Eglises d'Asie

LES OPINIONS DU CONSEIL CONSULTATIF DES RELIGIONS

Publié le 18/03/2010




Comité centralRépublique socialiste du Vietnam

Front patriotique du VietnamIndépendance – Liberté – Bonheur

Conseil consultatif des religionsHanoi, le 18 mars 2002

COMPTE-RENDU GENERAL

DES OPINIONS DU CONSEIL CONSULTATIF DES RELIGIONS

EMISES AU COURS DE LA REUNION PLENIERE

DU DEBUT DE L’ANNEE 2002

Aux membres du conseil consultatif des religions,

Le 9 mars 2002, le Conseil consultatif s’est réuni en séance plénière à Hanoi, avec la participation des membres du Conseil, de quelques camarades du Bureau permanent du Présidium du Comité central du Front patriotique du Vietnam, du bureau des Affaires religieuses et de représentants de la direction de divers services.

Le camarade Pham Thê Duyêt, chef du présidium du Comité central du Front patriotique du Vietnam, et le professeur Dang Nghiêm Van, président du Conseil consultatif des religions, présidaient la réunion. Après avoir formulé une appréciation générale sur les travaux effectués en l’an 2001 et coordonné ceux de l’an 2002, les membres du conseil ont fait porté leurs débats et leurs échanges d’opinion sur les 6 thèmes principaux proposés dans la circulaire n° 04/HDTVTG du 25 janvier 2002.

La présidence du Conseil se permet de regrouper les opinions des membres autour des rubriques suivantes :

1 – Le problème des terrains et des établissements de culte des religions :

Les opinions exprimées lors des débats de la réunion ou envoyées au bureau permanent du Conseil consultatif se sont avérées conformes aux principes d’orientation suggérés par la présidence du Conseil, à savoir :

– Le règlement des questions concernant les terrains et les établissements de culte doit viser, en premier lieu, le service des intérêts du peuple. Il devra se conformer aux conditions et à la situation concrète du pays ainsi qu’aux caractéristiques de la religion.

– Il n’est pas question d’exiger que les terrains et établissements de culte ayant été offerts à l’Etat ou à la collectivité soient rendus sous une forme quelconque. Il reste cependant un problème : l’Etat ou la collectivité doivent les utiliser conformément à l’objectif originaire pour des activités de service social, comme l’ouverture d’écoles, la construction d’établissements médicaux ou culturels. Ils ne peuvent pas les laisser occuper par des particuliers, les leur partager ou les leur vendre.

– Pour ce qui concerne les terrains, les établissements de culte que les organes d’Etat ou la collectivité ont empruntés (à court ou à long terme) ou dont la population s’est emparée, en principe, on doit poser la question de leur restitution si les religions ont besoin de les utiliser.

– La restitution prendra la forme appropriée à la situation concrète pour chaque cas. Mais chaque fois, il y aura une règle unique : la propriété sera restituée dans son état originel, ou échangée ou achetée.

Les représentants présents à la réunion ont pensé qu’il était nécessaire de créer un conseil composé d’éléments appartenant aux organes compétents du gouvernement, au Front patriotique, à la collectivité et aux organisations religieuses locales, qui débattront et, dans un esprit de concorde s’accorderont sur les formes de règlement en fonction des cas concrets.

En outre, les opinions suivantes ont été émises :

– Lors qu’il règle des questions de terrain ou d’établissements de culte qui ont été offerts, l’Etat doit tenir compte des circonstances concrètes. Il est nécessaire de déterminer si celui qui a fait l’offrande, l’a fait légalement, s’il possédait le statut légal de représentant de l’organisation religieuse. Ainsi, un prêtre de paroisse n’est qu’un gestionnaire de l’établissement religieux, il n’est pas habilité à offrir l’établissement. Seuls les évêques ont cette compétence.

– Il faut se demander si l’offrande par un individu ou un organisme a été effectuée librement ou non ? Y a-t-il eu pression ou contrainte ?

2 – Au sujet des activités des religions dans les domaines de l’éducation, de la santé, des ouvres sociales…

Les opinions des scientifiques et des dignitaires religieux du Conseil consultatif se sont accordées : l’Etat et le Parti préconisent la socialisation (1), encouragent les organisations, les personnes privées à apporter leur concours à l’Etat dans les domaines de l’éducation, de la santé, de la culture, des oeuvres sociales. D’autre part, le Parti et l’Etat considèrent les religions comme des membres de la société à égalité avec les autres.

Il n’y a donc pas de raison de limiter la participation des religions à la socialisation dans ces domaines. L’Etat doit donc promulguer des lignes politiques et des lois concrètes susceptibles de favoriser les forces internes, créer les conditions pour que les organisations religieuses, les personnalités religieuses contribuent à l’ouverture des écoles non seulement au niveau des “maternelles” et des “jardins d’enfant” comme c’est le cas aujourd’hui, mais aussi au niveau de l’enseignement élémentaire, secondaire, professionnel et universitaire.

Pareillement, les religions seront considérées sur un pied d’égalité avec les autres membres de la société dans d’autres domaines comme le sport, les loisirs, la médecine, les soins de santé publique…

Les membres du Conseil consultatif (y compris même les dignitaires religieux) se sont accordés sur un principe : dans leur participation aux activités concernant ces divers domaines, les organisations et les personnalités religieuses doivent s’engager à respecter les réglementations fixées par les organes d’Etat compétents comme le ministère de l’Education et de la Formation, le Ministère de la santé, le Ministère du travail, des blessés de guerre et des affaires sociales, le Ministère de l’édification, concernant les activités internes, les programmes, les locaux scolaires, les effectifs des enseignants, le type de construction… En outre, les organisations et les personnalités religieuses ne pourront, sous aucune forme, propager la religion ou la politique en contravention avec la Constitution et le droit lors des activités éducatives, sanitaires, culturelles, sociales. Les ministères et les services concernés devront orienter leurs activités par des réglementations et des sanctions. Ainsi sera stimulé le droit de maîtrise de nos compatriotes religieux, leur participation à la défense et à l’édification de la patrie, l’harmonisation du sacré et du profane. On garantira ainsi que la nécessaire gestion et orientation des activités religieuses s’accomplira conformément aux directives politiques et à la loi.

3 – A propos des écoles de formation des ecclésiastiques et des religieux

Les membres du Conseil consultatifs pensent que l’oeuvre de formation est très importante. Elle vise à former des membres du clergé et des religieux de diverses religions, dotés de qualités suffisantes et de connaissances, animés par un esprit national afin de servir la religion et la patrie et de se consacrer aux activités religieuses de leurs compatriotes religieux.

De nombreux représentants ont proposé que les organes d’Etat, le Front patriotique, orientent et contrôlent en permanence l’organisation des établissements scolaires, leur vie intérieure, leur programme d’études, le corps enseignant attaché aux maisons de formation. Il est nécessaire de se préoccuper davantage du contenu de l’enseignement en matière de culture, d’histoire nationale, de ligne politique du Parti et de l’Etat, afin que soit élevé l’esprit national et la conscience civique des futurs ecclésiastiques.

En outre, l’Etat devrait avoir une attitude plus ouverte lorsqu’il s’agit d’autoriser les religions à ouvrir des écoles de formation du clergé, pour éviter le phénomène des formations religieuses et des ordinations “clandestines”, motivées par des besoins trop urgents. En outre, il faut souligner que si le clergé est cultivé et doté de bonnes qualités, alors la religion sera pure et les croyants ne tomberont pas dans la superstition.

4 – Au sujet des associations religieuses

Sur ce point, les membres du Conseil consultatif ont émis des idées divergentes. Trois catégories d’opinions se sont manifestées.

– Selon la première catégorie, l’Etat ne doit pas entretenir de soupçon ou se poser de problèmes concernant la nature des associations religieuses qui subsistent actuellement. Il doit considérer leurs activités comme des activités ordinaires ayant lieu dans un cadre habituel et les accepter dans un esprit de respect pour la liberté de croyance religieuse. Les associations n’ont besoin que de faire enregistrer leurs activités auprès des autorités locales, se soumettre à leurs propres principes directeurs et orientations sous la responsabilité de leur chef. Elles n’ont donc pas besoin de solliciter d’autorisation du pouvoir.

– Pour une deuxième catégorie d’opinions, il faut distinguer la nature de chaque association. Pour les associations purement religieuses (les fanfares, les processions), les activités n’auront pas besoin d’être enregistrées. Les associations de caractère social, rassemblant des foules (croisade eucharistique, tiers ordre, etc.) il est nécessaire de faire enregistrer le règlement intérieur, l’appellation, les principes directeurs et l’orientation de l’association. Elles doivent bénéficier de l’approbation des autorités. Il sera nécessaire de soumettre les activités de ces associations à la direction et à l’orientation générale du Front patriotique et des instances sociales.

– Une troisième catégorie d’opinions soutient qu’il n’est pas nécessaire de déterminer la nature de l’association religieuse. Les associations ont besoin de l’approbation du gouvernement pour mener des activités. Le gouvernement examine le règlement intérieur, les principes directeurs, les fins, l’appellation de l’association. Si tout cela lui parait clair, il accorde l’autorisation. Les activités de l’association pourront être placées sous l’orientation du Front patriotique et des instances sociales.

5 – De l’attitude à adopter en face des “nouveaux phénomènes religieux” aussi appelés “étranges religions”, “fausses religions ou encore “sectes nouvelles”

A ce propos, il existe deux types d’opinion :

– La grande majorité des ecclésiastiques des diverses religions ont émis cette opinion : l’Etat doit contrôler et absolument contrecarrer les activités des nouveaux phénomènes religieux, qu’ils aient leur origine à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, de sorte que les religions traditionnelles ainsi que l’ordre public soient protégés. Les religions traditionnelles mobiliseront leurs fidèles afin qu’ils ne soient pas attirés par ces nouveaux phénomènes religieux.

– Pour d’autres, les nouveaux phénomènes religieux peuvent être classés en deux catégories, positive et négative. La plupart appartiennent à la deuxième catégorie. L’Etat doit donc peser le pour et le contre, porter un jugement concret pour chaque cas et éviter les erreurs inutiles.

6 – Comment garantir une vie religieuse pure

Tous les membres du Conseil consultatifs ont été unanimes à penser qu’il est nécessaire que les activités religieuses soient caractérisées par l’honnêteté. Ils se sont aussi déclarés résolus à éliminer les phénomènes négatifs comme la superstition, les coutumes arriérées, l’utilisation de la religion à des fins économiques, politiques. Tous ces phénomènes ont, en effet, une influence fâcheuse sur la crédibilité de la religion, sur la société et sur le pays.

L’attitude à adopter à l’égard de ces phénomènes a été ainsi décrite : les autorités, le Front patriotique en association avec les Eglises sanctionneront en temps opportun et selon leur gravité les violations des lois religieuses ou civiles. En outre, il est nécessaire d’exhiber et de diffuser largement sur les médias nationaux les exemples de bonne harmonie entre le profane et le sacré donnés par le clergé ou par les fidèles des diverses religions.

Des représentants des ecclésiastiques présents à la réunion ont proposé que la chaîne de télévision, VT3, introduise dans une des deux émissions “Les contemporains” ou “Réservé aux admirateurs” des exemples de patriotisme d’authentiques religieux. Ainsi la foule des fidèles sera mobilisée et leurs confrères de toutes régions seront incités à les suivre.

Selon l’opinion d’autres ecclésiastiques, l’Etat devrait, par ses orientations, encourager les religions à limiter les dépenses exagérées entraînées par l’esprit triomphaliste ou la rivalité, comme la construction d’églises, de pagodes, ou de temples, l’organisation de festivités excessivement solennelles, entamant gravement les forces physiques et les ressources financières des fidèles. Certains ont également proposé de réexaminer les modalités de la quête ou des collectes pour s’assurer que les contributions de la masse des fidèles soient volontaires et conformes aux bonnes manières et à la civilisation.

7 – Diverses opinions

En dehors des six sujets précédents qui ont fait l’objet des débats des membres du Conseil consultatif, certains problèmes concrets ont été soulevés, des propositions ont été faites concernant des changements de structures intérieures, de méthodes, de crédits budgétaires pour que le Conseil fonctionne plus efficacement.

Le supérieur Trân Duc Tang, après avoir présenté sommairement la situation actuelle des neuf branches du caodaïsme, ayant chacune un statut de personne morale, a proposé que le Front patriotique à l’échelon national comme provincial se préoccupe d’organiser pour les dignitaires des diverses branches du caodaïsme des sessions d’études où seront enseignées les lignes politiques du Parti, la législation d’Etat, ainsi que les manoeuvres des ennemis de l’étranger consistant à utiliser la religion à leur profit. Il a aussi proposé que le Front patriotique intervienne auprès des Comités populaires de certaines provinces et villes du sud afin que les caodaïstes soient autorisés à construire et restaurer les établissements de culte détruits ou abîmés par la guerre.

Le vénérable Thich Thông Buu (de l’entourage de Thich Quang Duc, Hô Chi Minh-Ville) et beaucoup d’autres de ses confrères ont demandé au Front patriotique d’envoyer une directive signalant la présence de membres du Conseil consultatif des religions aux comités des provinces et des villes où ils vivent, de telle sorte que le Front patriotique puisse se mettre en rapport avec eux et créer les conditions nécessaires pour qu’ils puissent mener leurs activités sans malentendu. Cette opinion a été approuvée et une directive sera envoyée très prochainement aux comités provinciaux et urbains.

Thai Van Nam, vice-président du comité représentatif du bouddhisme hoa hao a proposé à l’Etat d’accorder au bouddhisme hoa hao un drapeau religieux et le statut d’organisation religieuse ou d’Eglise comme les autres religions, afin d’éviter que des personnes mal intentionnées ne déforment la politique religieuse du Parti. Le représentant des hoa hao a également proposé au Front d’intervenir auprès de l’Etat afin que soient créées les conditions pour l’ouverture de classes de formation de dignitaires chargés des affaires religieuses.

Le P. Thiên Cam, membre du Comité d’union du Catholicisme à Hô Chi Minh-Ville, a estimé que l’Etat devait mettre en oeuvre une politique concrète évitant aux organisations religieuses de réparer, elles-mêmes, les dégâts matériels, au moment de la restitution des établissements religieux occupés par des organismes ou des personnes privées, les dommages n’ayant pas été causés par elles.

Lorsque l’Etat entreprend des travaux d’infrastructures pour lesquels il faut confisquer des établissements de culte (églises ou pagodes…) dans des quartiers résidentiels, il devra créer les conditions nécessaires en matière de terrains et de crédits pour que la religions puisse reconstruire des établissements de culte nouveaux dans le même village ou quartier résidentiel. En effet, les établissements cultuels sont liés aux communautés des villages et des quartiers et ne peuvent en être séparées.

Le prêtre a également demandé au Front populaire d’intervenir auprès du gouvernement pour qu’il autorise les congrégations catholiques à ouvrir des maisons d’études inter-congrégations pour y former des religieux, car les congrégations ont un mode de vie religieuse différent de celui des grands séminaires. Aujourd’hui les religieux, dans leur majorité, ne peuvent encore être formés régulièrement. Leur niveau religieux et leur conscience politique et civique restent limités. Le directeur des Affaires religieuses du gouvernement a promis depuis plusieurs années de régler ce problème, mais ne l’a pas encore fait.

Les opinions concrètes des participants seront transmises par le Conseil aux organes compétents.

Ceci est la synthèse générale du contenu des débats du Conseil consultatif des religions dans sa séance plénière du début de l’année 2002. Les diverses opinions ont été exposées au Bureau permanent du Présidium du Comité central du Front patriotique. La présidence du Conseil en informe les participants en espérant que ceux-ci y apporteront des compléments dont elle informera le Bureau permanent.

Nous vous prions d’envoyer vos contributions complémentaires à l’adresse suivante : M. Dinh Van Lanh, permanence du Conseil consultatif des religions, 46 Trang Thi, Hanoi ; tél. : 04 8 248 252

Pour le Conseil consultatif des religions

Le président

Signature : Professeur Dang Nghiêm Van

(1)NdT : Ce mot ‘socialisation’ doit être entendu au sens de privatisation, c’est-à-dire de retour à la société privée de tâches appartenant autrefois à l’Etat.