Eglises d'Asie

Après l’attaque de deux temples hindous à Jammu, attribuée à des terroristes musulmans, l’indignation est générale mais les arrière-pensées diverses

Publié le 18/03/2010




Deux temples hindous à Jammu, capitale d’hiver de l’Etat indien du Jammu-et-Cachemire, le célèbre sanctuaire de Raghunath et un plus petit temple situé à proximité, ont été pris d’assaut par des rebelles musulmans armés dans la journée du dimanche 24 novembre 2002. Une cinquantaine de fidèles, dont des femmes et des enfants, se trouvaient à l’intérieur du temple. Les forces de sécurité ainsi que des troupes d’élite indiennes (Black Cat) appelées en renfort ont aussitôt fait le siège du temple Raghunat. Les combats qui se sont prolongés dans la soirée du dimanche ont fait quatorze morts (dix civils, deux policiers, deux rebelles) et quarante-huit blessés, selon un bilan officiel encore provisoire dressé au lendemain des combats. Dans la matinée du lundi, les forces de sécurité ont encore abattu un troisième agresseur qui avait été blessé la veille mais qui avait réussi à s’enfuir et à se cacher pendant la nuit.

Ces faits ont suscité des sentiments d’horreur au sein de la population indienne. Parmi les premières expressions de cette indignation générale, il faut retenir la conférence de presse tenue dès le 25 novembre par les porte-parole de la Conférence épiscopale indienne. Les évêques indiens ont exprimé leur douleur devant ce massacre d’innocents et demandé aux pouvoirs local et central d’arrêter au plus tôt les auteurs de ce crime. Replaçant les faits du dimanche 24 novembre dans un contexte plus général, Mgr Cyril Mar Baselios, président de la Conférence épiscopale, a déclaré : “Il est difficile de croire que les lieux sacrés où notre peuple vient prier, trouver force spirituelle et consolation soient aujourd’hui devenus la cible des attaques de terroristes. J’appelle tous ceux qui sont impliqués dans ces violences insensées à respecter nos lieux saints ainsi que la dignité de ceux qui viennent y prier.” Le secrétaire de la Conférence, Mgr Percivel Fernandez, a ajouté qu’il était convaincu que tous les conflits pouvaient être réglés par le dialogue et des moyens pacifiques, sans recourir à la violence et aux meurtres d’innocents. On a pu entendre des réactions semblables un peu partout dans le monde chrétien. Même les musulmans ont joint leurs voix à celles de l’ensemble de la population. Le président des Etudes islamiques de New Delhi, Maulana Wahiuddin Khan, a confié à l’agence Ucanews : “Les attaques de temples sont le signe d’une profonde frustration chez leurs auteurs. Je condamne ces violences absurdes avec les mots les plus forts.”

Lundi 25 novembre, au lendemain des faits, l’ensemble de l’Inde hindoue pointait un doigt accusateur vers le Pakistan. L’attaque des temples est en effet intervenue après une série d’incidents sanglants qui ont eu lieu les 23 et 24 novembre dans le Cachemire et ont été qualifiés de “terroristes” par New Delhi. Ce regain de violence fait également suite à la libération par la Haute Cour de Lahore, au Pakistan, du chef du Lashkar-e-Taïba, Hafiz Mohammed Saeed, qui était en résidence surveillée depuis le 31 octobre après cinq mois en détention. Celui-ci a “juré de poursuivre la guerre sainte au Jammu et au Cachemire S’adressant au Parlement, le ministre indien de l’Intérieur, Lal Krishna Advani, s’est demandé si ce redoublement de violences au Cachemire était “une simple coïncidence” alors qu’un nouveau gouvernement achevait de se mettre en place au Pakistan. Selon le ministre indien, l’attaque contre les temples hindous serait l’ouvre de AlMansuran, une organisation derrière laquelle se cache Lashkar-e-Taïba, a encore affirmé le responsable indien.

Au Pakistan, le ministère des Affaires étrangères a aussitôt condamné “les attaques terroristes contre des temples hindous à Jammu, au Cachemire occupé par l’Inde”. Le gouvernement d’Islamabad faisait aussi remarquer que la libération du dirigeant du Lashkar-e-Taïba avait eu lieu sur injonction d’un tribunal.