Eglises d'Asie

Des membres du clergé catholique ont pris part aux nombreuses manifestations anti-américaines de ces dernières semaines

Publié le 18/03/2010




A la fin du mois de novembre dernier, un tribunal militaire américain a prononcé l’acquittement de deux sergents de l’armée américaine en poste en Corée du Sud, Fernando Nino et Mark Walker, accusés d’homicides involontaires pour avoir tué accidentellement deux jeunes filles sud-coréennes lors d’un exercice militaire conduit au nord de Séoul en juin dernier (1). La nouvelle de leur acquittement a soulevé une tempête de protestations anti-américaines, différents secteurs de la société civile sud-coréenne reprochant aux Etats-Unis autant l’acquittement des deux militaires que d’être un obstacle à la paix dans la péninsule coréenne. Les manifestations ont été particulièrement importantes autour de l’ambassade américaine à Séoul et de la base de Yongsan, base militaire américaine située au cour de la capitale sud-coréenne. Entre autres manifestations, on a pu noter la grève de la faim menée par un groupe de moines bouddhistes et de prêtres catholiques.

Du 2 au 9 décembre derniers, vingt prêtres catholiques, tous membres de l’Association des prêtres catholiques pour la justice, ont fait la grève de la faim pour manifester leur opposition au verdict du tribunal militaire américain. N’absorbant que de l’eau salée, les prêtres avaient élu domicile dans un parc public situé non loin de l’ambassade américaine où, malgré les rigueurs de l’hiver coréen, ils ont dormi à la belle étoile. En signe de protestation, six des vingt prêtres s’étaient rasés la tête. Pour l’un d’eux, le P. Paul Moon Kyu-hyon, président de l’Association des prêtres catholiques pour la justice, “ce ne sont pas seulement les deux jeunes filles qui sont mortes, mais la nation” à l’issue de ce procès, mené par la justice militaire américaine en accord avec le SOFA (Status of Forces Agreement), traité signé en 1966 et régissant les conditions de présence des troupes américaines en Corée du Sud.

Pour soutenir les vingt prêtres dans leur action, une centaine de religieuses et de nombreux laïcs s’étaient joints au mouvement, organisant des veillées de prière sur place. Le P. Joseph Kim Young-sik, du diocèse d’Andong, qui se trouvait parmi eux, a estimé “regrettable l’attitude passive adoptée par la majorité des citoyens sud-coréens au regard de l’arrogance des soldats américains (stationnés) dans la nation”. Selon lui, les troupes américaines, fortes aujourd’hui de 37 000 hommes et présentes dans le pays depuis plus de cinquante ans pour dissuader la Corée du Nord d’attaquer le Sud, devraient désormais se consacrer à rechercher la conclusion d’une paix véritable entre les deux pays, de part et d’autre du 38e parallèle.

L’émotion suscitée par l’acquittement des deux sergents américains, qui ont, semble-t-il, quitté le pays depuis, a une nouvelle fois relancé le débat sur l’opportunité de la présence militaire américaine en Corée du Sud et, plus concrètement, sur l’éventuelle révision du SOFA. En juillet dernier, le ministère sud-coréen de la Justice avait pour la première fois demandé aux forces armées américaines de renoncer à leur droit de juger les deux soldats impliqués dans la mort des deux jeunes filles. Le 3 décembre dernier, le président Kim Dae-jung, qui achèvera à la fin du mois de février 2003 son mandat à la Maison Bleue, a demandé lors du Conseil des ministres d’étudier les possibilités permettant de réviser le SOFA. A quelques jours des prochaines élections présidentielles, qui auront lieu le 19 décembre 2002, les trois principaux prétendants à la présidence de la République se sont tous prononcés en faveur d’une révision de ce traité.