Eglises d'Asie

Le pape a accepté la démission, pour raison de santé, de Mgr Belo, administrateur apostolique du diocèse de Dili, et a nommé Mgr do Nascimento comme son successeur

Publié le 18/03/2010




Par un communiqué en date du 26 novembre dernier, le Saint-Siège a fait savoir que le pape avait accepté la démission de Mgr Carlos Belo, administrateur apostolique du diocèse catholique de Dili, et avait nommé Mgr Basilio do Nascimento, actuel administrateur apostolique du diocèse de Baucau, comme son successeur (1). Mgr do Nascimento continue par ailleurs d’assumer la charge du diocèse de Baucau. Selon le communiqué du Vatican, la démission a été acceptée au titre de l’article 401, paragraphe 2, du Code de droit canon, qui autorise un évêque à démissionner pour raison de santé. A Dili, la nouvelle a été confirmée par Agio Pereira, chef de cabinet du président du Timor-Oriental, Xanana Gusmao, qui a déclaré que Mgr Belo avait publié un communiqué annonçant qu’il demandait au Saint-Siège d’accepter sa démission pour raison de santé. « J’ai besoin de repos et d’un traitement pendant un à deux ans », a expliqué en substance Mgr Belo.

Depuis quelques mois, des informations circulaient à propos de l’état de fatigue généralisée de Mgr Belo, âgé de 54 ans. Son retrait des affaires courantes du diocèse était évoqué. La nouvelle de sa démission est donc apparue comme une demie surprise. Joaquin Navarro Valls, directeur de la salle de presse du Vatican, a d’ailleurs précisé que Mgr Belo avait « plusieurs fois présenté au Saint Père sa démission » d’ordinaire de Dili avant que Jean-Paul II ne l’accepte. Selon Agio Pereira, Mgr Belo a assumé la direction du diocèse de Dili « durant presque vingt ans et au cours d’une période des plus tumultueuse. S’il dit être fatigué, eh bien, nous pouvons considérer qu’il a déjà donné énormément à notre patrie ». Administrateur apostolique de Dili depuis 1983, Mgr Belo est connu sur la scène internationale pour avoir partagé en 1996 avec Jose Ramos-Horta, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères du Timor-Oriental, le prix Nobel de la paix. Tout au long de son épiscopat, son action aura été marquée par la défense des droits du peuple est-timorais, que ce soit sous l’occupation indonésienne, lors du référendum d’août 1999 et des violences qui s’en suivirent, ou durant la phase de transition sous administration de l’ONU qui s’est conclue par l’accession à la pleine indépendance en mai dernier.

Né au Timor-Oriental, à Baucau, en 1948, Mgr Carlos Belo a fait ses premières études dans ce pays avant de le quitter le temps de compléter sa formation sacerdotale. Ordonné prêtre au sein de la Congrégation des salésiens de Don Bosco, il est revenu au Timor-Oriental pour y travailler, dans un premier temps, comme directeur d’une école technique de Dili, puis à partir de mai 1983, comme administrateur apostolique du territoire du Timor-Oriental. Après cette date, les interventions, les prises de position de cet homme qui se nommait lui-même « observateur concerné » ont été très nombreuses (2). En 1985, dans une lettre pastorale, il laissait entendre que certaines Timoraises avaient été stérilisées contre leur gré. En 1986, il s’élevait contre les méthodes du Front populaire pour la libération du Timor-Oriental. En 1989, il demandait au secrétaire général de l’ONU la tenue d’un référendum pour que la population du Timor puisse exercer son droit à l’autodétermination (3). Il tenait à jour une liste des personnes disparues. En juin 1995, il était présent à Schlaining, en Autriche, à une rencontre concernant son pays, organisée sous les auspices de l’ONU (4). Les membres du Comité Nobel ont ainsi résumé son ouvre : « Par ses efforts pour parvenir à un règlement juste fondé sur les droits de son peuple à l’autodétermination, il s’est fait le porte-parole permanent de la non-violence et du dialogue. »

La démission de Mgr Belo sera sans doute l’occasion d’une réorganisation de l’Eglise du Timor-Oriental. Il est question depuis plusieurs années déjà de la création d’un troisième diocèse, après celui de Dili et celui de Baucau, et de la fondation d’une Conférence épiscopale locale. Selon des sources de l’Eglise locale, ce troisième diocèse pourrait être créé d’ici quelques mois et sera issu d’une division du diocèse de Dili. Le Timor-Oriental est, avec 800 000 habitants, un des plus petits pays d’Asie mais c’est celui où la proportion des catholiques (97 %) est la plus forte.