifices religieux. De ces trois points de vue, la religion se porte bien au Vietnam. Dans le premier domaine, il suffit de constater que le nombre de religieux en formation à l’étranger dépasse aujourd’hui les 500. Le nombre de textes religieux est en augmentation constante chaque année. En deux ans, la Maison d’Editions religieuse a fait paraître plus de 400 titres. Quant aux édifices religieux, on en recense actuellement plus de 22 000 dans tout le pays, fréquentés par de nombreux fidèles. Il y a eu cette année plus de 200 000 fidèles au pèlerinage catholique de La Vang, de 300 à 400 000 fidèles à la fête bouddhiste hoa hao de An Giang. Jamais aucun régime précédent n’a pu présenter de tels chiffres, s’est réjoui Lê Quang Vinh.