Eglises d'Asie

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés demande aux Est-Timorais encore présents au Timor occidental de rejoindre leur pays d’origine avant la fin décembre 2002

Publié le 18/03/2010




Robert Ashe, responsable à Djakarta du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), a rencontré, le 2 octobre dernier, une centaine de représentants des réfugiés est-timorais encore présents au Timor occidental, en Indonésie, et leur a demandé instamment de rentrer dans leur pays, au Timor-Oriental, avant que, le 31 décembre prochain, le plan d’aide au retour financé par l’ONU touche à sa fin. Cette rencontre s’est tenue à Atambua, au Timor occidental, région où vivent la plupart des Est-Timorais réfugiés en Indonésie (1).

Robert Ashe a tenu, pour commencer, à rassurer les réfugiés sur la situation au Timor-Oriental, “généralement sûre”. Des disputes surviennent parfois, “comme partout ailleurs et vous devez vous souvenir que votre pays n’est pas un paradis leur a-t-il dit. L’UNHCR, en collaboration avec l’Organisation internationale des migrations et le gouvernement indonésien, peut encore aider au rapatriement, mais, leur a-t-il signifié, ceux qui choisiront de rester seront transférés à Sumba, une île située à 290 km. à l’ouest de Timor. “Nous devons y construire pas moins de 3 000 habitations pour vous, réfugiés est-timorais, mais vous devez nous dire si vous souhaitez vous installer là-bas. Si vous donnez votre accord, nous vous construirons immédiatement ces maisons”, leur a-t-il promis, tout en leur précisant que, dans le cas contraire, ils n’auraient droit à rien.

Un des représentants des réfugiés, Agustinho, a pour sa part demandé à l’UNHCR de ne pas les transférer à Sumba : “Nous voulons rester au Timor occidental. Quant aux maisons, on préférerait recevoir l’argent et les construire nous-mêmes.” Robert Ashe a répondu que les pays donateurs avaient donné cet argent pour que l’agence construise ces habitations et non pour qu’il soit distribué en espèces aux réfugiés. Il leur a rappelé également que l’objectif premier de l’UNHCR était leur transfert à Sumba : “Si vous voulez vous établir au Timor occidental, a-t-il continué, parlez-en aux responsables du district et à ceux de la province”.

Le responsable du district d’Atambua, Marsellus Bere, présent lui aussi à cette rencontre, a demandé quant à lui au UNHCR de rapatrier “immédiatement” les réfugiés ou de les transférer hors du Timor occidental, “leur présence étant un fardeau pour les habitants” (2Le colonel indonésien Moeswarno Moesanip, coordinateur pour le rapatriement des réfugiés, a précisé quant à lui que 45 000 Est-Timorais résidaient encore en Indonésie, la plupart au Timor occidental et une petite partie sur les îles de Florès et Sumba.

Un mois plus tard, le président du Timor-Oriental lui-même, Jose Alexandre ‘Xanana’ Gusmao, a entrepris sa première visite officielle au Timor occidental où il a rencontré lui aussi les réfugiés est-timorais. Après une visite à Kupang, la capitale provinciale, il s’est adressé le 3 novembre aux 3 000 réfugiés de Kefamenanu pour leur dire que quelqu’un qui n’avait rien à se reprocher depuis le référendum de 1999 se devait de rentrer au pays. Par contre, « passeront en justice ceux qui seront reconnus coupables d’atteintes aux droits de l’homme. Il ne s’agit pas de vengeance. Nous voulons simplement réaffirmer la force de la loi et éviter que de telles violences ne se reproduisent un jour”. “Vous n’avez rien à craindre d’un retour au pays”, a-t-il encore affirmé, suppliant les réfugiés de ne pas se fier à certaines rumeurs : “Le Timor-Oriental est sûr, tout en n’étant pas encore le paradis. Il y a des disputes comme partout. L’important est de ne pas en demander trop. L’avenir est entre nos mains. Si on ne travaille pas, on ne mange pas.”

Le 4 novembre, il a lancé le même appel aux 5 000 réfugiés est-timorais d’Atambua, ville frontière entre les deux Timor. Il leur a recommandé de profiter des moyens de rapatriement mis à leur disposition par le gouvernement indonésien et l’UNHCR : “Je vous demande de revenir au pays avant le 31 décembre, avant que le programme d’assistance n’expire. Après cette date, vous trouverez difficilement un moyen de transport pour rejoindre votre village.”

D’après les chiffres officiels, 250 000 personnes ont fuit le Timor-Oriental après le référendum de 1999 organisé par le Nations Unies et d’où est sortie l’indépendance. Les violences qui s’ensuivirent ont été attribuées aux miliciens est-timorais anti-indépendantistes soutenus pas les militaires indonésiens. Les réfugiés furent regroupés, pour la plupart, dans des camps situés au Timor occidental, gardés et contrôlés, aux dires des travailleurs sociaux, par des membres des anciennes milices. De sources ecclésiastiques, même encore maintenant, de nombreux réfugiés liés aux miliciens craignent de revenir au pays par crainte d’être maltraités par les Est-Timorais partisans de l’indépendance, spécialement par les parents des victimes de l’insurrection.