Eglises d'Asie

L’évêque du diocèse d’Inchon demande à ses prêtres d’oser dire l’enseignement de l’Eglise catholique au sujet de l’avortement

Publié le 18/03/2010




L’évêque catholique d’Inchon a demandé à ses prêtres d’être moins timides sur la question de l’avortement et de mieux informer les fidèles sur la position de l’Eglise à ce sujet (1). C’est dans une lettre pastorale publiée à l’occasion du mois de novembre consacré traditionnellement aux défunts que Mgr Boniface Choi Ki-san a insisté pour dire que « si les pasteurs gardaient le silence sur ce problème (de l’avortementla culture de mort gauchirait encore davantage la conscience des catholiques » (2Expliquant que, par cette lettre pastorale, il entendait sauver au moins quelques vies, l’évêque coréen a regretté la timidité des prêtres quand il s’agit d’aborder le sentiment de culpabilité de « leur paroissiens après une interruption volontaire de grossesse ». Mgr Choi recommande aux prêtres de former les catholiques sur « la position de l’Eglise sur le sujet », d’étudier les mesures propres à prévenir les avortements et à apprendre à aider spirituellement ceux qui y ont déjà succombés. Il insiste pour dire que les pasteurs ne doivent pas mâcher leurs mots en expliquant qu’une interruption volontaire de grossesse est de toute évidence un crime grave aussi bien pour l’Eglise que pour la loi civile.

Selon le P. Remigio Lee Dong-il, professeur de théologie morale à l’Université catholique de Corée, « les prêtres en Corée ne se préoccupent pas beaucoup de former leur paroissiens au respect de la vie ». Pour le P. Lee, membre de l’Académie pontificale pour la vie, cela est dû en partie à ce que les prêtres eux-mêmes n’on pas été sensibilisés à ce problème. Il estime qu’un programme de formation devrait être mis sur pied « pour guider les catholiques à aborder ces problèmes en chrétiens ».

Pour le P. Hilary Kang Eui-sun, 69 ans, curé d’une paroisse d’Inchon, les jeunes prêtres ne sont pas sévères sur la question de l’avortement par crainte de voir leurs paroissiens déserter l’Eglise. Un autre prêtre, qui a souhaité garder l’anonymat, a déclaré : « En réalité, c’est très difficile de parler du respect de la vie à des paroissiens qui ont avorté d’un enfant ‘non désiré’ alors que je sais par ailleurs qu’ils ont des difficultés financières et qu’ils ont déjà deux enfants. » Et ce prêtre de 41 ans d’ajouter : « Que leur dire des méthodes naturelles de régulation des naissances quand on sait qu’elles ne réussissent pas toujours ? »

Le P. Lee rappelle que le chapitre « A propos de la régulation des naissances » de l’encyclique Humanae Vitae du pape Paul VI, publiée en 1968, rejette l’usage de toute contraception artificielle et demande aux prêtres de former leurs paroissiens aux méthodes naturelles. Mgr Choi le rappelle également et, précisant que l’Eglise n’est pas opposée au contrôle des naissances, recommande l’emploi des méthodes naturelles approuvées par l’Eglise.

Anna Jang Eun-ja, directrice du Service de la Pastorale familiale pour le diocèse d’Inchon, a de son côté annoncé que son service préparait « le lancement d’un programme ‘pour la vie’ destiné aux paroisses ». Notant que « les prêtres ne parlent pas de sexualité en public parce qu’ils considèrent ce sujet comme tabou », elle a déclaré que son service entendait bien s’attacher « à rompre avec cette conception ». Elle a également souligné que « le taux de réussite des méthodes naturelles du planning familial approchait les 90 % ».

Citant de récentes statistiques nationales, Mgr Choi a écrit dans sa lettre que, si 600 000 bébés naissaient chaque année en Corée, 1,8 millions de fotus étaient éliminés. « Ce qui signifie que 5 000 fotus disparaissent chaque jour. » Il a souligné que les avortements en Corée étaient, en proportion, vingt fois plus nombreux qu’en Allemagne, onze fois plus nombreux qu’en Italie et en France et neuf fois plus qu’au Japon (3). « Il nous faut arrêter cette tuerie », a-t-il insisté dans sa lettre où il fait remarquer que les catholiques gardent le silence sur l’avortement mais font entendre leurs voix quand il s’agit de la peine capitale qui mène à la mort chaque année un tout petit nombre de personnes.