Eglises d'Asie – Indonésie
A Yogyakarta, capitale culturelle du pays et berceau d’un certain nombre de musulmans radicaux, l’Eglise catholique affiche son désir de proximité avec la communauté musulmane
Publié le 18/03/2010
Selon Yohanes Bosco Priyana Hadi, directeur de Kanisius, les sociétés commerciales ont localement largement recours à de telles bannières, dans un but publicitaire. L’Eglise a voulu s’inspirer de cette pratique, non pas pour faire des affaires ou gagner à elle de nouveaux fidèles mais pour “manifester [son] amour pour [ses] frères et sours (musulmans)”.
Dans le calendrier liturgique musulman, al-Fitr est la plus importante des fêtes religieuses de l’année. En Indonésie, où vit la plus importante communauté musulmane de la planète, des millions de personnes ont coutume à cette époque de l’année de rendre visite à leurs parents et proches, vidant ainsi les villes de leurs habitants. Cette année, dès le 4 décembre, Djakarta par exemple était quasiment vide. Pour Yohanes Hadi, choisir la fête de al-Fitr pour afficher ainsi un message de paix et d’amour était porteur de sens. “C’est le bon moment pour répandre l’amour. Nous souhaitons que l’amour croisse dans les familles et la société”, a-t-il souligné.
Le fait que ce geste ait pris place à Yogyakarta n’est pas sans importance, a estimé pour sa part Paulus Ari Subagyo, de l’université Sanata Dharma, université jésuite. En effet, si Yogyakarta est considérée comme la capitale intellectuelle et culturelle du pays, elle est aussi la ville où sont actifs ou ont été actifs un certain nombre de mouvements musulmans radicaux, tels que le Laskar Jihad (1). Interrogé au sujet de son éventuelle inquiétude pour la sécurité de l’université dans le contexte des conflits interreligieux qui ont embrasé certaines des régions du pays au cours des trois dernières années, Paulus Ari Subagyo a répondu : “Non ! Le dialogue de vie est ce que nous désirons promouvoir. Afficher des bannières est devenue une tradition et nous ouvrons en faveur du dialogue depuis la fondation de notre université.”