Eglises d'Asie

Les réfugiés vietnamiens aux Philippines attendent avec impatience de se voir octroyer un statut de résident permanent

Publié le 18/03/2010




Grâce à l’accord du 17 juillet 1996 signé entre le président Ramos et la Conférence épiscopale des Philippines (1), les derniers demandeurs d’asile vietnamiens aux Philippines, environ 1 500, avaient réussi à échapper au rapatriement forcé qui, sous le nom de “plan global d’action avait partout ailleurs, dans le sud-est asiatique, vidé les camps de leurs pensionnaires vietnamiens. Depuis cette date, ils vivent aux Philippines sans statut d’état civil très précis, mais cependant sans inquiétude particulière, étant placés sous la protection directe des évêques philippins. Environ 250 d’entre eux vivent dans la province de Palawan. Deux cents sont regroupés à Vietville, le village vietnamien de Puerto Princesa. En dehors du groupe de la province de Palawan, on en compte environ 1 500 établis dans diverses provinces du pays. Sur ce chiffre, 40 % sont catholiques, 38 % sont bouddhistes, les autres sont protestants. Plusieurs couples vietnamo-philippins se sont déjà formés. Certains anciens demandeurs d’asile préparent leur départ pour d’autres pays comme les Etats-Unis, le Canada, l’Australie ou l’Europe où ils comptent rejoindre des membres de leur famille qui y sont déjà installés.

Cependant, la majorité d’entre eux, comme l’a confié à l’agence Ucanews Che Nhât Giao, le responsable du village vietnamien, souhaite rester aux Philippines. L’agrément de 1996, tout en leur assurant une certaine sécurité, ne leur a accordé que des droits et des privilèges limités. Aussi bien tous souhaitent se voir octroyer le plus tôt possible le statut de résident permanent. Ils pourront ainsi voyager en dehors des Philippines, aller rencontrer leur parenté, qu’elle réside au Vietnam ou dans un autre pays du monde. Ainsi, Che Nhât Giao souhaite rendre visite à ses deux frères aux Etats-Unis et à son vieux père encore au Vietnam, récemment rentré du camp de rééducation où il avait été envoyé en tant que militaire de l’ancien régime. Ainsi, toute la communauté vietnamienne des Philippines suit avec passion ce qui se passe au Congrès où vont être débattus deux projets de lois visant à accorder la résidence permanente aux réfugiés vietnamiens.

Les auteurs des projets de lois, des députés philippins, ont écrit dans la notice explicative que l’octroi de la résidence permanente permettrait aux demandeurs d’asile de s’intégrer pleinement à la société philippine. Le premier projet de loi (House Bill 5271), comme l’écrit son auteur, Abrahaùm Mitra de Palawan, les placerait sous la protection des lois comme n’importe quel citoyen. Ainsi les enfants des réfugiés, même nés aux Philippines, qui, en vertu de l’agrément de 1996 n’ont pas encore accès à l’éducation, se verraient accorder ce droit comme n’importe quel enfant philippin. Le second projet, (House Bill 1272) concerne tous les Vietnamiens arrivés dans le pays comme demandeurs d’asile entre 1989 et 1995 ainsi que leurs enfants. Il prévoit pour ces derniers un certain nombre de droits, en particulier celui d’obtenir la citoyenneté philippine après cinq ans de résidence permanente. Quand les projets seront adoptés par les deux chambres, il leur suffira de la signature de la présidente Gloria Macapagal-Arroyo pour avoir force de loi. Selon une confidence de l’évêque de Porta Princesa, l’Eglise philippine fait en sorte que les deux projets de lois soient le plus rapidement adoptés.

Lors de sa visite au Vietnam, le 6 et le 7 novembre dernier, Mme Arroyo a soulevé le problème des Vietnamiens des Philippines devant le Chef d’Etat vietnamien, Trân Duc Luong, qu’elle a rencontré à Hanoi. Elle lui a affirmé que “les Vietnamiens, productifs et soumis à la loi voulant rester aux Philippines y seraient les bienvenus”. Selon le sous-secrétaire à l’Action sociale, environ cent anciens demandeurs d’asile ont demandé à être rapatriés au Vietnam depuis 1996.