Eglises d'Asie

Bihar : la fête hindoue du Chhath Puja rapproche les religions et abolit les barrières de castes

Publié le 18/03/2010




La fête du Chhath Puja, une fête hindoue en l’honneur de la divinité du soleil, que l’on appelle aussi la fête des mères, est célébrée uniquement dans l’Etat de Bihar. Les trois jours de sa célébration tombaient, cette année, du 9 au 11 novembre. De très nombreuses femmes de l’Etat ont observé scrupuleusement les rites traditionnels propres à la fête. La veille du premier jour, les fidèles sont allés prendre un bain de purification, de préférence sur les rives du Gange. Puis, durant les deux jours suivants, un jeûne très strict a été observé. Le troisième jour, après avoir préparé les offrandes, du riz, des friandises frites et de la farine de blé, les femmes, habillées de neuf, entourées de leurs enfants et de leurs amis, se sont rendues en groupe vers des étangs ou sur les rives d’un fleuve pour y faire leurs offrandes à la divinité. A Patna, ce sont des millions de personnes qui se sont déplacées sur les rives du Gange pour y accomplir les rites prescrits, prier afin d’obtenir la santé et la prospérité pour leurs enfants et pour elles, le courage nécessaire pour supporter les douleurs de l’enfantement.

La caractéristique de ces fêtes est d’abolir pour quelques jours les barrières de castes et de religions. Il est traditionnel de voir, durant ces fêtes, les populations chrétienne comme musulmane, même si elles ne partagent pas les croyances impliquées par les rites observés, se mêler aux diverses processions et rassemblements. Les chrétiens admirent la piété et l’esprit de pénitence manifestés durant ces journées par les fidèles hindous. Selon l’évêque du diocèse catholique de Bettiah, Mgr Victor Henry Thakur, les fêtes du Chhath assurent, au moins pendant les quelques jours de leur célébration, la paix et la solidarité dans un Etat où règne trop souvent un climat de violence créé par des conflits de caste ou par diverses tensions interreligieuses (1). En effet, contrairement aux autres cérémonies hindoues généralement conduites par la caste sacerdotale des brahmanes, celles du Chhath sont placées sous la présidence directe des femmes ordinaires. Ce sont les seules fêtes auxquelles peuvent participer même les veuves. Celles-ci après la mort de leurs maris sont généralement exclues du culte aussi bien familial que public. Les fêtes abolissent pour quelque temps les différences de castes et, comme le dit un professeur d’ethnologie, Babuwaji Singh, révèlent la nature humaine dans ce qu’elle a de meilleur.

Traditionnellement, les chrétiens du Bihar participent de près ou de loin aux rites du jour. Cette année encore, beaucoup ont apporté à leurs parents et leurs voisins de religion hindoue des fruits et des plats cuisinés pour servir d’offrandes nécessaires au culte de la divinité. Celles-ci comportent en effet de nombreux produits, une quarantaine, et leur prix est élevé, 300 roupies environ (6,25 euros). La paroisse de Rampur, du diocèse de Betttiah, chaque année, pour aider les hindous de la minorité ethnique Tharu, distribue du blé, des noix de coco, des bananes et du sucre de canne, donnés par les paysans de la région. Il arrive que les chrétiens participent à la fête de manière encore plus intime. Certaines catholiques accompagnent leurs parentes hindoues jusqu’aux étangs et aux rives des fleuves, récitant leur rosaire pendant que s’accomplit le culte à la divinité solaire.

Le P. Antony Panangatt, ancien vicaire général du diocèse de Patna, a fait remarquer que ce genre de pratiques a approfondi les liens de solidarité entre chrétiens et hindous. Les femmes de la région, quelles que soient leur religion ou leur caste, affrontent ensemble pauvreté et crises diverses. De nombreux catholiques sont des descendants de convertis issus de la caste des cordonniers. Ils vivent toujours dans le même village, partageant la même culture et la même tradition que les autres. Pendant longtemps, ajoute le prêtre, ils ont observé les coutumes de la fête du Chhath Puja. Ce n’est que récemment qu’ils ont cessé de participer directement aux cérémonies.