De très nombreuses communautés de protestants montagnards ont été démantelées et leurs pasteurs arrêtés

Au cours de l’été dernier, les dirigeants des communautés chrétiennes Ede avaient été convoqués par les autorités locales et avertis que leurs organisations religieuses étaient illégales et qu’elles devaient être dissoutes. Plusieurs d’entre eux avaient été menacés de très sérieuses représailles s’ils ne se soumettaient pas aux ordres. Par ailleurs, interdiction leur était faite de se livrer à une quelconque activité religieuse telle que le culte, l’enseignement, la prière pour les malades, l’administration des sacrements, la célébration des funérailles. La seule exception concernait la prière avec leur famille à l’intérieur de la maison.

Historiquement, les communautés protestantes en milieu montagnard sur les Hauts Plateaux du centre font partie de l’Eglise évangélique du Sud-Vietnam. L’année dernière, le 3 avril 2001, vingt-six ans après le changement de régime, cette Eglise évangélique a pu bénéficier d’une reconnaissance officielle de l’Etat vietnamien (2). Mais seule une poignée de communautés montagnardes a été autorisée à se rattacher à l’Eglise officielle, les autres se retrouvant en situation illégale. Jusque là, depuis le changement de régime, pendant plus de vingt ans, malgré de fréquentes difficultés et de nombreuses restrictions, ces communautés avaient bénéficié d’une relative tolérance du pouvoir. La situation a brusquement changé après les troubles de février 2001, époque où, à la surprise des autorités, de nombreux Montagnards ont manifesté pour protester contre l’accaparement des terres par les Vietnamiens et l’absence de liberté religieuse. Depuis, une vague de répression s’est abattue sur les chrétiens. Avec le récent démantèlement des communautés chrétiennes et les arrestations de pasteurs, la persécution a atteint un degré jamais connu jusque là.

L’Eglise évangélique du Vietnam, d’habitude très prudente, a, cette fois-ci, publiquement dénoncé la répression des chrétiens montagnards des Hauts Plateaux. L’actuel président du Bureau exécutif, le révérend Duong Thanh, qui a succédé au pasteur Pham Xuân Thiêu, décédé au mois de juin 2002 (3), a écrit une lettre franche et détaillée au Premier ministre et aux autres dirigeants du pays, décrivant la persécution, et soulignant que le comportement des autorités à l’égard des croyants était contraire aux dispositions de la Constitution et aux engagements du Bureau des Affaires religieuses, dispositions et engagements dont le contenu était rappelé dans la lettre. En conclusion, la lettre demandait au gouvernement de remédier immédiatement à cet état de choses.

Auparavant, des plaintes envoyées aux autorités locales par les Comités provinciaux de l’Eglise évangélique du Vietnam n’avaient eu pour seul résultat que d’intensifier la persécution. Des chefs de communautés avaient été arrêtés et internés en des lieux inconnus. L’équipement des églises, les livres religieux, les Bibles, les instruments de musique avaient été confisqués et des scellés mis à la porte du lieu de culte. Il est arrivé que des cadres communistes entrent dans les chapelles pour haranguer les fidèles alors que ceux-ci participaient au culte. On a même pu voir à la télévision officielle de Dak Lak des émissions montrant des “cérémonies de renoncement volontaire au christianisme” au cours desquelles des chrétiens jetaient “volontairement” au feu Bibles et livres de cantiques.