Eglises d'Asie

Aceh : le gouvernement et le GAM, mouvement séparatiste local, ont fixé au 9 décembre 2002 la signature d’un accord de paix mais, sur le terrain, les armes se font toujours entendre

Publié le 18/03/2010




Le 3 décembre prochain, à Tokyo, au Japon, les représentants de 23 pays doivent se réunir pour discuter des modalités d’une éventuelle aide financière pour la reconstruction d’Aceh, province située à l’extrémité nord-ouest de Sumatra et ravagée depuis 1989 par la guerre que se livrent le GAM (Mouvement pour Aceh libre), mouvement séparatiste local, et l’armée indonésienne (1). Bien que des pourparlers en vue d’un accord de paix soient engagés depuis plusieurs semaines entre Djakarta et les responsables du GAM, pourparlers menés avec la médiation du Centre Henri Dunant, de Genève, en Suisse, et que le 9 décembre 2002 a été retenu comme date pour la signature d’un accord de paix, les armes se font toujours entendre sur le terrain.

Le 26 novembre dernier, le chef des armées indonésiennes (TNI), le général Endriartono Sutarto, a déclaré que ses troupes lanceraient l’assaut contre le GAM si ce mouvement s’avisait, comme il l’a annoncé, de célébrer l’anniversaire de sa fondation, le 4 décembre 1976. Le général Endriartono a précisé que les TNI souhaitaient une solution pacifique pour le conflit d’Aceh mais que, si les membres du GAM persistaient à revendiquer l’indépendance de la province, l’armée “les écraseraient”. Le chef des TNI a ajouté que les forces de sécurité ne lèveraient pas le siège qu’elles ont établi autour du repère du GAM à Cot Trient, dans le nord d’Aceh, tant que les “rebelles” n’auront pas signer la paix le 9 décembre prochain.

Par ailleurs, selon la presse indonésienne, le GAM, en dépit du cessez-le-feu proclamé à l’occasion du ramadan, semble poursuivre l’acheminement d’armes dans la province. La marine indonésienne a annoncé le 26 novembre qu’elle avait coulé deux chalutiers immatriculés en Thaïlande, qui auraient été piratés par des hommes du GAM dans le détroit de Malacca et qui transportaient des armes à destination du GAM.

Ce même 26 novembre, le ministre coordinateur pour les Affaires politiques et les questions de sécurité, Susilo Bambang Yudhoyono, a déclaré qu’il avait discuté avec les ambassadeurs des 23 pays qui doivent se réunir à Tokyo le 3 décembre prochain. A cette réunion, a-t-il précisé, “seront présents six Acehnais” et le Centre Henri Dunant représentera le GAM, cette organisation n’étant pas invitée car elle “ne représente pas un pays indépendant et Aceh fait toujours partie de l’Indonésie”. Il a ajouté que son gouvernement continuera les “opérations” pour gérer et mettre fin à la lutte armée à Aceh durant les six prochains mois.

Depuis 1989, début des premiers heurts sérieux entre le GAM et l’armée indonésienne, plus de 11 000 personnes, principalement des civils, sont mortes du fait des opérations militaires menées par les deux camps. Depuis le mois de janvier de cette année, les victimes seraient, selon des organisations de défense des droits de l’homme, au nombre de 1 200. Peuplée de quatre millions de personnes, musulmanes à 98 %, la province d’Aceh s’est depuis toujours montrée rétive à tout pouvoir imposé de l’extérieur, que ce soit à l’époque de la colonisation hollandaise, sous l’occupation japonaise ou, depuis l’indépendance, vis-à-vis de Djakarta. Dotée d’importants gisements off-shore de pétrole et de gaz, la province est théoriquement riche et présente un intérêt stratégique pour Djakarta. Soucieux d’y rétablir la paix, le gouvernement indonésien a accordé il y a quelques mois un régime de large autonomie à Aceh. Mais, avant même que cette mesure soit appliquée, le GAM qui se bat pour l’indépendance de la région depuis 25 ans a fait savoir que ce changement arrivait trop tard.