Eglises d'Asie – Inde
Des évêques catholiques indiens regrettent la réticence de Rome devant des traductions liturgiques en langue hindi pleinement conformes à la culture locale
Publié le 18/03/2010
Lors de la réunion, ont été mentionnés les obstacles auxquels se heurtent les évêques pour obtenir des autorités compétentes romaines une approbation officielle pour les traductions hindi des textes liturgiques, réalisées par leur soin. La prière eucharistique indienne (Indian Anaphora) a été soumise à la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en 1992. La traduction hindi du missel romain a été envoyée à Rome en 1990. Mais, depuis lors, le 7 mai 2001, la Congrégation a publié une instruction Liturgiam Authenticam (Cinquième instruction pour l’application de la Constitution sur la liturgie du concile Vatican II). Ce document a particulièrement insisté sur la nécessité d’une traduction quasi-littérale des textes latins et sur le respect scrupuleux que les traducteurs doivent à leur style et à leur structure générale.
Les remarques émises par les évêques au sujet de ces dernières directives ont été nombreuses. L’archevêque de Patna a souligné que la célébration de la liturgie en hindi avait pour but d’amener les fidèles à une plus grande participation. Chose impossible, a-t-il précisé, sans une traduction en large accord avec le système culturel populaire et l’esprit créatif des fidèles. Plus concrètement, le P. Jos De Cuyper, responsable d’une commission de traduction, a révélé à l’assemblée des évêques que son groupe, qui avait pratiquement achevé son travail, y compris la traduction du Missel romain, dans l’esprit des directives de Vatican II, encourageant la créativité et l’enracinement culturel, a été obligé de surseoir à la publication des textes, la Congrégation exigeant des traducteurs qu’ils évitent de trop se laisser influencer par la culture locale et révisent leurs textes de sorte qu’ils soient en stricte correspondance avec l’original latin. Une telle orientation, a souligné Mgr Vincent Concessao, archevêque de Delhi, nuit à l’inculturation de la foi et est en contradiction avec les directives de Vatican II mais aussi avec l’enseignement de tous les papes.
Mgr Osta, érudit en langue hindi comme en sanskrit, a rapporté qu’il avait essayé personnellement de débattre de ce sujet avec les responsables de la congrégation. Mais les réponses de ces derniers n’avaient pas été positives. Selon l’évêque de Patna, en exigeant une traduction littérale des textes latins, ils tentaient de sauvegarder l’unité du rite romain. Commentant cette remarque, l’évêque de Muzaffarpur, Mgr John Baptist Thakur, en a conclu que le problème qui préoccupait aujourd’hui l’épiscopat de langue hindi, c’était moins celui des traductions que celui de la mentalité romaine, “désirant tout contrôler par le haut, y compris l’expression de la dévotion de peuples culturellement différents S’exprimant dans le même sens, Mgr J. Rodericks, actuellement en retraite, s’est interrogé : “Les congrégations romaines sont-elles autorisées à restreindre d’une manière substantielle l’application de la décision prise par Vatican II d’introduire des éléments culturels locaux dans la liturgie ?”
En conclusion, il a été prévu de porter à nouveau l’affaire devant la Congrégation et le Souverain Pontife. Mgr Rodericks a suggéré de soulever le problème devant Jean-Paul II lors de la prochaine visite ad limina du groupe d’évêques de langue hindi. Mgr Telesphore Ranci, président de la Conférence des évêques catholique de l’Inde, a annoncé que le problème des traductions serait mis à l’ordre du jour de la prochaine réunion de la Conférence en janvier 2003. Un texte destiné à être présenté au pape y sera préparé. Il a aussi fait remarquer que la position de la Congrégation avait mûri et que celle-ci était désormais mieux disposée à écouter les problèmes des évêques de l’Inde.