Eglises d'Asie

LES EGLISES LOCALES D’ASIE S’EVEILLENT A LA MISSION

Publié le 18/03/2010




Bonnes nouvelles d’Asie ! Les Eglises locales de ce vaste continent continuent d’explorer leur engagement à la mis-sion d’évangélisation de l’Eglise. Elles cherchent à suivre Jésus, le premier évangélisateur et missionnaire du Père, qui prit chair comme asiatique ; le sauveur du monde est né en Asie. Avec une vigueur et une joie renouvelées, les Eglises d’Asie acceptent leur vocation missionnaire ; elles affirment avec Jean-Paul II “de même que dans le premier millénaire la Croix fut plantée sur le sol de l’Europe, et dans le second millénaire sur le sol de l’Afrique et des Amériques, nous pouvons prier pour que dans le troisième millénaire chrétien une grande moisson de foi soit récoltée dans ce vaste continent (asiatique)” (EA 1).

Contexte de l’Asie

Suivant la recommandation du Concile Vatican II, d’ “examiner les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile” (GS 4), les Eglises locales d’Asie commencent leur réflexion de foi par une respectueuse attention aux réalités de l’Asie, à ses statistiques et défis concrets. Cette approche inductive, caractéristique de la théologie asiatique contemporaine, encourage un sain discernement et exploration de ce que l’Esprit du Christ dit aux Eglises de cet immense continent asiatique, où habitent 60 % de l’humanité.

Les réalités statistiques de l’Asie surprennent et portent un défi. Environ 4 milliards de personnes, presque les deux tiers de l’humanité, vivent en Asie. La Chine et l’Inde ont chacune une population de plus d’un milliard de personnes. 85 % des non-chrétiens dans le monde vivent en Asie. Les catholiques – 110 millions en l’an 2000 – représentent moins de 3 % de tous les Asiatiques. Et plus de 50 % des catholiques d’Asie vivent dans un seul pays : les Philippines. Ainsi, dans la plupart des pays d’Asie, les catholiques sont une petite et même minuscule minorité : souvent moins de 1 %. L’islam compte quelque 700 millions de fidèles dans la seule Asie. Les deux plus grandes nations musulmanes sont en Asie : ce sont l’Indonésie et le Bangladesh, qui ont chacune plus de 100 millions de musulmans.

Pour se rendre compte du statut de minorité de l’Eglise en Asie et de ses implications missionnaires, on a simplement besoin de jeter un coup d’oil aux différents pays et de comparer la population totale avec le pourcentage de catholiques : Bangladesh : 145,8 m. / 0,27 % ; Bhoutan : 1,8 m. / 0,02 % ; Birmanie/Myanmar : 48,8 m. / 1,3 % ; Chine : 1 239,5 m. / 0,5 % ; Hongkong : 6,9 m. / 4,7 % ; Inde : 1 003 m. / 1,72 % ; Indonésie : 202 m. / 2,58 ; Japon : 127,7 m. / 0,36 % ; Corée du Nord : 22,6 m. / ? ; Corée du Sud : 47,2 m. / 6,7 % ; Laos : 6,2 m. / 0,9 % ; Macao : 0,5 m. / 5 % ; Malaisie : 22 m. / 3 % ; Mongolie : 2,5 m. / ? ; Népal : 23 m. / 0,05 % ; Pakistan : 142,6 m. / 0,6 % ; Philippines : 74,8 m. / 81 % ; Singapour : 3,1 m. / 5,5 % ; Sri Lanka : 20,8 m. / 8 % ; Taiwan : 61,6 m. / 0,4 % ; Vietnam : 78,2 m. / 6,1 %.

Bien qu’il n’y ait aucune Eglise d’Asie qui soit si petite ou si pauvre qu’elle n’ait rien à donner, et de même qu’aucune Eglise d’Asie n’est si grande et si puissante qu’elle n’ait rien à recevoir, les cinq Eglises locales généralement reconnues comme ayant clairement un potentiel missionnaire au delà de leurs frontières sont les Philippines, l’Inde, la Corée du Sud, l’Indonésie et le Vietnam. Cependant, il reste vrai que, indépendamment de sa taille ou de sa force numérique, chaque Eglise locale est appelée à la Mission dans la puissance de l’Esprit.

Rôle de la FABC.

La Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) a été le corps le plus influent dans l’Eglise d’Asie depuis le Concile de Vatican II. Les racines de la FABC à la réunion en 1970 de 180 évêques avec le pape Paul VI à Manille, les documents de la FABC, qui s’étendent sur trois décennies, sont une source essentielle pour comprendre le développe-ment dynamique de la mission, de la théologie, du dialogue, de l’ecclésiologie et de l’évangélisation dans les Eglises locales d’Asie. Instrument inspiré par l’Esprit, la FABC a encouragé une véritable réception locale des enseignements du Concile et a permis que ces derniers soient véritablement concrétisés pour tous les peuples d’Asie.

A travers la FABC, une ecclésiologie et une missiologie des Eglises d’Asie a été mise en forme. Une “manière nouvelle d’être Eglise” adaptée de façon unique au contexte et aux défis asiatiques a émergé. La FABC a encouragé une “Pentecôte asiatique” !

En discernant sa réponse missionnaire, chaque Eglise locale doit approfondir ses vues théologiques par une réflexion sur le point de savoir comment les réalités socio-économico-politiques affectent l’Eglise et sa mission. Récemment, les évêques d’Asie (FABC VII) ont identifié sept grandes questions et défis : 1.) la mondialisation en tant que ques-tion éthique et morale ; 2.) le fondamentalisme qui encoura-ge l’extrémisme et la division dans les sociétés asiatiques, qui sont multiethniques, multiculturelles et multireligieu-ses ; 3.) les situations politiques qui nient la démocratie, centralisent le pouvoir et les décisions, perpétuent une corruption rampante du gouvernement ; 4.) une détério-ration de l’environnement et de l’écologie (pollution incontrôlée, pauvreté dégradante, déforestation, etc.) ; 5.) une militarisation qui induit des conflits ethniques, un commerce des armes, une prolifération nucléaire et un usage persistant des mines. Ces réalités rendent tragiquement concrets le but et l’ampleur de la mission d’évangélisation de l’Eglise en Asie.

Vision d’une Eglise renouvelée

Les Eglises d’Asie, suivant en cela la FABC et les initiatives locales, se sont renouvelées pour le service ad intra et ad extra, pour l’évangélisation à l’intérieur du pays aussi bien que pour la mission ad gentes. Il y a eu huit mouvements clairement observables dans ce processus de renouvellement (cf. FABC VII). Il faut noter que ces mouvements ne sont pas quelques travaux extérieurs à accomplir : ils définissent les caractéristiques d’“être l’Eglise ils sont intégrés dans la nature et l’essence du Corps vivant du Christ en Asie.

Trois décennies d’influence de la FABC depuis 1970 ont vu : 1.) un mouvement vers devenir une Eglise des pauvres et une Eglise des jeunes : les communautés ecclésiales dési-rent être aux côtés des multitudes de pauvres et de jeunes en Asie, partageant leurs joies et leurs espoirs, leurs vicissitu-des et leurs problèmes. Le premier mouvement engendre naturellement un autre mouvement : 2.) devenir une vérita-ble Eglise locale qui est incarnée dans le peuple, une Eglise indigène et inculturée avec une diversité de ministères.

Les Eglises d’Asie en sont venues à 3.) adopter une profonde intériorité, à devenir des communautés priantes insérées dans la vie et la culture locales, donnant un témoignage crédible d’amour et de service. De telles Eglises se dirigent vers 4.) être une authentique communauté de foi, une “communion de communautés” qui vivent participation et co-responsabilité ; en Asie, cela signifie soutenir des communautés humaines de base et des communautés ecclésiales de base.

De véritables Eglises locales doivent nécessairement aller vers 5.) favoriser une évangélisation intégrale active et un sens nouveau de la mission ; la compassion envers tous les Asiatiques sera la marque de cette évangélisation. Le processus entier comprend 6.) promouvoir le pouvoir du peuple. Hommes et femmes de tous les genres de vie et de tous les niveaux de la société doivent se joindre à cette mission commune de l’Eglise. Une authentique attitude de disciple dirigera les catholiques vers un engagement actif dans 7.) la génération et le service de la vie (contre les nombreuses forces de mort qui sont à l’ouvre en Asie).

Tous ces mouvements vers une expression unique du “vivre en Eglise” en Asie ont été beaucoup encouragés par la fondation du mouvement que l’Assemblée plénière de la FABC a énoncé d’abord en 1974 et qu’elle a constamment réaffirmé depuis : 8.) s’engager dans un triple dialogue. Chaque Eglise locale doit être en interaction aimante et continue avec les peuples d’Asie, spécialement les pauvres, leurs cultures et leurs religions.

Ces huit mouvements sont devenus les marques définies et les caractéristiques essentielles de l’Eglise en Asie. Elles clarifient à la fois l’identité et la mission des communautés locales de foi. Saisir cette manière asiatique d’être Eglise, c’est comprendre le chemin de renouveau que les communautés de l’Eglise catholique romaine en Asie ont parcouru dans les quelque quarante ans après Vatican II.

La méthodologie pastorale en spirale

Comment les Eglises locales d’Asie envisagent-elles d’appliquer leurs vues sur la manière de faire Eglise et de remplir leur mission ? Comment l’Eglise d’Asie sera-t-elle une “communion de communautés une “Eglise participante” et une “Eglise locale inculturée” qui témoigne du “Christ ressuscité” ? Une approche unique s’est construite (cf. BISA VII). Cette méthodologie en quatre étapes a été appelée “la pastorale en spirale”.

Le processus commence avec une “exposition-immersion” ; il peut aussi être appelé “entrer dans un dialogue de vie L’exposition-immersion suit le principe de base de l’incarnation ; les chrétiens locaux cherchent à partager la vie quotidienne de leurs voisins et de leurs communautés. Ils cherchent à comprendre et à apprécier, à travers l’expérience et l’interaction directes, la situation ordinaire partagée par les musulmans, les bouddhistes, les hindous et les chrétiens. En un mot, ils sont invités à pratiquer une “bonne ‘voisinologie’ 

Le second stade d’analyse sociale suit. Les communautés essayent d’évaluer les systèmes sociaux, économiques, politiques, culturels et religieux de leurs sociétés. Elles observent et analysent les événements et les tendances, discernant l’impact du changement social sur leurs vies. Elles évaluent les signes des temps, les voix de l’âge contemporain, les événements de l’histoire, aussi bien que les besoins et les aspirations des gens et des communautés. C’est un effort intercommunautaire pour comprendre les réalités qui façonnent leurs vies.

Les Asiatiques ont vu la nécessité d’intégrer l’analyse sociale (stade n° 2) avec la dimension contemplative (stade n° 3) de l’évangélisation et du développement social ; ce troisième stade émerge de l’héritage religieux et culturel de l’Asie. A travers cette contemplation, les gens découvrent la présence et l’activité de Dieu dans les réalités sociales, discernant non seulement les aspects négatifs et qui rendent esclave mais aussi les aspects positifs de la vie qui peuvent inspirer une véritable spiritualité et conscience de Dieu. Ce stade dans la démarche totale s’est révélé très bénéfique ; il permet par exemple aux pauvres d’apporter une contribution unique à la mission de l’Eglise ; il apporte prière et spiritualité à leurs efforts.

Le troisième stade de cette réflexion spirituelle et théologique débouche sur le quatrième stade appelé “planification pastorale”, qui s’efforce de traduire les trois précédents stades en plans de mission actuels et réalisables. En vérité, des programmes concrets d’évangélisation sont finalement nécessaires, mais ils sont mieux conçus à travers cette démarche asiatique qui discerne activement ce que le Maître de l’histoire demande à l’Eglise d’être et de faire.

Finalement, on doit noter que cette démarche est une spirale ; elle doit être fréquemment répétée ; on espère qu’à chaque tour ou cycle, elle va plus haut et plus loin. Les Eglises locales en Asie se sont engagées dans cette approche difficile de la mission et de l’évangélisation.

Les défis propres à la mission

Cet article a essayé de présenter systématiquement l’engagement croissant des Eglises locales d’Asie dans la mission : il a commencé avec le “contexte asiatique” et le rôle pivot de la FABC ; il a souligné les caractéristiques d’une “Eglise renouvelée” ainsi que la “méthodologie” choisie pour remplir sa mission. Maintenant, cet article voudrait orienter les attentions sur cinq types de personnes vers qui l’Eglise veut diriger sa mission d’amour et de service. Ces groupes de gens ne doivent pas être vus comme des bénéficiaires passifs des initiatives missionnai-res ; bien qu’ils tirent certainement bénéfice des program-mes apostoliques de l’Eglise, ils deviendront, nous l’espé-rons, des partenaires actifs de sa mission. Ces secteurs sont : les jeunes, les femmes, les familles, les peuples indi-gènes, les migrants et les réfugiés (Cf. FABC VI et VII).

L’Eglise rencontre la réalité de l’Asie comme le continent de la jeunesse, qui constitue la majorité de la bourgeonnan-te population de l’Asie. La jeunesse est une source d’énergie et de vitalité dans l’Eglise et la société ; elle peut aussi devenir la victime vulnérable des structures d’exploitation dans le monde. Les aspirations de la jeunesse pour l’avenir doivent être comprises à l’intérieur des changements complexes de la culture et de la société contemporaines, ainsi que nous l’avons précédemment noté. Ces problèmes demandent une réponse collective de l’Eglise. Quand les jeunes deviendront-ils “partenaires de la mission” avec le personnel d’Eglise de telle manière que leur potentiel soit pleinement réalisé ?

La question complexe des femmes et des filles en Asie reste un souci majeur ; certains préjugés culturels exercent une influence discriminatoire sur leur traitement. Les initiatives de l’Eglise peuvent créer des structures effectives pour en faire prendre conscience, leur donner du poids et pour résoudre les questions de violence envers les femmes. Comment les femmes peuvent-elles exercer pleinement leur droit à la co-responsabilité et à la reconnaissance dans l’Eglise et la société ?

Les cultures de l’Asie apprécient hautement les valeurs de la famille et des relations familiales. La famille a un grand potentiel pour être le berceau de la formation de la foi, une école des valeurs évangéliques et un lieu pour le développe-ment social de l’enfant. Cependant, aujourd’hui, beaucoup de pressions contre la vie et contre la famille ont surgi. Les Eglises d’Asie réalisent-elles que la famille “n’est pas sim-plement l’objet du souci pastoral de l’Eglise ; elle est aussi un des meilleurs agents de l’évangélisation” (EA 46) ?

Une importante section de la société et des membres de l’Eglise en Asie est formée de peuples indigènes. Formant des communautés très unies, ils ont préservé pendant des siècles beaucoup de valeurs humaines importantes. Mais aujourd’hui, plusieurs aspects traditionnels de leur héritage tribal sont assiégés : il s’agit de leur droit à la terre, leurs minerais, leurs forêts, leurs ressources en eau, leurs cultures uniques, leurs valeurs, leur religion, leurs vues de l’univers cosmique, leur mode de vie communautaire. Comment l’Eglise peut-elle servir mieux les nombreux peuples indigènes d’Asie ?

Un phénomène d’une proportion sans précédent en Asie est la réalité de millions de migrants et de réfugiés. Aujour-d’hui, les gens “émigrent à l’intérieur de l’Asie ou de l’Asie vers d’autres continents pour beaucoup de raisons, et parmi elles la pauvreté, la guerre, les conflits ethniques, le déni des droits de l’homme et des libertés fondamentales” (EA 7). Plusieurs problèmes en résultent : grosses injustices, dépersonnalisation, perte de la dignité humaine, éclatement des familles. Comment les gouvernements et les religions font-ils face à l’ampleur de ce problème, en gardant à l’esprit que les migrants et les réfugiés eux-mêmes sont les premiers agents du changement ?

Nous avons brièvement traité ici seulement cinq missions identifiées par la FABC. Avec une urgence sans cesse grandissante, les Eglises locales d’Asie sont confrontées à de nouvelles situations, juste devant leur porte et dans leurs communautés locales. La mission et l’évangélisation n’ont aucunement perdu de leur urgence et de leur nécessité. L’appel à la mission de Jean-Paul II “en Asie, vers laquelle la mission de l’Eglise devrait être surtout dirigée” (RM 37) garde toute sa validité aujourd’hui.

Pour une évangélisation intégrale active

La vision d’une Eglise renouvelée en Asie accepte que mission et évangélisation forment une démarche intégrale et complète. Différents schémas pour décrire l’“évangélisa-tion intégrale” peuvent être employés. Le document du Vatican “Dialogue et Mission” (1984) a parlé de 1.) témoignage chrétien de la vie, 2.) service de l’humanité, 3.) prière, liturgie et contemplation, 4.) dialogue interreligieux, 5.) proclamation explicite de l’Evangile. Il note aussi : “Chaque Eglise locale est responsable pour la totalité de la mission” (DM 13-14 ; cf. DP 2).

La FABC a exprimé une formule asiatique unique pour l’évangélisation intégrale active dans son paradigme du “triple dialogue Pour être une Eglise inculturée, priante, témoignante et évangélisante, la communauté chrétienne doit être dans “un dialogue continu, humble et aimant avec les traditions vivantes, les cultures, les religions” (FABC I, 12) des nombreux peuples élus de Dieu.

Cette “relation de dialogue” avec les peuples de Dieu, spécialement les pauvres, leurs cultures et religions, souligne la centralité d’une interaction mutuelle et un enrichissement dans la démarche d’évangélisation. Le dialogue, sans aucun doute, est le mode de mission préféré en Asie ; qui dit dialogue dit relation – une valeur centrale des peuples d’Asie.

Motivation de la mission

La vaste étendue du continent asiatique et ses milliards de gens, le nombre, la complexité et la ténacité de ses problèmes, le statut de minorité de l’Eglise, les nombreux défis à la mission et aux missionnaires, toutes ces réalités pourraient causer paralysie et découragement chez les chrétiens. Les Eglises locales d’Asie ont constamment besoin de ressourcement et de renouvellement dans leur motivation pour la mission. On trouve une expression créative d’un sens renouvelé de la mission dans les documents de la FABC (FABC V, 3).

Cinq motifs centraux peuvent répondre à la question : “Pourquoi évangéliser ?” : 1.) “Nous évangélisons d’abord à cause d’un sentiment profond de gratitude envers Dieu, le Père. La Mission est avant tout un débordement de cette vie venant de cours reconnaissants transformés par la grâce de Dieu. Sans une expérience personnelle de cet amour reçu comme un don, aucun sens de la mission ne peut s’épanouir.” 2.) “Mais la mission est aussi un mandat. Nous évangélisons parce que nous sommes envoyés dans le monde entier pour faire de toutes les nations des disciples. Celui qui nous envoie est Jésus. Il nous envoie pour une mission qui est une partie du plan de l’Epiphanie de Dieu.” 3.) “Nous évangélisons aussi parce que nous croyons au Seigneur Jésus-Christ. Nous avons reçu le don de la foi. Nous sommes devenus chrétiens. La nature missionnaire du don de la foi doit être inculquée à tous les chrétiens.” 4.) “Nous évangélisons aussi parce que par le baptême nous avons été incorporés à l’Eglise, qui est missionnaire par sa nature même. L’Eglise existe pour évangéliser.” 5.) “Et enfin nous évangélisons parce que l’Evangile est un levain pour la libération et pour la transformation de la société. Notre monde asiatique a besoin des valeurs du Royaume et du Christ.”

La mission comme don

En addition à ces motifs pour la mission, exprimés avec beaucoup de sensibilité par la FABC dans le contexte de l’Asie, on trouve des aperçus intéressants pour s’engager dans la mission dans L’Eglise en Asie de Jean-Paul II où, en beaucoup d’endroits, apparaît une “missiologie du don Nous pensons que la Mission vue et pratiquée comme un “échange de dons” est très appropriée pour les peuples d’Asie, leurs sensibilités, leurs tempéraments, leurs valeurs.

“La foi de l’Eglise en Jésus est un don reçu et un don à partager ; c’est le plus grand don que l’Eglise peut offrir à l’Asie. Partager la vérité de Jésus Christ avec les autres est le devoir solennel de tous ceux qui ont reçu le don de la foi.” (EA 10). “Bénie par le don de la foi, l’Eglise, après deux mille ans, continue d’aller à la rencontre des peuples du monde pour partager avec eux la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. La plus grande question qui confronte maintenant l’Eglise en Asie est comment partager avec nos frères et sours asiatiques ce que nous tenons comme le plus précieux, le don qui contient tous les dons, à savoir : la Bonne Nouvelle de Jésus Christ” (EA 19).

Jean-Paul II continue : “. l’effort pour partager le don de la foi en Jésus comme seul sauveur est plein de difficultés philosophiques, culturelles et théologiques, spécialement à la lumière des croyances des grandes religions de l’Asie, profondément mêlées avec des valeurs culturelles et des vues du mondes spécifiques” (EA 20). “C’est seulement si le Peuple de Dieu reconnaît le don qui est le sien dans le Christ qu’il pourra communiquer ce don à d’autres par la proclamation et le dialogue” (EA 31).

Sociétés missionnaires nées en Asie

Ce panorama des Eglises locales d’Asie et de leur engagement missionnaire serait incomplet si on ne mentionnait pas les six sociétés missionnaires locales (toutes fondées à l’époque de Vatican II). Ce sont les : Société missionnaire des Philippines : MSP (1965) ; Société missionnaire de Saint Thomas Apôtre (Inde) : MST (1968) ; Société catholique des Missions Etrangères de Corée : KMS (1975) ; Société missionnaire des hérauts de la Bonne Nouvelle (Inde) : HGN (1984) ; Société missionnaire de Thailande : TMS (1990) et Société missionnaire Lorenzo Ruiz (Philippines) : LRMS (1997). En ce moment, le Vietnam est en train d’établir son propre groupe missionnaire.

En addition à leur caractère unique de sociétés missionnaires “nées en Asie” à l’époque de Vatican II, ces six sociétés missionnaires reflètent un charisme spécial : celui des sociétés missionnaires de vie apostolique. Trois caractéristiques décrivent leur unique identité et contribution à la mission : Ad Gentes, Ad Exteros, Ad Vitam. Ces sociétés dirigent leur effort d’évangélisation ad gentes (vers ceux qui n’ont pas encore entendu la Bonne Nouvelle libératrice et salvifique de Jésus Christ), ad exteros (à des peuples hors de leur propre patrie, milieu culturel, langue) et ad vitam (en se consacrant toute la vie à cette unique forme de témoignage missionnaire). Le synode d’Asie (proposition 28) et Ecclesia in Asia (44) recommandent spécifiquement “l’établissement de sociétés missionnaires de vie apostolique à l’intérieur de chaque Eglise locale d’Asie où elles n’existent pas.”

Conclusion

Cette présentation a mis en relief quelques uns des développements significatifs dans la vision, la théologie et la pratique de la mission depuis Vatican II ; elle a décrit la “Bonne Nouvelle d’Asie” au sujet de la Mission. Elle a aussi montré comment les Eglises locales d’Asie ont essayé de suivre le commandement de l’Evangile : “Ce que vous avez reçu comme un don, donnez-le comme un don” (Mt. 10 : 8).

Le pape Jean-Paul II a fréquemment fait référence au troisième millénaire comme le millénaire de l’Asie pour la mission (par ex. dans EA 1-2). Ce défi a été accueilli avec optimisme et attention par les Eglises locales d’Asie. Elles ont renouvelé leur consécration à proclamer le Christ, son Evangile, son amour, sa compassion envers les milliards qui ne connaissent pas encore Jésus. Pour les Eglises locales d’Asie, vivre c’est évangéliser !

Liste des abréviations utilisées :

BISA VII Septième conférence de la FABC pour l’action sociale (Thaïlande, 1986)

DM Dialogue et Mission (Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, 10 juin 1984)

DPDialogue et Proclamation (Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, 19 mai 1991)

EA Ecclesia in Asia (L’Eglise en Asie, exhortation apostolique publiée à la suite du Synode pour l’Asie, 6 nov. 1999)

FABCFédération des Conférences épiscopales d’Asie

FABC IPremière assemblée plénière de la FABC (Taiwan, 1974)

FABC VCinquième assemblée plénière de la FABC (Indonésie, 1990)

FABC VISixième assemblée plénière de la FABC (Philippines, 1995)

FABC VIISeptième assemblée plénière de la FABC (Thaïlande, 2000)

GS Gaudium et Spes (L’Eglise dans le monde moderne, 7 décembre 1965)