Eglises d'Asie

Par le travail de la Commission pour la recherche de la vérité et la réconciliation, les Est-Timorais s’approprient peu à peu leur passé et les souffrances endurées

Publié le 18/03/2010




Mise en place en février 2002 par l’UNTAET, l’administration transitoire de l’ONU qui a accompagné la pleine accession à l’indépendance du Timor-Oriental, la Commission pour la recherche de la vérité et la réconciliation poursuit son travail (1). Les 11 et 12 novembre derniers, un millier de personnes sont venues écouter les témoignages de quatorze Est-Timorais, originaires des treize districts qui forment le pays, qui ont raconté comment leurs droits avaient été bafoués.

Etablie sur le modèle des Commissions pour la vérité et la réconciliation mises en place en Afrique du Sud après la fin du régime d’apartheid, la commission est-timoraise a pour tâche d’enquêter sur les abus des droits de l’homme commis entre 1974 et 1999, soit une période qui va de la guerre civile qui a eu lieu au Timor-Oriental lors du retrait du Portugal au référendum d’août 1999 et à la mise à sac du territoire par l’armée indonésienne et les milices est-timoraises à sa solde. La commission a le pouvoir de rédiger des recommandations au gouvernement sur les faits qu’elle contribue à établir, à charge pour les autorités de décider d’éventuelles poursuites judiciaires. Pour le P. Jovito Rego de Jesus Araujo, vice-président de la commission, les assemblées du type de celle réunie les 11 et 12 novembre derniers ont pour objet d’“exprimer la mémoire du passé. Le témoignage des victimes est une leçon que nous ne devons pas oublier. Nous devons les remercier car, par leurs souffrances, nous avons gagné la liberté.”

Parmi les témoignages donnés lors de ces deux journées, il y a eu celui d’Esmeralda dos Santos, une jeune femme âgée de 25 ans, originaire du district de Covalima. Elle a raconté comme elle et d’autres réfugiées ont été violées à de multiples occasions durant le mois de septembre 1999 par des miliciens est-timorais et des militaires indonésiens. De cette épreuve, Esmeralda dos Santos est revenue enceinte et a mis au monde une fille. Atanasio da Costa a pour sa part raconté comment des miliciens l’ont, le 26 août 1999, poignardé à neuf reprises devant sa femme et ses enfants, avant de mettre le feu à sa maison. Plus de trois ans et de multiples opérations après, il a témoigné d’un sentiment persistant de culpabilité face à son incapacité à subvenir aux besoins de sa famille. “Physiquement, je me sens faible et je dois rester à la maison le plus clair de mon temps a-t-il déclaré.